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mercredi 16 octobre 2024

Le cellule diplomatique de l’Élysée aurait envisagé de livrer des Rafale à l’Ukraine

 

En mai 2020, la force aérienne ukrainienne adopta le plan « Air Force Vision 2035 » afin de moderniser son aviation de chasse en la portant aux standards occidentaux, ce qui supposait évidemment de retirer du service l’ensemble de ses avions de combat hérités de son passé soviétique.

Ce plan, doté d’environ 7,5 milliards d’euros, devait se dérouler en deux temps. Il s’agissait d’abord de se procurer six à douze chasseurs-bombardiers de génération 4,5 entre 2023 et 2025 afin de mener des essais et des évaluations opérationnelles. L’idée était, en quelque sorte, de préparer le terrain avant la mise en service d’une trentaine d’appareils supplémentaires entre 2025 et 2030.

À l’époque, selon la presse ukrainienne, quatre modèles d’avions de combat étaient envisagés : le JAS-39 Gripen E/F, le F-16 Viper, le F/A-18 Super Hornet et le Rafale, dont la candidature était ardemment défendue par le président Macron. « Le dossier est ainsi tout en haut de l’agenda de la prochaine visite d’Emmanuel Macron en Ukraine », avait en effet écrit Intelligence Online, en mars 2021.

Seulement, l’invasion de l’Ukraine par la Russie balaya ce projet… Cependant, afin de permettre à son aviation de chasse de faire face aux forces russes, Kiev demanda très vite des F-16 de conception américaine [et même des A-10 Warthog]. Mais les États-Unis se furent réticents à donner une suite favorable à une telle requête.

Finalement, la force aérienne ukrainienne obtint gain de cause, grâce aux Pays-Bas et au Danemark, ces deux pays ayant pris, en 2023, la tête de la « coalition F-16 pour l’Ukraine », rejointe ensuite par la Norvège et la Belgique.

Cela étant, en janvier 2024, Kiev évoqua la possible livraison de Mirage 2000D français… Ce qui fut d’abord exclu par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées. « Sur la question de l’aviation, de manière globale, on cherche là aussi à faire de l’utile. Pour être transparent, […] à la livraison de Mirage 2000, dont on en a peu et dont le MCO [maintien en condition opérationnelle] présenterait des défis terriblement compliqués, on a préféré démarrer la formation généraliste de pilotes », avait-il expliqué aux députés, quelques semaines plus tard.

La suite est connue : en juin, le président Macron a finalement annoncé que la France livrerait des Mirage 2000-5F à l’Ukraine. Mais, d’après Le Monde, il aurait pu en aller autrement. En effet, dans un portrait de M. Lecornu publié dans son édition du 16 octobre, le quotidien révèle que la cellule diplomatique de l’Élysée a émis « un jour l’idée de déposséder l’armée de l’Air de ses précieux Rafale pour les envoyer à Kiev ». Sauf que le ministre des Armées y a mis son veto.

Pour rappel, en 2021, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE disposait de 102 Rafale. Mais cette flotte fut réduite de 24 unités pour honorer les commandes passées par la Grèce et la Croatie.

Depuis, ces appareils ont été remplacés, grâce à la reprise des livraisons en janvier 2023. Et selon la dernière édition des « chiffres clés de la défense », l’AAE comptait 97 Rafale au début de cette année.

La réduction temporaire de la flotte de Rafale avait mis l’AAE sous tension, notamment pour l’entraînement de ses équipages, le nombre annuel d’heures de vol étant passé 164 à environ 147. « Notre potentiel technique est moindre puisque nous disposons de moins d’avions et que le nombre de pilotes est le même », avait expliqué le général Parisot, alors numéro deux de l’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [EMAAE], en juillet 2022.

Par ailleurs, si l’idée de livrer des Rafale à Kiev avait été suivie d’effet, alors la France aurait été le seul pays à se séparer d’avions de combat en service, le F-16 promis à l’Ukraine devant être remplacés par des F-35A.

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