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dimanche 11 août 2024

La Biélorussie déploie des pièces d’artillerie et des missiles Iskander près de l’Ukraine et de la Russie

 

En cours depuis le 6 août, l’attaque de la région de Koursk par l’armée ukrainienne n’est pas une simple incursion en territoire russe comme il a pu en y avoir par le passé, d’autant plus qu’au moins quatre brigades – deux d’infanterie mécanisée et deux aéroportées – ont été engagées par Kiev, dont on ignore les intentions.

En attendant, devant la gravité de la situation, Moscou a déclaré une situation d’urgence de « niveau fédéral » dans l’oblast de Koursk, où un régime « antiterroriste » a été instauré, comme dans les régions de Belgorod et de Briansk, frontalières avec l’Ukraine.

Le 10 août, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a commenté l’opération en cours à Koursk pour la première fois. « Aujourd’hui, j’ai reçu du commandant en chef Syrsky plusieurs rapports concernant les lignes de front et nos actions pour pousser la guerre sur le territoire de l’agresseur », a-t-il déclaré, lors de son allocution quotidienne. « L’Ukraine prouve qu’elle peut effectivement rétablir la justice et exercer la pression nécessaire sur l’agresseur », a-t-il ajouté.

Dans le même temps, déjà impliquée dans la guerre étant donné que son territoire a été utilisé par la Russie pour attaquer l’Ukraine, la Biélorussie a dénoncé la violation de son espace aérien par des drones ukrainiens.

Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a ensuite affirmé que ces appareils avaient été abattus dans le raïon de Kastsioukovitchy, situé à 200 km à l’est de Minsk et frontalier avec la Russie. Apparemment, ces drones devaient viser la région de Smolensk. « Les forces de défense aérienne ont été mises en état d’alerte maximale pour intercepter les cibles. Il y en avait environ une douzaine. Des avions [Su-30SM] et des hélicoptères [Mil Mi-24] ont été dépêchés sur place », a-t-il dit.

L’agence de presse Belta a diffusé des images de débris présumés de ces drones. Mais leur examen ne permet pas de déterminer leur origine.

La diplomatie biélorusse a ensuite indiqué qu’elle avait convoqué la chargée d’affaires de l’Ukraine en Biélorusse pour lui remettre une « note de protestation ». Et d’ajouter que Minsk a « exigé des mesures exhaustives pour éviter à l’avenir des incidents similaires qui pourraient conduite à une nouvelle escalade dans la région ».

« La chargée d’affaires [ukrainienne] a été avertie qu’en cas de répétition de telles provocations, la partie biélorusse se réservait le droit de prendre des mesures de rétorsion pour protéger son territoire », a conclu le ministère biélorusse des Affaires étrangères.

Ce n’est pas la première fois que Minsk évoque une violation de son territoire par les forces ukrainiennes. En juillet 2022, M. Loukachenko avait ainsi accusé Kiev d’avoir tenté de « frapper des cibles militaires en Biélorussie » avec des missiles. « Nos systèmes anti-aériens Pantsir [les] ont interceptés », avait-il assuré.

« Nous n’avons pas l’intention de combattre en Ukraine. Nous ne combattrons que dans un seul cas, si vous […] entrez sur notre terre, si vous tuez nos gens, alors nous répondrons », avait encore prévenu le président biélorusse.

Cette fois, les intentions de Minsk restent à préciser, au regard des capacités militaires qui seront déployées près de l’Ukraine.

Ainsi, le ministère biélorusse de la Défense a fait savoir que, « compte tenu de la situation en Ukraine et dans la région de Koursk, le commandant en chef des forces armées a donné l’ordre de déployer davantage de troupes dans les secteurs de Gomel et de Mozyr afin de répondre à d’éventuelles provocations ». Et de préciser que des « unités des forces d’opérations spéciales, des forces terrestres, des forces de missiles, y compris des systèmes de missiles Polonez et Iskander, ont reçu pour mission de se rendre dans les zones désignées ».

Le système Polonez est un lance-roquettes multiple ayant une portée comprise entre 50 et 200 km. Quant à l’Iskander [code Otan : SS-26 Stone], il s’agit d’un missile balistique tactique, pouvant éventuellement porter une charge nucléaire et capable d’atteindre une cible à environ 500 km de distance.

La région où doivent être déployés ces systèmes est située, à vol d’oiseau, à 230 km de Kiev et à 370 km de Koursk. Ils devraient par ailleurs être rejoints par une unité « mécanisée », dotée de chars T-72.

À Kiev, pour le moment, seul le directeur du Centre de lutte contre la désinformation, Andriy Kovalenko, a réagi aux annonces de Minsk. Il s’agit d’une « tactique de diversion visant à aider la Russie en détournant l’attention du commandement ukrainien vers ce secteur », a-t-il estimé, via Telegram.

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