Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 1 avril 2025

La transformation du SRC inquiète son autorité de surveillance

 

Le Service de renseignement de la Confédération, le SRC, se trouve depuis deux ans en pleine restructuration. Les inspections menées l’année dernière par l’autorité de surveillance du SRC révèlent certains problèmes liés à cette transformation. Sa directrice appelle à un retour rapide à la stabilité.

C’est une période mouvementée que traverse actuellement le service de renseignement de la Confédération (SRC). Et le rapport annuel de son autorité de surveillance (AS-Rens), présenté jeudi à Berne, vient à point nommé pour constater l’étendue des difficultés liés notamment à la "transformation" qui occupe le service depuis deux ans.

Il s’agit là de cette ambitieuse réforme qui veut faire du service et ses employés un rempart moderne et efficace contre les nouvelles menaces qui pèsent sur la Suisse. Mais cette restructuration fâche à l’interne, à tel point que son initiateur, le directeur du SRC Christian Dussey, a récemment annoncé son départ.

C’est dire l’importance des constats dressés par l’autorité de surveillance du SRC. Si devant la presse jeudi à Berne, la directrice de l’AS-Rens Prisca Fischer s’est bien gardée de commenter le départ de Christian Dussey, elle a détaillé les résultats des inspections menées en 2024, et plus précisément l’impact de la transformation sur plusieurs activités du service.

Le soutien des agents à la peine

Côté positif, la réforme a notamment permis d’améliorer la gestion d’un domaine central du SRC, celui des informateurs. "Des projets en cours, comme une nouvelle formation des officiers traitants ou un nouveau système de gestion de la documentation devraient permettre d’apporter quelques solutions", peut-on lire dans le rapport 2024 de l’AS-Rens.

En revanche, les points négatifs sont nombreux. Par exemple, les activités de support, comme la gestion des ressources humaines, le service juridique ou celui de l’informatique, restent toujours aussi faibles, alors qu’ils sont essentiels au travail quotidien des agents. "Nous avons espéré que la transformation renforce ces colonnes portantes du service", a indiqué Prisca Fischer dans la Matinale de la RTS. "Mais cela n’a pas marché, ce qui nous inquiète."

Couac au niveau de la préparation des opérations

Egalement dans le domaine ultrasensible de la préparation des opérations de terrain, il y a eu l’été dernier un certain flottement. "Nous avons constaté que pendant quelques semaines, du fait de la transformation, la documentation de certaines activités n'a pas eu lieu", a expliqué la cheffe de l’AS-Rens. "Nous avons trouvé cela évidemment préoccupant."

En 2024, la restructuration a aussi exacerbé différents griefs des polices cantonales, où travaillent plusieurs agents de liaison du SRC: échange d’informations lacunaires, manque de feedback ou de soutien opérationnel. "La direction du SRC a fait des propositions et des promesses aux cantons", s’est réjouie Prisca Fischer. "De nouvelles dynamiques s’installent. Nous allons poursuivre nos contrôles dans ce domaine."

Le risque d’espionnage interne au SRC

Enfin, dernier point négatif et non des moindres, la réforme en cours a provoqué passablement de colère et d’insatisfaction parmi le personnel du SRC. Il y a eu de nombreux départs et des postes sont à repourvoir.

Cette situation exacerbe un risque inhérent à tout service de renseignement, celui d’être victime d’espionnage ou d’autres formes d’actes malveillants comme les fuites de données. Cette année, l’AS-Rens veut précisément contrôler comment le SRC se protège contre de telles menaces, tant au niveau des employés actuels du service qu’au niveau des personnes en cours de recrutement.  

Sécurité de la Suisse garantie

Face à ce sombre constat, Prisca Fischer se veut rassurante. Les hommes et les femmes qui travaillent actuellement au SRC restent dédiés à leur mission: le travail se fait et la sécurité de la Suisse est garantie, selon la directrice de l’AS-Rens.

Contacté par la RTS, la direction du SRC a refusé de commenter les différents points problématiques soulevés par l’autorité de surveillance. Tout au plus une porte-parole du SRC a précisé que le service "met systématiquement en œuvre les recommandations de l'AS-Rens". De plus, différentes mesures ont été instaurées pour soutenir le personnel du SRC dans le processus de la transformation.

Marc Menichini

rts.ch