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samedi 26 octobre 2024

La force aérienne israélienne a effectué des frappes de « précision » contre des sites militaires iraniens

 

En avril, en représailles à une frappe de Tsahal contre la section consulaire de son ambassade en Syrie, l’Iran lança une attaque inédite contre Israël en utilisant 170 munitions téléopérées [MTO], 30 missiles de croisière et 120 missiles balistiques. Seulement, comme elle était attendue, elle fut donc anticipée. Aussi, elle se solda par un échec opérationnel puisque 99 % des projectifs tirés furent interceptés par des avions de combat et les systèmes de défense aérienne mis en œuvre par les forces israéliennes, américaines et britanniques.

Pour autant, les autorités israéliennes assurèrent que cette attaque massive ne resterait pas sans réponse. Mais celle-ci se limita à la destruction d’un radar associé à un système de défense aérienne S-300 assurant la protection de l’installation nucléaire de Natanz, dans le centre de l’Iran. Selon un responsable américain cité par ABC News, l’objectif était de démontrer à Téhéran que Tsahal avait les moyens de frapper un site sensible au cœur du territoire iranien.

En outre, la force aérienne israélienne fit la démonstration de ses capacités en frappant, à deux reprises, des positions tenues par les rebelles houthis [liés à l’Iran] au Yémen. Soit à plus de 2000 km de ses bases.

Les choses en restèrent jusqu’à l’élimination du responsable politique du Hamas, Ismaël Haniyeh, à Téhéran, et à celle du chez du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à Beyrouth. Piqué au vif, l’Iran planifia une seconde attaque d’ampleur contre Israël. Et, le 1er octobre, le Corps des gardiens de la révolution tira environ 200 missiles balistiques, dont des engins de type Fattah, lesquels ont la capacité de manœuvrer à l’approche de leur cible.

Cette fois, les forces israéliennes n’eurent que très peu de temps pour réagir, les missiles balistiques iraniennes n’ayant mis que 20 minutes pour atteindre Israël après leur lancement. En outre, elles eurent des difficultés à contrer cette attaque, les systèmes de défense aérienne Arrow 2, Arrow 3 et Fronde de David ayant été saturés. La base aérienne de Nevatim, antre des chasseurs-bombardiers F-35I « Adir », compta ainsi une trentaine d’impacts.

Là encore, le gouvernement israélien considéra qu’une attaque d’une telle ampleur ne pouvait pas être laissée sans réponse. Restait à voir la forme qu’elle prendrait, les États-Unis, principaux alliés d’Israël, ayant appelé à épargner les infrastructures pétrolières et les sites nucléaires iraniens.

Cependant, en lançant un raid de bombardiers stratégiques B-2 « Spirit » contre les dépôts d’armes souterrains utilisés par les houthis au Yémen, Washington fit indirectement comprendre à Téhéran que ses installations nucléaires, par ailleurs profondément enfouies, étaient en « sursis ». Il « s’agit s’agit d’une démonstration unique de la capacité des États-Unis à viser des installations que nos adversaires cherchent à garder hors de portée, quelle que soit leur profondeur d’enfouissement, leur renforcement ou leur solidité », fit valoir le Pentagone.

Quoi qu’il a en soit, et alors que des documents évoquant les préparatifs israéliens et émanant de l’Agence nationale de renseignement géospatial américaine [NGA] firent l’objet d’une fuite sur la messagerie Telegram, Tsahal a fini par lancer une attaque massive contre des sites militaires iraniens, dans la nuit du 25 au 26 octobre. Ce qui, exceptée la frappe contre le système S-300 à Natanz, est une première, au regard des moyens engagés.

Les détails de cette opération, appelée « Journées de repentance « , restent à préciser. Mais Tsahal évoque des frappes « précises et ciblées » contre des unités de production de missiles et de missiles ainsi que des systèmes de défense aérienne. De leur côté, tout relativisant l’importances des dégâts, les autorités iraniennes ont admis que l’attaque israélienne s’était concentrée sur les provinces de Téhéran, du Khouzestan [sud-ouest] et d’Ilam [ouest].

Selon les médias israéliens, Tsahal aurait engagé plus de 100 aéronefs dans cette opération, dont des chasseurs-bombardiers F-35I Adir et des drones [comme le RA-01, un appareil censé être « furtif » et dont l’existence a été révélée par les documents de la NGA ayant « fuité » ?]. Il est fort probable qu’elle ait également mis en œuvre des capacités de guerre électronique, comme elle le fit, par exemple, lors du raid contre le projet de réacteur nucléaire syrien à Al-Kibar, en 2007. L’usage de tels moyens « non cinétiques » permet ainsi de disposer d’une plus grande latitude pour opérer dans un espace contesté avec un risque minimal.

Pour le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, tous les objectifs visés ont été atteints. « Israël dispose désormais d’une plus grande liberté d’action en Iran », a-t-il dit, avant de préciser que les cibls avaient été selectionnées parmi « une vaste banque d’objectifs ». Et d’ajouter que d’autres frappes pourraient être effectuées, si nécessaire.

A priori, l’objectif de cette opération était de démontrer qu’Israël [qui est supposé posséder l’arme nucléaire, ndlr] pourrait infliger des dégâts beaucoup plus importants à l’Iran si jamais ce dernier s’avisait à lancer une nouvelle attaque contre son territoire.

Les États-Unis, qui ont déployé un système de défense aérienne THAAD [Terminal High Altitude Area Defense] en Israël par précaution, ont dit avoir été informé de l’imminence des raids de Tsahal, dans lesquels ils n’ont joué aucun rôle.

« Nous comprenons que les frappes ciblées d’Israël contre des cibles militaires en Iran constituent des manœuvres d’autodéfense et viennent en réponse à l’attaque de missiles balistiques iraniens contre Israël le 1er octobre », a commenté Sean Savett, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. « Nous exhortons l’Iran à cesser ses attaques contre Israël afin que ce cycle de combats puisse se terminer sans nouvelle escalade », a-t-il aussi déclaré.

Au passage, quelques heures avant l’opération israélienne, l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, avait annoncé que des F-16CJ du 480th Fighter Squadron, venaient d’être déployés dans sa zone de responsabilité depuis la base aérienne de Spangdahlem [Allemagne]. Or, cette unité est spécialisée dans la suppression et la destruction des défenses aériennes adverses [SEAD].

À noter que l’Arabie Saoudite a condamné les raids israéliens contre l’Iran, qui est pourtant son rival régional.

« Le Royaume d’Arabie saoudite condamne les frappes israéliennes et réitère sa position ferme de rejet de l’escalade du conflit dans la région », qui « menace la sécurité et la stabilité des pays et des peuples » au Moyen-Orient, a en effet réagi la diplomatie saoudienne, via X.

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