Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 28 août 2023

La mort de Prigojine est un avertissement

 

Aujourd'hui, Prigojine est mort. Si l'accident d'avion a effectivement été orchestré, cet acte est un avertissement clair pour Loukachenko et ses alliés, surtout pour ceux qui ne savent plus très bien de quel côté ils se trouvent. C'est ce que pense l'ancien homme politique biélorusse Pavel Latouchka. Il a déclaré au journal polonais «Rzeczpospolita»: «Moscou montre à Loukachenko ce qui peut lui arriver s'il choisit de les trahir.»

La volonté de Loukachenko d'accueillir Prigojine et ses hommes pourrait également être interprétée comme une démonstration de force vis-à-vis de Poutine. En plus de cela, le jour de l'indépendance de l'Ukraine, Loukachenko a pris la parole avec un message douteux à l'attention du pays en guerre: «De nombreuses générations de Biélorusses et d'Ukrainiens vivent depuis des siècles dans l'harmonie et le respect. Nous devons mettre à profit notre voisinage pour couper court à la confrontation. La Biélorussie est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour aller dans ce sens et même plus.» Un appel à la paix ou un affront à Poutine?

La Pologne menacée par les soldats de Wagner?

L'avenir des mercenaires de Wagner en Biélorussie reste incertain. Loukachenko tentera probablement de garder les mercenaires de Wagner dans son pays encore un moment. C'est ce que suppose la journaliste biélorusse Hanna Liubakova dans un article pour le think tank Atlantic Council.

Et pour cause: les mercenaires de Wagner sont un bon moyen pour la Biélorussie d'intimider ses voisins occidentaux. Les mercenaires russes de Wagner pourraient-ils attaquer la Pologne? Le Premier ministre Mateusz Morawiecki estime que ce scénario est probable. Il a lui-même déjà mis en garde contre les «conséquences vraiment dramatiques» de la présence des soldats de Wagner en Biélorussie voisine. C'est pourquoi le gouvernement polonais souhaite déployer 10'000 soldats à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.

Le pouvoir de Loukachenko est limité

Après la mort de Prigojine, il est cependant possible que les mercenaires soient mis sous pression pour quitter la Biélorussie. Des discussions actives seraient actuellement en cours sur leur sort. «Je pense que les mercenaires se plieront à la décision du Kremlin, car ils se retrouveront sans deux de leurs principaux chefs», a déclaré le biélorusse Pavel Latouchka.

Le départ prochain des hommes de Wagner devrait susciter un sentiment de soulagement au sein de la population polonaise, tout comme au sein de la population biélorusse. Mais sûrement pas pour le dirigeant biélorusse. Car une fois de plus, il apparaît clairement que son pouvoir est limité. Le Kremlin dicte tout, même en Biélorussie, où Loukachenko ne fait que suivre Poutine.

Le corps de Prigojine est à peine reconnaissable

Comme le précise le rapport, divers facteurs jouent un rôle dans la manière dont Evgueni Prigojine va être traité par le Kremlin. Le lieu de son enterrement, le protocole à suivre et, surtout, la personne qui lui rendra un dernier hommage sont autant de facteurs déterminants.

Selon les médias locaux, la dépouille d'Evgueni Prigojine se trouve actuellement dans une morgue à Tver, en Russie, où l'avion s'est écrasé. Depuis que les corps de l'accident y ont été transportés, le site de la morgue est strictement fermé.

Selon la tradition orthodoxe, les citoyens russes sont normalement enterrés le troisième jour après leur décès. Avant cela, les amis et la famille peuvent faire leurs adieux à la personne devant le cercueil ouvert. Mais comme le corps d'Evgueni Prigojine serait, selon un combattant de Wagner, brûlé au point d'être méconnaissable, il semble peu probable que ses proches puissent honorer la tradition dignement.

Pas d'élites russes aux funérailles

Si le Kremlin lui accorde finalement le statut de héros, Evgueni Prigojine sera enterré avec tous les honneurs militaires dans le «Panthéon des défenseurs de la patrie» au nord de Moscou, selon le «Spiegel».

Dans ce cas, il serait logique que des représentants militaires de haut rang ainsi que le président russe en personne se rendent à l'enterrement.

Ce scénario est toutefois peu probable. Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a ainsi déclaré dès vendredi que le président avait un «emploi du temps très chargé» et qu'il n'était donc pas possible de répondre à la question de savoir s'il assisterait aux funérailles d'Evgueni Prigojine.

Carla De-Vizzi

blick.ch