Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 10 janvier 2025

Le Suisse décédé en Iran était soupçonné d'espionnage

 

Le DFAE exige des autorités iraniennes une enquête complète sur les circonstances de la mort d’un Suisse dans une prison du pays. Selon les médias iraniens, l’homme arrêté en octobre aurait auparavant prélevé secrètement des échantillons de terre.

D’après le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), interrogé par l’agence Keystone-ATS, l’homme, âgé de 64 ans, séjournait en Iran en tant que touriste.

Le DFAE a précisé qu’il n’avait plus résidé en Suisse depuis près de 20 ans. Il habitait dernièrement en Afrique australe.

La Suisse exige des informations

La Suisse a exigé des autorités iraniennes des informations détaillées sur les raisons de l’arrestation de son ressortissant et une enquête complète sur les circonstances de son décès.

Le rapatriement du corps en Suisse constitue également «une priorité absolue» et devrait avoir lieu dans les prochains jours. Le DFAE assiste les proches du défunt dans le cadre de la protection consulaire. Aucun ressortissant suisse ne se trouve actuellement en détention en Iran, dit encore le DFAE.

Les deux commissions de politique extérieure du Parlement fédéral se pencheront sur l’affaire lors de leurs réunions de janvier, ont-elles écrit en réponse à une question. On ne sait pas encore si elles vont agir, aucune décision n’ayant été prise à ce stade.

Ambassade informée le 10 décembre

L’ambassade de Suisse à Téhéran a été informée le 10 décembre dernier par les autorités iraniennes qu’un ressortissant suisse avait été arrêté pour soupçon d’espionnage, dit le département.

Depuis lors, l’ambassade était en contact quotidien avec les autorités iraniennes afin d’obtenir plus d’informations sur les circonstances de l’arrestation et de pouvoir accéder au détenu.

Toutefois, en raison des chefs d’accusation portés contre lui, l’accès consulaire demandé n’a pas été accordé pendant la phase d’enquête préliminaire encore en cours, a ajouté le DFAE. Jeudi, l’ambassade a été informée que le Suisse s’était suicidé en prison.

Echantillons de terre

Selon le portail Nurnews, qui entretient de bons contacts avec l’appareil de sécurité iranien, l’homme a été arrêté lors de l’attaque aérienne israélienne contre l’Iran fin octobre 2024. Les services secrets lui auraient reproché d’avoir prélevé des échantillons de terre dans une région désertique.

Le Suisse aurait ensuite été conduit à la prison de Semnan, à près de 200 kilomètres à l’est de la capitale iranienne Téhéran. Selon les informations officielles, il s’y est suicidé jeudi.

D’après le portail d’information iranien Tabnak, les Iraniens n’auraient pas seulement arrêté le Suisse, mais aussi un réseau de collaborateurs.

Une diplomate morte en 2021

Il ne s’agit pas du premier Suisse à décéder en Iran. En 2021, une diplomate de 51 ans travaillant pour l’ambassade de Suisse en Iran avait été retrouvée morte devant son immeuble à Téhéran. Elle était tombée du 17e étage.

L’enquête a été compliquée par l’absence d’organes après la première autopsie en Iran. Fin décembre 2024, le Ministère public de la Confédération a classé une procédure pour suspicion d’homicide. Il part du principe que le décès est le plus probablement un suicide.

«Otages d’Etat» français

La France a de son côté convoqué vendredi l’ambassadeur d’Iran à Paris pour dénoncer la situation des «otages d’Etat» français détenus par la République islamique, a annoncé son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

«Il lui a été réitéré avec la plus grande fermeté notre exigence de libération immédiate des ressortissants français otages d’État» de Téhéran, dont la situation est «insupportable, avec des conditions de détention indignes qui, pour certaines, relèvent en droit international de la torture», a estimé le ministère. Trois Français sont toujours détenus en Iran.

ATS