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mercredi 5 février 2025

Tuerie de Chevaline : le meurtrier a-t-il aussi abattu Xavier Baligant sur l’A31 un an plus tôt ?

 

Un lien avec le meurtre de Xavier Baligant ?

Un an avant la tuerie de Chevaline, une autre affaire avait secoué la France et la Belgique. Dans la nuit du 18 au 19 juillet 2011, un vacancier belge, un Nivellois, Xavier Baligant, était abattu sur une aire d’autoroute de Meurthe-et-Moselle, alors qu’il rentrait de vacances avec ses deux enfants. Il avait été abattu avec un fusil, un mousqueton, qui équipait l'infanterie suisse entre 1933 et 1957, selon les conclusions des expertises balistiques.

Une question se pose depuis plus de 10 ans: les deux affaires sont-elles liées ? En 2012 déjà, The Sun avait notamment effectué un parallèle. Le tabloïd indiquait que l'arme utilisée pourrait être similaire.

Depuis trois ans, les enquêteurs ont effectué d'autres rapprochements : "Un lieu isolé comme scène de crime et l'absence de mobile apparent", écrivent-ils dans un procès-verbal consulté par Le Parisien.

Ce n'est pas tout ! Il a pu être établi que le fusil utilisé était un Schmidt-Rubin K31, là aussi une arme de fabrication suisse datant de l’après-guerre. Un lieu du crime isolé et l’absence de mobile apparent sont deux autres points de rapprochement, estiment les enquêteurs.

Enfin, autre fait troublant, les gendarmes français ont établi qu’un touriste danois séjournait à moins de 10 km de l’aire d’autoroute où a été tué ce père de famille belge en juillet 2011 et que ce même touriste avait loué un emplacement dans le camping près d’Annecy, où la famille Al-Hilli avait posé sa caravane en septembre 2012. Il en était reparti le jour de la tuerie.

Reconstitution sur une base militaire

La scène du crime a ainsi fait l’objet d’une reconstitution en octobre dernier dans une base militaire près de Paris, rapporte le journal français. L’exercice, qui a mis en concurrence des tireurs de niveaux très différents, a permis de rendre compte du niveau de difficulté technique qu’a requis ce quadruple homicide. Conclusion: l’auteur doit être doté d’un sang-froid extrême et d’une grande habileté dans le maniement de l’arme.

Un expert dans le domaine du tir et de la tactique au sein de l’armée de terre, entendu au printemps 2023, estime pour sa part que l’auteur de la tuerie doit avoir été formé à des techniques réservées à une frange très restreinte de tireurs professionnels. En France, ce sont les membres de services de renseignement ou des parachutistes d’infanterie qui pourraient recevoir un tel enseignement pour faire face à des situations extrêmes.

Un militaire des forces spéciales suisse de 50 ans qui aurait «vrillé» ?

Le timing des coups de feu, très court, entre 60 et 90 secondes, ainsi que leur grande précision (18 balles sur 21 ont atteint leur cible) ont amené les enquêteurs à dresser le profilage le plus précis possible du tireur.

Plus de douze ans après le sanglant drame, la tuerie de Chevaline reste un mystère complet. Mais les enquêteurs seraient sur une nouvelle piste qui ne peut que nous interpeller: celle d’un ancien militaire suisse qui serait en quelque sorte devenu fou et aurait tué au hasard.

Cette hypothèse sur laquelle planche aujourd’hui le pôle cold case de Nanterre, en charge du dossier, est principalement née suite à une nouvelle reconstitution, en octobre dernier, révèle «Le Parisien».

Le jour du drame, le 5 septembre 2012 en Haute-Savoie, le tueur a pris entre 60 et 90 secondes pour tirer «21 coups de feu avec un pistolet semi-automatique d’origine suisse, un Luger P06/29». Durant ce court laps de temps, il a tué trois membres de la famille al-Hilli et un homme de la région, Sylvain Mollier. Sans compter une balle qui a atteint la petite Zainab al-Hilli, alors 7 ans, à l’épaule.

Pour enchaîner ces tirs aussi vite, il a fallu trois chargeurs. Il a aussi fallu beaucoup de sang-froid et très probablement une formation pour le moins singulière.

Des «tirs d’achèvement»

La nouvelle hypothèse du pôle cold case est basée sur l’analyse d’un expert judiciaire en techniques des armes et munitions. Selon lui, la tuerie de Chevaline est aussi marquée par les «tirs d’achèvement des victimes»: une ou deux balles dans la tête à courte distance. «Cette technique dite du «tir fichant» porterait la signature d’une formation militaire très spécifique», écrit le quotidien français.

Ces formations existent uniquement dans les forces spéciales et les membres des services de renseignements. Dans les années 2010, elles auraient aussi été dispensées par deux sociétés privées dans notre pays.

«C’est un truc appris en Suisse, pas en France, ou alors le gars fait partie d’une unité spécialisée», selon l’expert, rapporte «Le Parisien». Pour lui, le portrait-robot du tueur est celui «d’un militaire suisse âgé d’une cinquantaine d’années qui aurait complètement «vrillé» après avoir suivi une formation aux tirs fichants».

Depuis plus de douze ans, on ne compte plus les hypothèses sur la tristement célèbre tuerie de Chevaline. Mais le pôle cold case pense manifestement que celle-ci vaut la peine d’être explorée.

ATS