L'auteur présumé des colis piégés a été arrêté mercredi matin, dans le quartier de l'aéroport. Il s'agit d'un homme de 61 ans, né à Genève. Rappelons qu'il bénéficie de la présomption d'innocence. Il exerce le métier de photojournaliste et s'est spécialisé dans le reportage en zone d'exclusion et de guerre. Il a travaillé à Fukushima (Japon) et Tchernobyl (Ukraine), au début des années 2010. Puis en Irak, en Syrie et en Ukraine. En mars 2022, son véhicule aurait été la cible de tirs, alors qu'il circulait sur une route du sud de l’Ukraine.
Le sexagénaire est aussi connu dans le milieu des arts martiaux. Il est considéré comme un pionnier du kung-fu à Genève. Il a d'ailleurs fondé une école dans les années 80. Cette passion l'a mené en Chine, où il a commencé son activité de photographe en parallèle de son activité sportive. Selon nos informations, sa compagne de l'époque était aussi Maître kung-fu. Proche de lui, il y a une vingtaine d'années via les arts martiaux, un Genevois préférant garder l'anonymat dit «tomber des nues» en apprenant cette interpellation. «Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, mais j'ai gardé l'image de quelqu'un d'intègre.»
Une autre connaissance de 30 ans, mais qui ne se définit pas comme «un intime», le décrit comme un homme «qui a tendance à romancer et dramatiser des situations». Il ajoute que c'est «un sanguin», dont la vision du monde est «manichéenne». A propos de sa possible implication dans l'affaire des colis piégés, il précise: «Je ne le vois pas faire ça, c'est plutôt un humaniste attaché à des causes comme celle des Palestiniens».
«Il était glaçant»
Un galeriste de la place, qui a rencontré l'auteur présumé voici quelques années, évoque à son tour un homme «qui a toujours été direct et brusque. Ses photos étaient intéressantes, mais il savait toujours mieux que les autres, tout en étant un personnage très sensible - une caractéristique peut-être liée à son vécu de la guerre.» S'il ne l'a jamais vu violent, il le trouvait parfois effrayant. «Parfois, quand il vous regardait très fixement avec ses yeux bleus, il faisait peur: il était glaçant.»
L'homme a vite coupé les ponts avec lui. «Je ne le trouvais pas fréquentable, il partait dans tous les sens. Etre tout le temps en zone de guerre a dû avoir une influence sur son psychisme.» Un dernier détail lui revient. «Il m'avait présenté des photos prises en Corée du Nord, des portraits. Je m'étais demandé comment il avait pu les obtenir. Il m'avait expliqué utiliser des méthodes d'espions, telles que des appareils photo cachés dans les lunettes.»
Selon les informations du «Temps», l'homme interpellé serait un photographe de presse travaillant souvent à l'étranger, dans des zones de guerre. Il se serait fait pincer en voulant convertir des monero la cryptomonnaie demandée comme rançon et apparemment reçue à un bancomat.
Marie Prieur