Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 5 décembre 2024

Palestiniens et colons en Cisjordanie : une relation « ordinaire » sous domination

 

Dans le contexte de violence quotidienne, d’humiliation et de ségrégation que les Palestiniens vivent en Cisjordanie occupée, les interactions « ordinaires » entre Palestiniens et colons sont peu connues. Pourtant, l’occupation militaire israélienne mise en place en 1967 ne les a pas éliminées ; elle les a transformées (1). Les deux populations entrent en relation sur le lieu de travail, dans certains commerces et, dans une moindre mesure, dans le cadre d’« initiatives de paix ». Il arrive que ces interactions évoluent vers des liens « amicaux », sans qu’ils puissent transcender les rapports de domination coloniale dans lesquels les deux groupes sont pris.

En 2021, quelque 720 000 colons habitent en Cisjordanie (395 000) et à Jérusalem (325 000), où ils jouissent des privilèges que leur confère la citoyenneté israélienne, tandis que les Palestiniens sont privés de droits humains et politiques fondamentaux. Si toutes les colonies sont illégales aux yeux du droit international – elles violent notamment l’article 49 de la IVe Convention de Genève de 1949 –, certaines le sont même au regard de la justice israélienne et sont connues pour abriter des activistes violents et racistes. Néanmoins, les motivations qui poussent des juifs à s’installer dans les Territoires occupés relèvent souvent d’une imbrication complexe d’idéaux théologico-politiques et d’impératifs économiques, les colons non religieux représentant deux tiers de cette population.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), entre le 1er janvier 2008 et le 19 août 2023, 6 395 Palestiniens sont morts et 151 927 autres ont été blessés à la suite d’une confrontation avec l’armée israélienne ou avec les colons (attaques sur des terres privées palestiniennes, répression de manifestations, opérations de fouille et arrestations, etc.) en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (2). Entre 2005 et 2016, plus de 90 % des dossiers d’enquête sur des actions commises par des colons contre des Palestiniens et leurs biens, ouverts auprès de la police israélienne, ont été clos sans inculpation. Cette violence témoigne de la logique d’élimination de la population autochtone propre au colonialisme de peuplement, par opposition à l’exploitation économique du colonialisme « classique ».

Le cadre conceptuel du colonialisme de peuplement, traditionnellement mobilisé pour étudier l’histoire des États-Unis, du Canada et de l’Australie, est de plus en plus utilisé pour saisir les dynamiques contemporaines à l’œuvre en Israël-Palestine, où il se montre plus adapté et heuristique que le cadre du « conflit national » (3). La logique d’élimination caractéristique de cette typologie d’entreprise coloniale ne désigne pas uniquement la disparition physique des natifs, mais également leur assimilation au sein de la nouvelle société coloniale à travers les processus de ségrégation, de métissage, de conversion religieuse et d’incarcération. Ainsi, ce paradigme offre une grille de lecture plus pertinente pour analyser la situation des Palestiniens dans les Territoires occupés aussi bien que celle des Palestiniens de 1948, citoyens de l’État d’Israël.

Mais le colonialisme de peuplement ne peut pas être compris seulement à travers le système légal qui en assure le fonctionnement et la violence qu’il génère ; il ne se résume pas à la domination étatique, à la confiscation des terres autochtones et aux agressions physiques. C’est une expérience quotidienne de distinction et de suprématie qui engendre des pratiques ordinaires de domination et de résistance. Dans ce contexte, qu’est-ce qui explique que Palestiniens et colons entretiennent des relations « non conflictuelles » ? Dans quels cadres ces interactions ont-elles lieu et quels en sont les ressorts ? Comment façonnent-elles les identités palestiniennes ? Quelles perspectives donnent-elles à voir pour l’avenir de la vie palestinienne en Cisjordanie ?

Impossible séparation : des relations de « voisinage »

D’après l’anthropologue Hadas Weiss, le paysage d’Israël-­Palestine doit être considéré comme une normalisation continue de la présence juive en Cisjordanie (4). La notion de « normalisation » désigne l’ensemble des pratiques et des interactions quotidiennes véhiculant l’idée que l’installation des colons en Cisjordanie est « normale ». Les échanges commerciaux formels et informels, les relations professionnelles et de « voisinage » marquent la réalisation symbolique et matérielle de ce processus.

Ces interactions méritent d’être appréhendées dans le cadre de la libéralisation économique à l’œuvre dans les Territoires occupés. Depuis la guerre des Six Jours de juin 1967 et surtout les accords d’Oslo de 1993 et 1995, la Cisjordanie est devenue le marché d’exportation le plus important pour Israël après les États-Unis, notamment pour les produits alimentaires. Jusqu’au déclenchement de la seconde Intifada (2000-2005), les transactions marchandes ont été réglementées et contraintes par la politique israélienne de séparation et par les choix économiques de l’Autorité nationale palestinienne (ANP), créée en 1994. En dépit de ces mesures, les trafics informels de biens de consommation courante (nourriture, jouets, tabac, vêtements, cosmétiques, médicaments, etc.) entre Israël et la Cisjordanie n’ont fait qu’augmenter. Parallèlement à ces échanges informels, un commerce formel a vu le jour, encouragé par le discours sur la « paix économique » comme solution au « conflit ». L’idée centrale dans cette pensée, épousée par nombre d’entrepreneurs israéliens et palestiniens, est que seules la coopération économique et la normalisation des échanges pourront fournir les bases d’une coexistence pacifique entre les deux parties, animées par les mêmes aspirations à l’ascension sociale. Cette vision vient consolider la position de supériorité économique d’Israël et fragiliser davantage une économie palestinienne déjà dépendante.

Le cas de la chaîne de distribution Rami Lévy montre comment un projet dicté par le pragmatisme économique est ensuite labellisé comme un « idéal de coexistence » (5). Cette chaîne de supermarchés, la troisième d’Israël, pratique des prix bas et a ouvert des succursales dans cinq groupes de colonies (Gush Etzion, Shaar Benyamin, Beitar Illit, Ariel et Ma’ale Adumim). Initialement conçus pour l’approvisionnement de la population juive des implantations, ces établissements ont obtenu l’appellation de « supermarchés de la paix » puisqu’ils emploient une main-d’œuvre israélienne et palestinienne, et comptent parmi leurs clients aussi bien des colons que des Palestiniens. Ces relations commerciales viennent s’ajouter à une autre réalité, celle de la main-d’œuvre palestinienne dans les colonies, avec ou sans permis. Environ 5 % des Palestiniens actifs de Cisjordanie (25 % si l’on ne considère que la zone C, sous contrôle total israélien) sont employés par des colons et par des sociétés israéliennes, ces dernières ayant massivement délocalisé leurs entreprises dans les Territoires occupés en raison du faible coût de la main-d’œuvre, du marché du travail captif et des ressources hydriques et agricoles à disposition. La situation s’est accentuée depuis la construction du mur en 2002, qui a séparé nombre d’agriculteurs de leurs terres et a entravé les opportunités de travail dans le commerce et le tourisme en Cisjordanie occupée.

Les relations marchandes et de travail sont parfois présentées par les Palestiniens et les colons comme des liens « amicaux », donnant lieu à de nombreuses formes de collaboration qui dépassent le cadre strictement professionnel et commercial. Pour expliquer ce phénomène, l’anthropologue Chiara Pilotto parle d’une « économie morale de l’amitié » qui réglementerait les échanges entre Palestiniens et Israéliens (colons et non) depuis 1967, lorsque des relations professionnelles ont été établies entre ces deux populations. En particulier, les rapports entre employeurs israéliens et travailleurs palestiniens sont devenus de plus en plus personnels, ces derniers évaluant les qualités morales des Israéliens sur la base de leur « humanité » partagée. La chercheuse a observé des scènes où les employeurs ramenaient les travailleurs au village après le travail ou des visites réciproques à la maison pour prendre le café (6).

Dans ce contexte, la notion de « voisinage » se fraye un chemin parmi une partie de la population de Cisjordanie. À l’apparence neutre, cette catégorie constitue la quintessence de la pensée néolibérale de la « paix économique » : les Palestiniens deviennent ainsi ces « voisins » moins chanceux qu’il est bon d’aider en leur proposant un emploi, le plus souvent pas déclaré et mal rémunéré. Tout se passe comme si Palestiniens et colons faisaient partie d’une même communauté : ils sont appelés, sur un pied d’égalité, à respecter la norme sociale du « bon voisinage ».

Les « initiatives de paix » entre Palestiniens et colons

Un phénomène controversé a également vu le jour depuis une dizaine d’années : un « mouvement pour la paix » né à l’initiative de colons se revendiquant pour la plupart du courant du sionisme religieux, l’idéologie sectaire à l’origine de la colonisation de la Cisjordanie. Il convient de rappeler que la présence même des colons sur des terres confisquées et occupées militairement par Israël en fait la raison principale de la mise à mal de tout processus de paix basé sur la doctrine de la solution à deux États, qui a guidé les accords d’Oslo et demeure la position officielle de la diplomatie des États-Unis et de l’Union européenne (UE). Or les colons dont il est question ici proposent un modèle alternatif de résolution du conflit basé non pas sur la division de la terre et la séparation des populations, mais sur l’égalité des droits et la coexistence (7).

Selon eux, l’« indigénité » des juifs en Israël-Palestine ne peut véritablement se réaliser que si elle est reconnue par les Palestiniens, et ils reconnaissent que les Palestiniens partagent le même type de lien avec la terre. On peut retracer la généalogie de cette version alternative du sionisme religieux à la pensée du rabbin Menachem Froman (1945-2013), connu du public israélien en raison, entre autres, d’une rencontre surmédiatisée avec Ahmed Yassine (1936-2004), fondateur et guide spirituel du Hamas, dans la bande de Gaza en octobre 1997. Poète et théologien, Menachem Froman aimait répéter que « la terre d’Israël n’appartient pas au peuple juif, mais le peuple juif appartient à la terre d’Israël ». Opposé aux accords d’Oslo et au principe de la solution à deux États, comme la majorité des colons, il a maintes fois affirmé publiquement son souhait de vivre en Cisjordanie en tant que sujet juif d’un futur État palestinien si la partition devait être réalisée.

En 2014, après le décès du rabbin, ses proches ont fondé Roots, une association pour le dialogue qui est devenue une ONG avec plusieurs branches dans les Territoires occupés et une dizaine de salariés, aussi bien israéliens que palestiniens. D’autres groupes similaires, plus ou moins formalisés, ont été fondés dans le but de construire un « mouvement pour la paix » alternatif dans le cœur même des Territoires occupés. Des projets de création d’une Confédération israélo-palestinienne incluant également des colons commencent à voir le jour, parmi lesquels le plus connu est porté par le mouvement Two States, One Homeland, fondé en 2012.



Comment comprendre l’engagement de Palestiniens de Cisjordanie dans ces activités ? Plusieurs pistes d’interprétation coexistent. D’abord, pour beaucoup de Palestiniens, celles-ci génèrent des rétributions matérielles. En particulier, des opportunités de travail peuvent se matérialiser à l’intérieur d’une association pour le dialogue (devenir un membre payé) ou à l’extérieur (bénéficier du réseau). L’obtention de permis de travail ou touristique pour entrer en Israël constitue un avantage considérable, notamment pour des Palestiniens hautement surveillés par les services de renseignement israéliens, poussant de plus en plus de Palestiniens de Cisjordanie à se rendre à Jérusalem ou en Israël clandestinement, pour le travail ou pour des raisons personnelles. Cette présence irrégulière est sujette à une criminalisation accrue, avec des arrestations plus fréquentes et plus longues : les Palestiniens entrés en Israël sans permis représentaient 67 % des prisonniers palestiniens de droit commun dans les cellules israéliennes en 2013. Grâce aux liens qu’ils entretiennent avec l’armée, les colons peuvent faciliter l’obtention de visas pour Israël, mais aussi pour partir à l’étranger, où des Palestiniens engagés dans les activités de dialogue se rendent pour des retraites ou des conférences visant à faire connaître ces initiatives. En ce sens, même si la participation à des activités de dialogue avec des colons fait l’objet d’une forte condamnation au sein de la société palestinienne, les gratifications dépassent les coûts et peuvent exercer une vraie force d’attraction sur des individus défavorisés et peu dotés en capital social et économique.

Mais cela ne justifie pas une analyse en termes exclusivement utilitaristes. Certains Palestiniens croient que s’engager dans un processus de réconciliation avec les colons est un pas vers un avenir pacifié. Ils partent du constat qu’ils ne quitteront pas les Territoires et qu’il faut apprendre à « vivre ensemble ». D’autant plus que si les colons sont prêts à accorder une légitimité à la présence des Palestiniens, ces derniers considèrent qu’ils doivent les accepter en retour. En novembre 2018, un jeune Palestinien de Bethléem confiait : « Lorsque le colon israélien arrive et te donne cette reconnaissance, c’est un changement, c’est la bonne base pour réussir à construire un processus de paix. Tu peux l’appeler comme tu veux : un processus de compréhension, de réconciliation, de paix, mais c’est la bonne base. Et puisque la reconnaissance est une chose réciproque entre deux parties en conflit, nous aussi, nous devons reconnaître l’autre. » Ce changement cognitif se répercute sur le lexique : certains Palestiniens ne se réfèrent pas aux colons comme des mustawtinin, mais comme des « citoyens » (muwatinin), voire des « amis » (sadiqin).

L’ambivalence de la domination coloniale

Au gré des changements dans le régime d’occupation et dans les interactions entre Palestiniens et colons, la conceptualisation palestinienne de la présence juive en Cisjordanie a aussi évolué. Il n’est pas rare, par exemple, d’entendre des Palestiniens évoquer des échanges plus « apaisés » avec les colons entre 1967 et 1987, lorsque ces derniers pouvaient même aller faire leurs courses dans les zones urbaines palestiniennes. Avec la poursuite de l’occupation, le durcissement de la répression et l’augmentation exponentielle de la violence contre la population palestinienne, les interactions physiquement non violentes apparaissent plus rares et plus stigmatisées au sein de la société palestinienne. Elles s’inscrivent pourtant dans le contexte de normalisation accrue de la présence israélienne en Cisjordanie, de collaboration toujours plus patente entre l’ANP et Israël et de méfiance répandue des Palestiniens des Territoires à l’égard de leur classe dirigeante.

L’ethnographie des relations entre Palestiniens et colons montre le développement, chez ces derniers, d’un « texte caché », une critique du pouvoir – dans ce cas, de l’ordre colonial – dissimulée aux yeux des dominants (8). Ainsi, des Palestiniens qui participent aux activités de dialogue avec des colons ont pu tenir un discours différent pendant nos entretiens, révélant que la raison principale qui les pousse vers ce genre d’activités est la possibilité d’obtenir des « bénéfices personnels » : nouer des relations avec des acteurs du pouvoir afin d’avoir une aide avec les permis. Ils avouent alors que le « texte public » de la paix et de la réconciliation n’est qu’une façade, un « rôle » que certains acceptent de jouer dans l’interaction avec les colons. On peut observer la même posture chez des Palestiniens employés dans des supermarchés ou dans le secteur du bâtiment dans les colonies : s’ils semblent avoir intégré leur condition d’exploités dans les échanges avec employeurs et clients, leur discours et leur vocabulaire changent dès que la discussion se déroule en arabe, pendant un entretien ou au détour d’une conversation informelle. Ils tiennent alors à montrer qu’ils ont une lecture tout à fait lucide et critique de la situation et que s’ils interagissent de manière pacifiée avec les colons, c’est surtout pour sécuriser leur emploi.

Ces observations révèlent que la situation coloniale ne peut pas être réduite à la domination totale et univoque d’un groupe sur l’autre, à un état de guerre permanente : il s’agit d’un moment complexe où se nouent des relations ambivalentes. En dépit des violences commises par les colons contre les Palestiniens et du régime d’occupation militaire qui contrôle et opprime ces derniers dans chaque aspect de leur vie, beaucoup de Palestiniens et de colons sont amenés à avoir des échanges « pacifiques » quotidiens dans le domaine professionnel et, dans une moindre mesure, dans le cadre d’activités de dialogue. Les deux parties peuvent alors porter un regard positif sur les liens interpersonnels tissés, allant jusqu’à les qualifier d’« amicaux ». Ces contradictions, voire ces solidarités, structurent la situation coloniale au même titre que l’invasion, la violence et le contrôle. Par-delà l’opposition binaire entre normalisation et résistance, ces relations montrent la multipositionnalité des acteurs palestiniens et leurs stratégies de survie.

Notes

(1) Stéphanie Latte Abdallah et Cédric Parizot (dir.), À l’ombre du mur : Israéliens et Palestiniens entre séparation et occupation, Actes Sud, 2011 ; et Israël-Palestine : L’illusion de la séparation, Presses universitaires de Provence, 2017.

(2) Les données de l’OCHA sont disponibles en ligne sur : www​.ochaopt​.org/​d​a​t​a​/​c​a​s​u​a​l​t​ies. On peut également consulter celles de l’ONG israélienne B’Tselem sur : https://​statistics​.btselem​.org/en

(3) Omar Jabary Salamanca, Mezna Qato, Kareem Rabie et Sobhi Samour, « Past is Present : Settler Colonialism in Palestine », in Settler Colonial Studies, vol. 2, no 1, 2012, p. 1-8.

(4) Marco Allegra, Ariel Handel et Erez Maggor (dir.), Normalizing Occupation : The Politics of Everyday Life in the West Bank Settlements, Indiana University Press, 2017.

(5) Jeremy A. Siegman, « “Super-Israel” : The Politics of Palestinian Labor in a Settler Supermarket », in Journal of Palestine Studies, vol. XLVII, no 4, 2018, p. 9-29 ; Yoann Morvan, « Rami Lévy au cœur du conflit israélo-palestinien, des “supermarchés de la paix” aux frontières multiples », in Territoire en mouvement. Revue de géographie et aménagement, no 29, 2016.

(6) Chiara Pilotto, « At the Borders of Friendship : Work, Morality and Survival in a Colonial Israeli-Palestinian Space », thèse de doctorat en anthropologie sociale et ethnologie, EHESS/Université Milano-Bicocca, 2016.

(7) Caterina Bandini, « Un engagement paradoxal ? Le cas d’une association pour le dialogue entre Palestiniens et colons », in Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, no 147, 2020, p. 107-128 ; Nissim Mizrachi et Erica Weiss, « ‘We do not want to assimilate !’ : Rethinking the role of group boundaries in peace initiatives between Muslims and Jews in Israel and in the West Bank », in European Journal of Cultural and Political Sociology, vol. 7, no 2, 2020, p. 172-197 ; Erica Weiss et Nissim Mizrachi, « A time of peace : Divergent temporalities in Jewish – Palestinian peace initiatives », in HAU : Journal of Ethnographic Theory, vol. 9, no 3, 2019, p. 565-578.

(8) James C. Scott, Domination and the Arts of Resistance : Hidden Transcripts, Yale University Press, 1990.

Caterina Bandini

areion24.news