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samedi 25 mai 2024

Un site stratégique de radars d’alerte avancée Voronej DM a été attaqué dans le sud-ouest de la Russie

 

Située dans le Kraï de Krasnodar, près d’Amavir [soit à plus de 600 km de la ligne de front en Ukraine], la base de Baronovsky abrite deux radars à ultra haute fréquence [UHF] Voronej DM qui, capables de suivre jusqu’à 500 cibles à plus de 6000 km de distance, font partie d’un réseau d’alerte avancée, censé prévenir toute attaque de missiles balistiques contre la Russie.

Or, le 23 mai, des sources russes ont rapporté que ce site venait d’être visé par des munitions téléopérées ukrainiennes. Peu après, des photographies montrant des dégâts importants sur l’un des deux radars ont été diffusées via les réseaux sociaux. En outre, moins de vingt-quatre heures plus tard, le centre de communications par satellite d’Alouchta [Crimée] a été atteint par plusieurs missiles balistiques tactiques MGM-140 ATACMS [Army TACtical Missile System] fournis par les États-Unis à l’Ukraine.

Pour le moment, les autorités ukrainiennes n’ont revendiqué aucune de ces deux attaques, lesquelles n’ont pas donné lieu à de commentaires de la part de leurs homologues russes.





Le Voronej DM est un radar trans-horizon [OTH – Over-the-horizon radar] conçu pour repérer des cibles sur une très longue distance. D’où la question de savoir si les forces ukrainiennes avaient un intérêt opérationnel à viser ceux d’Amavir, sachant que ceux-ci sont orientés vers la Méditerranée et le Moyen-Orient. En d’autres termes, l’un des deux était en mesure de détecter les missiles balistiques tirés vers la Crimée.

Quoi qu’il en soit, cette attaque peut avoir des implications beaucoup plus larges dans la mesure où c’est l’un des éléments clés de la dissuasion nucléaire russe qui a été touché.

En effet, parmi les « conditions déterminant la possibilité d’emploi de l’arme nucléaire », détaillées dans la doctrine révisée par le Kremlin en 2020, figurent les « actes contre des sites étatiques ou militaires d’importance critique de la Fédération de Russie dont la mise hors de fonctionnement » serait susceptible de « compromettre la riposte des forces nucléaires ».

En outre, l’attaque d’Amavir a été conduite alors que les forces russes venaient de lancer un exercice « avec des armes nucléaires non stratégiques », avec une « première étape […] dans la région militaire sud ».

« L’objectif de l’exercice est de maintenir le personnel et l’équipement des unités de combat dotées d’armes nucléaires non stratégiques en vue d’une réponse et en vue de sauvegarder inconditionnellement l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Russie en réponse aux déclarations provocatrices et aux menaces proférées par certains responsables occidentaux à l’encontre de la Fédération de Russie », a expliqué le ministère russe de la Défense.

Par ailleurs, l’attaque contre ces radars Voronej DM pourrait également avoir une influence sur les discussions visant à autoriser les forces ukrainiennes à frapper le territoire russe avec des armes livrées par les États-Unis.

Cette « ligne rouge » fixée par Washington a vacillé quand Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, a suggéré un changement de doctrine, lors d’un déplacement à Kiev. « Nous n’avons pas encouragé ou permis des frappes en dehors de l’Ukraine, mais en fin de compte, c’est à l’Ukraine de décider elle-même de la manière dont elle va mener cette guerre, une guerre qu’elle mène pour défendre sa liberté, sa souveraineté et son intégrité territoriale », a-t-il dit, le 15 mai.

Cependant, le département d’État a vite corrigé le tir, en assurant, dès le lendemain, que la position des États-Unis n’avait pas évolué sur ce point. « Nous n’encourageons ni ne permettons les frappes sur le territoire russe », a affirmé Vedant Patel, son porte-parole, lors d’un point de presse.

Seul le Royaume-Uni a levé toutes ses réserves à ce sujet. Début mai, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, avait en effet défendu le droit de Kiev à frapper le territoire russe avec des armes fournies par Londres. « De la même façon que la Russie frappe l’Ukraine, il est tout à fait compréhensible que l’Ukraine ressente le besoin de se défendre », avait-il fait valoir.

« La réponse aux frappes ukrainiennes utilisant des armes britanniques sur le territoire russe pourrait consister à frapper n’importe quelle installation et équipement militaire britannique sur le territoire de l’Ukraine et au-delà », avait ensuite réagi la diplomatie russe.

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