Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 11 mars 2023

TikTok est une entreprise chinoise qui est obligée de coopérer avec les services de renseignement chinois

 

Il y a une dizaine de jours, les États-Unis annonçaient que les fonctionnaires de la Maison Blanche ne pourront plus utiliser l’application de vidéos ultra-courtes Tik Tok sur leurs téléphones professionnels. En cause : ce réseau social très prisé par les jeunes (et critiqué pour son côté addictif) pourrait être une arme fatale dans la collecte d’informations sensibles.

Ce qui inquiète notamment, c’est que les entreprises chinoises – dont Byte Dance, la maison mère de Tik Tok – ont l’obligation de collaborer avec la Chine (et ses services de renseignements), qui pourrait donc aisément en profiter pour collecter les données personnelles des usagers de l’application. Preuve qu’on prend l’affaire très au sérieux aux États-Unis, on songe à une interdiction totale de l’application. Le débat s’est inévitablement importé en Europe. Les institutions européennes viennent d’interdire à leur personnel l’installation de l’application sur les appareils de service.




En Belgique, le sujet a été longuement évoqué vendredi lors d’un Conseil national de sécurité (CNS). Qui a décidé, sur la base d’avis émanant de la Sûreté de l’État et du Centre pour la Cybersécurité Belgique (CCB), une interdiction temporaire d’installer Tik Tok sur les appareils de service du personnel des services publics fédéraux.

”Nous ne devons pas être naïfs”

L’interdiction s’applique à tous les appareils dont l’achat, l’abonnement ou l’utilisation est en partie ou totalement à charge des autorités fédérales. Elle durera six mois et sera ensuite réévaluée. Les appareils personnels utilisés par les fonctionnaires à des fins professionnelles ne sont pas concernés par l’interdiction, mais il est recommandé à ces personnes de ne pas installer l’application.




”Nous sommes dans un contexte géopolitique nouveau où l’influence et la surveillance entre États se sont déplacées vers le monde numérique. Nous ne devons pas être naïfs : TikTok est une entreprise chinoise qui est aujourd’hui obligée de coopérer avec les services de renseignement chinois. C’est la réalité. Interdire son utilisation sur les appareils de service fédéraux relève du bon sens. La sécurité de nos informations sensibles prévaut”, a déclaré, par communiqué, le Premier ministre Alexander De Croo.

Le Conseil national de sécurité demande à l’Autorité de protection des données d’enquêter sur la politique en matière de vie privée de TikTok.




Le Premier ministre et la ministre de la Fonction publique soumettront la semaine prochaine au Conseil des ministres une directive en vue de mettre en œuvre cette interdiction au sein des pouvoirs publics fédéraux.

Communautés et Régions feront de même

Lundi, le ministre-Président wallon, Elio Di Rupo (PS), lui-même actif de longue date sur TikTok, avait annoncé l’intention du gouvernement d’interdire l’application pour le personnel wallon. Jeudi, la Flandre faisait de même et vendredi, le ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet (MR), confirmait que son gouvernement suivrait le mouvement.

La Région bruxelloise fera de même, ont indiqué vendredi les cabinets du ministre-Président Rudi Vervoort (PS) et du ministre des Pouvoirs locaux et de la Transition numérique Bernard Clerfayt (Défi).