La pandémie du Covid-19 a particulièrement affecté l'économie de presque tous les pays. Mais une nation a particulièrement fait parler d'elle ces dernières années grâce à des investissements massifs et à une vision d'avenir ambitieuse: l'Arabie saoudite.
Sa stratégie nommée «Vision 2030» a un objectif simple: faire sortir le pays de sa dépendance au pétrole et au gaz. Tant que l'argent coule à flot dans ce secteur, il est investi dans la transformation du pays. Cette métamorphose concerne aussi bien l'économie, de plus en plus diversifiée, que la société saoudienne dans son ensemble. Mais tous ces changements ont un coût... et il est macabre.
L'attraction touristique futuriste
Le projet Neom fait partie de la transformation du pays. C'est le nom du giga-projet qui est en train de voir le jour dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, sur une surface deux fois plus petite que la Suisse. Neom devrait pouvoir attirer des millions de touristes dans l'Etat désertique.
Pour cela, les Saoudiens investissent 500 milliards de dollars. Dont 200 milliards rien que pour «The Line» – une ville durable de 170 kilomètres de long et 200 mètres de large. La construction doit être érigée entre deux murs de 500 mètres de haut recouverts de miroirs, au milieu du désert.
Sur le chemin de ce méga-projet futuriste, le royaume choisit toutefois des méthodes cruelles. En mai dernier, la «BBC» avait rapporté que les autorités saoudiennes autorisaient le meurtre de Bédouins qui devaient être déplacés de force pour Neom. Selon l'organisation de défense des droits de l'homme «Amnesty International», 20'000 personnes sont concernées par ce déplacement, et certaines auraient déjà été exécutées. Mais un chiffre encore plus tragique vient d'être révélé.
Des morts à perte de vue
Un documentaire de la chaîne de télévision britannique ITV a publié un rapport selon lequel 21'000 travailleurs du Népal, du Bangladesh et de l'Inde ont déjà perdu la vie lors de travaux de construction dans le cadre du projet complet «Vision 2030». Ce chiffre correspond à des valeurs déjà connues auparavant.
Le documentaire d'ITV mentionne des conditions de travail abominables. Les ouvriers racontent qu'ils ne sont pas payés et qu'ils sont traités comme des esclaves. «Nous travaillons sans arrêt», poursuit l'enquête. Ils se retrouvent à travailler jusqu'à 16 heures par jour pendant des semaines d'affilée et le manque de sommeil entraînerait de nombreux accidents du travail.
Le reportage a été filmé sous couverture. Les responsables en Arabie saoudite ont promis d'examiner ces accusations.
Robin Wegmüller