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mercredi 7 juin 2023

Moscou décrète l’état d’urgence après la destruction du barrage de Nova Kakhovka

 

Construit dans les années 1950, pendant la période soviétique, le barrage de Kakhovka permet également d’envoyer de l’eau dans le canal de Crimée du Nord, qui part du sud de l’Ukraine et traverse toute la péninsule de Crimée, occupée et annexée par Moscou depuis 2014. Le barrage alimente par ailleurs le réservoir de la centrale nucléaire de Zaporijjia.

L’eau du réservoir se situait en début de matinée à environ 16,4 mètres. Si elle tombe au-dessous de 12,7 mètres, elle ne pourra plus être pompée pour alimenter les circuits de refroidissement de la centrale, ce qui laisse seulement "quelques jours" pour trouver une solution, a souligné le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi, dans une allocution au Conseil des gouverneurs qui se réunit cette semaine à Vienne. La Russie tient l’Ukraine responsable de la destruction du barrage, tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky accuse la Russie d’avoir fait "exploser" volontairement l’ouvrage.

On ne sait pas ce qui a provoqué l’effondrement du barrage ni qui en est responsable

Les États-Unis reconnaissent ne pas avoir de preuves de l’implication des forces russes dans le sabotage du barrage hydroélectrique de Kakhovka. La Maison-Blanche a fait cette déclaration en commentant les informations des médias occidentaux qui tiennent Moscou pour responsable de l’inondation qui a commencé en aval du Dniepr.

Washington suit attentivement la situation autour de la centrale hydraulique de Kakhovka mais n’est pas en état de confirmer l’implication de la Russie dans cet incident, a déclaré ce mardi 6 juin John Kirby, porte-parole de la Maison-Blanche.

"Nous avons vu des déclarations dénonçant la responsabilité de la Russie dans l’explosion du barrage […]. Nous allons faire le nécessaire pour évaluer ces informations et travaillons avec les Ukrainiens sur la collecte d’informations. Pour l’heure nous ne pouvons pas dire ce qui s’est passé mais allons certainement fournir plus de détails dans un proche avenir", a-t-il affirmé.

Il s’est abstenu toutefois de faire des prévisions sur l’impact que cet incident pourrait avoir sur l’évolution des affrontements en Ukraine.

Une vidéo mise en ligne par un site d’information russe en novembre 2022

Une vidéo prétendant montrer l’explosion du barrage de Nova Kakhovka le long du fleuve Dniepr dans le Sud de l’Ukraine a été diffusée par plusieurs internautes sur les réseaux sociaux et des médias cumule des centaines de milliers de vues, notamment sur Twitter. S’il s’agit bien d’images de la même infrastructure, cette vidéo date pourtant du 12 novembre 2022.

La destruction partielle du barrage hydroélectrique de Kakhovka, dans la nuit du 5 au 6 juin est au centre de l’attention dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Parmi les images diffusées en ligne, une vidéo en noir et blanc est très relayée sur Twitter. Celle-ci est présentée comme le moment de l’explosion du barrage de la centrale hydroélectrique Kakhovka, installé sur la rive du fleuve Dniepr. La publication a déjà recueilli plus de 945.000 "vues". D’autres Tweetos diffusent les mêmes images. Une autre version fait plus de 337.000 "vues".

Le média français BFMTV a également utilisé ces images pour illustrer la destruction partielle du barrage et a publié une vidéo sur son compte Twitter à 6h11 ce mardi 6 juin. Le Tweet a depuis été supprimé mais une version archivée grâce à l’outil Wayback Machine est encore accessible.

En effectuant une recherche sur Youtube avec les termes "Kakhovka explosion", nous sommes rapidement tombés sur les mêmes images. L’une de ces vidéos a été mise en ligne par le média britannique "The Guardian", il y a plus de six mois.

Cette vidéo, mise en ligne le 12 novembre 2022, indique en commentaire (en anglais) : "Des images publiées sur le site d’information russe Izvestiya montrent le moment où une énorme explosion a secoué le barrage de Nova Kakhovka à Kherson. Des débris s’envolent du barrage tandis qu’un incendie se déclare. L’armée russe en retraite a fait sauter toutes les infrastructures majeures de la province de Kherson. Il n’y a plus de points de passage fixes entre la rive droite libérée du Dniepr et la rive gauche occupée, y compris la ville de Nova Kakhovka."


Cette vidéo virale d’une explosion au barrage de Nova Kakhova date de 2022



Russes et Ukrainiens se rejettent la responsabilité

La centrale hydroélectrique de Kakhovka et le barrage sont aux mains des Russes, tandis que la capitale régionale Kherson est repassée sous contrôle ukrainien en novembre, après huit mois d’occupation. Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité de la destruction partielle du barrage.

Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, ce "sabotage" vise à "empêcher les actions offensives de l’armée russe sur cette partie du front", alors que Kiev serait, selon lui, en train de transférer des troupes depuis ce secteur pour renforcer son potentiel d’attaque ailleurs. De son côté, l’Ukraine a accusé Moscou d’être responsable de la destruction du barrage, qui se trouve en territoire sous occupation russe, à la limite entre les positions des deux camps. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué qu’il allait convoquer d’urgence son Conseil de sécurité.

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka est situé à 150 km de la centrale de Zaporija dont il assure le refroidissement. Selon Kiev, le danger de catastrophe nucléaire à la centrale "augmente rapidement". La société ukrainienne exploitante, Ukrgidroenergo, a estimé, elle, que le réservoir du barrage "devrait être opérationnel durant les quatre prochains jours" mais son niveau décroît rapidement, menaçant le fonctionnement du système de sécurité de la centrale. Selon Moscou, la centrale, située sur les rives du Dniepr mais plus haut que le barrage attaqué, n’est pas menacée.

Interrogé par l’agence de presse Belga, un historien de l’Ecole Royale Militaire (ERM) a affirmé être "de plus en plus convaincu" que le barrage s’est effondré : "Je suis de plus en plus convaincu que ni les Ukrainiens ni les Russes n’ont fait sauter le barrage de Nova Kakhovka, mais qu’il s’est effondré en raison de bombardements antérieurs et de l’usure du temps", affirme Tom Simoens. "Cette destruction représente des avantages et des désavantages autant pour les Russes que pour les Ukrainiens."

Kiev a fait exploser un pipeline d’ammoniac dans la région de Kharkov

Un groupe ukrainien de sabotage a fait exploser le 5 juin un pipeline d’ammoniac reliant la Russie à l'Ukraine, dans la région de Kharkov, rapporte la Défense russe. Qualifiée de "terroriste" par Moscou, l’attaque a fait des blessés parmi la population civile, indique ce 7 juin la Défense russe.

Cette attaque s’est produite vers 21h00 près de la localité de Massoutovka située dans la région de Kharkov, visant le pipeline Togliatti-Odessa, reliant la Russie à l’Ukraine.

L’installation a été partiellement endommagée. Plusieurs personnes ont été blessées, elles ont toutes reçu des soins médicaux, souligne le ministère. Aucun militaire russe n'a été touché.

Actuellement, les travaux d’élimination des restes d’ammoniaque sont en cours dans les parties touchées du pipeline.

Les travaux de réparation devraient prendre entre un et trois mois, a fait savoir de son côté le ministère russe des Affaires étrangères.

Environ 2.400 km de long, il relie la ville russe de Togliatti, située sur les rives de la Volga au port ukrainien de la mer Noire. Les exportations russes d'ammoniac via ce pipeline vers un port de la mer Noire en Ukraine ont été interrompues fin février 2022.

En réaction à cette explosion, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que l'Ukraine était le seul pays qui ne s'intéresse pas à la reprise du transit.

Egger Ph.