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mercredi 22 mai 2024

La Russie a l’intention de modifier unilatéralement ses frontières maritimes avec la Finlande et la Lituanie

 

En janvier, un document d’état-major allemand ayant fuité dans la presse avait imaginé le scénario d’une possible « confrontation » entre l’Otan et la Russie en faisant l’hypothèse que l’Ukraine allait finir par se trouver en difficulté, faute d’un soutien suffisant de la part de ses partenaires occidentaux.

Ainsi, il était question d’une montée progressive des tensions, avec notamment des tentatives de déstabilisation des pays baltes selon le schéma d’une « guerre hybride ». Pour autant, le risque d’un conflit ouvert avait été exclu, le scénario de la Bundeswehr ayant envisagé une situation bloquée, avec 500’000 soldats occidentaux et russes se faisant face autour du corridor stratégique de Suwalki, entre la Pologne et la Lituanie.

Un tel exercice de prospective n’est pas un oracle… Si, effectivement, on pouvait s’attendre à des manœuvres de déstabilisation, celle que vient de réaliser Moscou n’avait pas été prévue. En effet, le Kremlin a récemment publié un décret visant à modifier unilatéralement les frontières maritimes que la Russie partage avec la Finlande et la Lituanie en mer Baltique.

Ainsi, en remettant en cause la méthode utilisée en 1985 pour déterminer les coordonnées géographiques à partir desquelles sont tracées les limites de ses eaux territoriales, la Russie a ainsi modifié, à son profit, sa frontière dans le golfe de Finlande ainsi que le domaine maritime de l’enclave [russe] de Kaliningrad, notamment au large des villes côtières de Baltïïsk et de Zelenogradsk.

Pour rappel, la Lituanie et la Finlande sont membres de l’Union européenne et de l’Otan.

Le ministère russe de la Défense a indiqué que la modification de ces frontières maritimes entrerait en vigueur en janvier 2025. Et de la justifier en soutenant que les coordonnées géographiques établies au XXe siècle « ne correspondaient pas pleinement à la situation géographique actuelle ».

Pour le moment, le gouvernement lituanien a convoqué « un représentant de la Fédération de Russie pour obtenir une explication complète » sur ce décret.

« Une nouvelle opération hybride russe est en cours, cette fois pour tenter de répandre la peur, l’incertitude et le doute à propos de leurs intentions en mer Baltique », a commenté Gabrielius Landsbergis, le chef de la diplomatie lituanienne, via X [anciennement Twitter]. « C’est une escalade évidente contre l’Otan et l’UE, qui doit faire l’objet d’une réponse ferme et appropriée », a-t-il insisté.

Le président lituanien, Gitanas Nauseda, a estimé que l’initiative russe « pourrait s’inscrire dans le cadre d’une action plus large contre l’Otan ». Et d’ajouter : « Il s’agit d’une violation flagrante du droit international, non seulement lorsqu’on dénonce le traité, mais aussi lorsqu’on parle ou diffuse des informations de cette nature ».

De son côté, la ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, a dit « suivre la situation », en attendant d’avoir des « informations officielles sur ce que Moscou envisage ».

« La Russie est membre et partie de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Nous attendons uniquement de la Russie qu’elle respecte cette convention », a poursuivi Mme Valtonen, après avoir assuré, sur X, que « la Finlande ne se laissera pas désorienter ».

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