Pendant la guerre en Bosnie (1992-1995), Israël ne respectait pas l’embargo de l’ONU, et approvisionnait les Serbes de Bosnie en armes. Aujourd’hui, Belgrade rend la politesse à Tel-Aviv.
Pour la première moitié de 2024, la Serbie, reconnue pour la qualité de ses munitions de petits, moyens et gros calibres, dont des obus de 155 mm, a vendu pour 15,5 millions d’euros d’armes à Israël. BIRN (Balkan Investigate Reporting Network), mais aussi Haaretz, et Le Courrier des Balkans, donnent des détails sur ces très discrètes livraisons, alors que les Nations Unies demandent que l’on cesse les transferts d’armes à Israël, afin de cesser d’alimenter la guerre dans la bande de Gaza.
Le 18 mars 2024, « deux avions militaires israéliens atterrissent l’un après l’autre à l’aéroport de Belgrade. Ils stationnent environ quatre heurs avant de décoller en direction la base aérienne de Nevatim, près de Beersheba, dans le sud-est d’Israël », écrit le Courrier des Balkans du 19 juin dans un article illustré par une photo de Benyamin Netanyahou, tout sourire, en compagnie du président Serbe Aleksandar Vucic. Ce dernier, au pouvoir depuis 2014, est membre du Parti progressiste serbe (SNS), une organisation issue de l’extrême droite.
Le génocide de Srebrenica
Belgrade livrerait également des bombes capables de pénétrer les bunkers et les installations souterraines du Hamas à Gaza. Pour la Serbie, c’est une façon de remercier Israël qui avait pris le parti des Serbes (orthodoxes) contre les Bosniaques (musulmans) dans les années 90. Tel Aviv est allée encore plus loin en refusant de voter la résolution de l’ONU sur le génocide de Srebrenica, dans l’est de la Bosnie-Herzégovine. En juillet 1995, les forces serbes avaient exécuté 8 000 hommes et adolescents bosniaques musulmans. On peut imaginer que les Serbes s’opposeront à leur tour à ce que Israël soit accusé de génocide à Gaza.