Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 7 septembre 2023

Tamir Pardo, ancien chef du Mossad, estime qu'Israël impose un régime d'"apartheid" aux Palestiniens

 

L'ancien chef du Mossad Tamir Pardo estime qu'Israël impose "un régime d'apartheid" aux Palestiniens : "Les mécanismes israéliens de contrôle des Palestiniens, depuis les restrictions de mouvement jusqu'à leur placement sous la loi martiale, alors que les colons juifs dans les territoires occupés sont gouvernés par des tribunaux civils, sont à la hauteur de l'ancienne Afrique du Sud", a déclaré, mercredi, Tamir Pardo à l'agence Associated Press. Ce commentaire a du poids dans la vie politique israélienne, note le Guardian, en raison de la haute estime accordée aux agences de renseignement. La chaine télévisée israélienne I24News rappelle que Tamir Pardo, aujourd'hui âgé de 70 ans, avait été nommé par Benjamin Netanyahu lui-même, pour diriger le Mossad (le service de renseignement extérieur israélien) de 2011 à 2016.

Impossible de laisser passer ces accusations, pour le Likoud : Le parti du Premier ministre dénonce des "calomnies", rapporte le journal Times of Israel ; Tamir Pardo devrait en avoir "honte". Mais l'ancien chef du Mossad persiste et signe. ll explique, dans une interview à la chaîne israélienne Canal 12, que l’apartheid "est dans l’intérêt" des colons et des partis d’extrême-droite qui forment la coalition avec Benjamin Netanyahu et qui s'efforcent d'anéantir toute perspective d'un État palestinien indépendant. Or, dit-il, "l'occupation permanente menée par Israël menace son existence". La priorité du gouvernement devrait être la question palestinienne, avant le "programme nucléaire iranien, considéré par le Premier ministre Benjamin Netanyahu comme une menace existentielle", indique le quotidien Haaretz.

L'ancien chef des services de renseignement du Mossad se joint à un nombre croissant de personnalités qui comparent, elles aussi, l'occupation de la Cisjordanie à l'apartheid : Le journal de gauche Haaretz et le Guardian citent notamment l’ancien président du parlement israélien Avraham Burg, et le célèbre historien israélien Benny Morris. Ils font partie des plus de 2 000 personnalités publiques israéliennes et américaines qui ont signé une déclaration publique pour dire que "les Palestiniens vivent sous un régime d’apartheid". La réforme judiciaire ne viserait, selon ces signataires, qu'à "annexer davantage de terres et nettoyer ethniquement tous les territoires sous domination israélienne de leur population palestinienne".

Pendant ce temps, l'Autorité palestinienne a fixé ses conditions pour un accord historique entre l'Arabie Saoudite et Israël, nous apprend la BBC : elle demande une augmentation de plusieurs centaines de millions de dollars des investissements et un contrôle accru des terres en Cisjordanie occupée, en cas d'accord tripartite impliquant les États-Unis, l'Arabie Saoudite et Israël. Des responsables de l'Autorité palestinienne se sont entretenus, mercredi, à Riyad avec leurs homologues saoudiens. Ils devraient également rencontrer des responsables américains dans les semaines à venir.