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lundi 27 janvier 2025

La Suède a arraisonné un cargo bulgare après la rupture d’un câble sous-marin

 

Le 14 janvier, après que plusieurs infrastructures sous-marines critiques de la mer Baltique ont été endommagées par des navires civils ayant laissé traîner leurs ancres, l’Otan a lancé l’opération multidomaines Baltic Sentry afin de prévenir tout nouvel incident de cet ordre. Auparavant, la Force expéditionnaire conjointe [JEF], créée à l’initiative du Royaume-Uni et réunissant plusieurs pays de la région, avait été mobilisée pour mettre en œuvre un dispositif de surveillance maritime assisté par l’intelligence artificielle.

Si, d’après le Washington Post, des responsables de services de renseignement américains et européens disent douter du caractère intentionnel des dégâts infligés à ces infrastructures, des enquêtes pour sabotage sont actuellement en cours en Suède et en Finlande, les autorités de ces deux pays soupçonnant des actes relevant d’une « guerre hybride ».

Quoi qu’il en soit, malgré la mobilisation de l’Otan et une surveillance accrue des mouvements en mer baltique, un nouveau câble sous-marin de télécommunications, reliant l’ile suédoise de Gotland [surnommée le « porte-avions » de la Baltique en raison de sa position stratégique] à la ville lettone de Ventspils, a été endommagé, le 26 janvier.

L’incident a d’abord été signalé par la Lettonie, qui a envoyé un patrouilleur dans la zone où le câble s’est rompu. « Nous avons déterminé qu’il y a très probablement des dommages externes et qu’ils sont importants », a en effet affirmé Evika Silina, la cheffe du gouvernement letton, à l’issue d’une réunion de sécurité.

En outre, la marine lettone a ensuite indiqué qu’elle avait identifié au moins un navire suspect, à savoir le cargo Michalis San. Et d’ajouter que deux autres bateaux se trouvaient dans la zone au moment des faits.

« Nous avons un navire de guerre qui patrouille en mer Baltique en permanence, jour et nuit. Cela nous a permis de nous déployer rapidement dès que nous avons eu connaissance de l’avarie », a fait valoir l’amiral Māris Polencs, son commandant.

De son côté, l’Otan a précisé que les navires et les avions déployés sous sa bannière dans la région « travaillaient de concert » avec les moyens mis en œuvre par les pays de la mer Baltique pour « enquêter et, si nécessaire, prendre des mesures ».

L’incident s’étant produit dans sa zone économique exclusive [ZEE], la Suède a, dans un premier temps, été prudente sur ses causes. « Nous ne savons pas s’il s’agit d’un accident ou d’un défaut du câble », a en effet confié le porte-parole de la marine suédoise à l’agence Reuters.

Puis, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a précisé que le câble endommagé appartenait à une « entité lettone » [le Latvia State Radio and Television Center, en l’occurrence]. Et d’ajouter que « la Suède, la Lettonie et l’Otan coopèrent étroitement sur cette question ».

Finalement, le parquet suédois a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « sabotage aggravé » et l’arraisonnement par les garde-côtes, sur décision du procureur, d’un navire suspect. Ce dernier n’est pas le « Michalis San » mais le Vezhen, un cargo battant pavillon maltais et appartenant à la compagnie « Navigation Maritime Bulgare ». Il est actuellement immobilisé à la base navale de Karlskrona [sud de la Suède].

Le « Vezhen » faisait alors route vers l’Amérique du Sud avec une cargaison d’engrais qu’il venait de charger à Oust-Louga, en Russie. Son propriétaire s’est dit convaincu que l’enquête suédoise allait déterminer qu’un « problème technique » dû aux mauvaises conditions météorologiques était la cause de l’incident. Selon lui, rapporte l’AFP, l’équipage du cargo a constaté que l’une des ancres était tombée peu avant de passer au-dessus du câble en question.

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