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vendredi 30 août 2024

L’affrontement Israël/Hezbollah, une facture salée pour le Liban

 

Plus de dix mois de violences entre le Hezbollah et l’armée israélienne ont provoqué évidemment des centaines de pertes humaines au Liban, auxquelles s’ajoutent également des pertes matérielles et surtout économiques. La facture du Liban est pour le moins salée et insoutenable pour un pays exsangue.

La facture des dégâts causés par les bombardements israéliens au Liban-Sud depuis le 8 octobre s’élève à quelque 6 milliards de dollars tous secteurs confondus selon les estimations de plusieurs instituts de recherche et de statistiques sans oublier la contraction évidente de l’économie. Les conséquences de cette guerre qui, même si elle est concentrée dans la partie méridionale du pays, se répercutent sur l’ensemble du pays. Une facture évidemment trop salée pour un Liban à plat.

En effet, la guerre entre Israël et le Hezbollah a causé des dégâts massifs aux infrastructures, estimés à plus de 500 millions de dollars. Les dégâts ont touché principalement les stations de pompage d’eau et les stations de relais électriques, téléphoniques ou d’Internet sans compter les axes routiers. Même si Israël affirme viser les infrastructures et positions du Hezbollah, les civils ne sont pas en reste. Des milliers de logements ont été partiellement ou totalement détruits. Le Conseil du sud estime qu’environ « 1.700 maisons ont été complètement démolies et plus de 14.000 habitations endommagées ». Mais les bombardements ont surtout détruit les moyens de subsistance des habitants et une grande partie des champs agricoles.

Le secteur agricole anéanti   

Le secteur agricole a été le plus touché par les bombardements au Liban-Sud. Cette région, qui bénéficie de conditions agro-climatiques optimales, est très productive et représente le poumon du secteur – environ 80% du produit intérieur brut (PIB) du Liban-Sud et 65% de la population du sud y travaille.

Des sources au ministère de l’Agriculture indiquent que les pertes du seul secteur agricole se chiffrent à « plus de 2 milliards de dollars », mais insistent toutefois sur le fait qu’il s’agit d’une estimation théorique puisque la guerre n’a pas pris fin et que les tests sur les terres n’ont pas pu être encore réalisés parce que le phosphore blanc (utilisé par Israël) a pu faire des dégâts en profondeur encore plus importants.

Ce qui est certain, c’est que la destruction des récoltes et des terres agricoles, la pollution chimique, à cause des bombes au phosphore notamment, ainsi que l’impact sur le bétail ou l’apiculture menacent gravement l’économie locale.

Selon les sources précitées, jusqu’au 27 août, 96 incendies ont complètement ravagé 7 millions deux cent mille mètres carrés de forêts, terres agricoles, oliveraies et autres plantations. Les chiffres sont alarmants: plus de 60.000 oliviers et plus de 5.000 arbres de diverses espèces (chênes et plus de 55% des pins) ont été détruits. En outre, 35% des arbres fruitiers ont été brûlés ainsi que 10% des herbes aromatiques (persil, menthe, coriandre) ont été endommagés, selon les mêmes sources.

Les cultivateurs de tabac ne pourront pas non plus semer cette année puisqu’ils ne peuvent pas tous accéder à leurs terrains (la production est d’environ deux millions de kilos de tabac, ce qui représente 55% de la production nationale et engendre plus de dix millions de dollars de revenus).

Pour ce qui est des fruits et des agrumes, sur une superficie cultivée de 7.500 hectares, le sud génère, à lui seul, 72% des revenus de ce secteur (16.250.000 dollars sur 22.500.000 dollars au total). Le sud produit 22% des fruits et agrumes du Liban et 38% des olives du pays. Il fournit 5.000 des 25.000 tonnes d’huile d’olive produites chaque année au Liban. Ainsi, les bombardements peuvent affecter jusqu’à un cinquième des bénéfices de la production libanaise d’olives, qui s’élèvent à près de 23 millions de dollars.

Toutes ces cultures génèrent des revenus vitaux pour les habitants de la région, en particulier ceux des villages frontaliers. La destruction a non seulement affecté les cultures, mais également le bétail, plus de 23.000 têtes ont été tuées et 400.000 volailles. 370 ruches ont été détruites et 3.000 abandonnées à cause de l’exode des apiculteurs. 24 fermes ont aussi été visées ainsi que 600 m2 d’entrepôts contenant de l’alimentation pour le bétail.

Il est certain que d’importants investissements financiers et techniques seront nécessaires pour rétablir la pleine productivité de la région.

Un coup dur pour le secteur touristique

La guerre a, en outre, porté un coup dur à l’industrie touristique, qui représente 20% du PIB du pays. Si certains expatriés libanais sont revenus au pays cet été, d’autres ne sont pas venus par crainte d’une extension du conflit et d’une fermeture de l’aéroport. Quant aux touristes étrangers, ils n’étaient pas au rendez-vous.

Selon une première estimation, les pertes du secteur touristique dues à la guerre qui sévit au sud du Liban sont évaluées à plus de 3 milliards de dollars. Le déclin du secteur hôtelier est très important, avec un taux d’occupation tombé à moins de 20%, tandis que le taux de fréquentation des restaurants a diminué d’environ 50%. Quant aux établissements balnéaires et au secteur de la location de voitures, ils ont chuté de plus de 50%.

Même si l’activité économique semble, de prime abord, normale, plus la guerre perdure, plus le prix à payer sera lourd. Il existe un manque à gagner, des opportunités perdues, des projets d’investissement repoussés et un manque de confiance grandissant.

Christine Tager

mondafrique.com