L’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad a affirmé lundi dans une interview que le chef d’une unité des services secrets créée pour cibler les agents du Mossad travaillant dans le pays s’est avéré en fait être un agent israélien.
Au micro de CNN Turk, Ahmadinejad a affirmé que 20 autres agents de l’équipe de renseignement iranienne chargée de surveiller les activités de renseignement israéliennes se sont également retournés contre Téhéran.
Ces agents doubles présumés fournissaient à Israël des informations sensibles sur le programme nucléaire iranien, selon ses commentaires dans l’interview, qui ont été largement repris par les médias internationaux.
Téhéran prétend souvent déjouer des opérations du Mossad dans le pays, mais la véracité de ces affirmations est bancale.
Ahmadinejad a déclaré que ces agents étaient à l’origine de certains succès importants du Mossad en Iran, notamment le vol en 2018 de documents relatifs au programme nucléaire qui ont été transportés de Téhéran en Israël et révélés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. On pense que cette découverte a contribué à convaincre le président américain de l’époque, Donald Trump, de se retirer unilatéralement de l’accord nucléaire conclu entre les puissances mondiales et l’Iran.
Le chef de l’unité de contre-espionnage a été révélé comme agent double en 2021, mais lui et toutes les autres taupes présumées du Mossad ont pu fuir le pays et vivent maintenant en Israël, a affirmé Ahmadinejad, un populiste incendiaire connu pour sa rhétorique anti-israélienne et antisémite radicale et pour la violente répression qui a suivi sa réélection contestée en 2009. Il a été empêché de se présenter à nouveau à l’élection présidentielle au début de cette année.
D’autres responsables iraniens ont, par le passé, fait remarquer la pénétration du Mossad en Iran. Un ancien ministre iranien, conseiller de l’ancien président Hassan Rouhani, avait déclaré en 2022 que les hauts fonctionnaires de Téhéran devraient craindre pour leur vie en raison de « l’infiltration » de l’agence d’espionnage israélienne, selon le site d’information en persan Manoto, basé à Londres.
Ahmadinejad s’est exprimé alors qu’Israël combat le Hezbollah, le groupe terroriste mandataire de l’Iran, au Liban, et qu’il remporte des succès remarquables, apparemment fondés sur des renseignements approfondis. Au cours des deux dernières semaines, des milliers d’appareils de communication portatifs du Hezbollah ont explosé au Liban, blessant au moins 1 500 de ses membres dans des incidents que le groupe terroriste a imputés à Israël, qui n’a ni confirmé ni infirmé sa responsabilité. En outre, des frappes aériennes ont tué la quasi-totalité de l’échelon supérieur de la chaîbe de commandement du Hezbollah, y compris le chef du groupe terroriste, Hassan Nasrallah, lors d’une frappe aérienne vendredi sur son bunker de Beyrouth.
Le journal français Le Parisien, citant une source libanaise, a rapporté samedi qu’Israël avait été informé de la présence de Nasrallah par une taupe iranienne.
Immédiatement après l’annonce de la mort de Nasrallah, les Iraniens ont précipité leur guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, dans un lieu sûr.
En juillet, le chef politique du groupe terroriste Hamas, Ismail Haniyeh, a été tué par une explosion dans la maison d’hôtes de Téhéran où il séjournait lors d’une visite pour assister aux funérailles du président iranien Ebrahim Raisi. Bien qu’Israël n’ait pas commenté ni revendiqué la mort de Haniyeh, l’Iran a promis de riposter.
Quelques jours après la mort de Haniyeh, l’Iran a arrêté une vingtaine de personnes soupçonnées d’être liées à l’assassinat, a rapporté à l’époque le New York Times, citant deux Iraniens au fait de l’enquête.
Parmi les personnes arrêtées figuraient des officiers supérieurs des services de renseignement iraniens, des responsables militaires et des membres du personnel de la maison d’hôtes gérée par le Corps des Gardiens de la Révolution islamique. Les Iraniens craignaient qu’une importante faille de sécurité parmi les hauts fonctionnaires n’ait rendu possible cet audacieux assassinat.
Une série d’explosions mystérieuses et autres échecs ont affecté le programme nucléaire iranien au fil des ans.
En novembre 2020, Mohsen Fakhrizadeh, scientifique nucléaire iranien de haut niveau, a été assassiné en Iran dans ce que le New York Times a rapporté plus tard comme étant un attentat sophistiqué mené par une équipe du Mossad qui aurait déployé une mitrailleuse informatisée.
Le mois dernier, les Gardiens de la Révolution ont affirmé que 12 personnes avaient été arrêtées parce qu’elles étaient soupçonnées de servir d’agents collaborant avec Israël et de planifier des actes contre la sécurité de l’Iran.