Le Monde, Libération, Radio France internationale (RFI) et TV5Monde ont décidé de révéler les fruits d’une enquête conjointe d’un an et demi sur le rôle des autorités françaises lors de l’enlèvement d’Olivier Dubois.
Cette enquête montre que les militaires de l’opération antiterroriste française « Barkhane » ont été informés de son projet de rencontrer un chef djihadiste. Dans un premier temps, ils ont tenté d’utiliser le travail du reporter pour localiser cet émir d’Al-Qaida au Sahel. Puis, jugeant le rendez-vous trop risqué, ils ont renoncé in extremis à l’opération. Mais ils n’ont pas déployé les moyens adaptés pour empêcher l’enlèvement d’Olivier Dubois à Gao, dans le nord-est du Mali, au printemps 2021.
Le 8 avril 2021, Olivier Dubois, pigiste pour Libération, Le Point Afrique et Jeune Afrique, installé à Bamako en 2015, se rend à Gao pour interviewer Abdallah – ou Abdoulaye – Ag Albakaye, un cadre du Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), la filiale d’Al-Qaida au Sahel. Le reporter, âgé de 48 ans, pense avoir planifié cet entretien dans la plus grande discrétion. Il est en réalité suivi depuis des mois par l’armée française, comme le démontrent les quelque 180 pages de documents judiciaires français et maliens que nous avons pu consulter.