Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 27 février 2023

Autour de l’Ukraine, une inquiétante escalade

 

Un demi-siècle d’efforts visant à prévenir la guerre nucléaire a pris fin. Mardi, Vladimir Poutine a déclaré suspendre la participation russe au traité New Start. Puisant ses origines juste après la crise des missiles d’octobre 1962 à Cuba, le texte engageait 191 Etats à limiter leur possession de tels armements. Personne ne s’étonnera de cette annonce: cela fait des semaines que Moscou refuse la reprise des inspections mutuelles des arsenaux nucléaires stratégiques, et les Russes viennent de se faire exclure pour la première fois de la Conférence de Munich sur la sécurité, eux qui y avaient signé le traité aux côtés des Américains en 2011.

Ce 21 février restera une date marquante dans le déroulé de la guerre. Dans les actes, d’abord. Voici qu’est suspendu le dernier accord sur l’armement liant Russie et Etats-Unis, alors que ces deux pays détiennent 90% de l’arsenal nucléaire mondial. Dans les paroles conjointes des Russes et des Chinois, ensuite. Vladimir Poutine fustigeait mardi «l’élite occidentale» qui «ne cache pas ses objectifs, qui sont d’infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire qu’un conflit local doit entrer dans une phase d’affrontement mondial». Quasi en même temps, la Chine dénonçait la «mentalité de guerre froide» de Washington tout en présentant Moscou comme une victime des manœuvres occidentales.

Une rumeur qui enfle

Pékin a aussi choisi les heures précédant le discours de Joe Biden à Varsovie pour expliciter sa stratégie anti-américaine et son «initiative de sécurité mondiale» à travers deux documents au ton particulièrement dur. Une guerre de communication qui passe aussi par les visites officielles. C’est ainsi que le plus haut diplomate chinois, Wang Yi, s’est rendu à Moscou quelques heures après le déplacement de Joe Biden à Kiev, alors qu’enfle la rumeur d’un soutien militaire de Pékin à la Russie.

Rien ne laisse présager la fin du conflit dans lequel le Kremlin a entraîné l’Ukraine ces dernières années, plus encore depuis le 24 février 2022. Des violences porteuses de conséquences bien au-delà des frontières dans lesquelles elles se déroulent, comme l’a rappelé Joe Biden mardi: «Quand Moscou a envahi l’Ukraine, elle a mis à l’épreuve le monde entier.» La multiplication, ces trois derniers jours, de discours et d’actes offensifs de la part des trois mastodontes que sont Pékin, Moscou et Washington représente clairement une escalade faisant craindre que cette guerre-là ne reste pas froide.

Combien Washington a dépensé en un an pour soutenir Kiev?

Depuis le mois de janvier 2022, les dépenses américaines cumulées d’aide à l'Ukraine ont atteint 77,5 milliards de dollars, à en croire les calculs du journal américain The Hill.

Sur cette somme, l’assistance militaire a coûté à Washington 29,3 milliards de dollars, précise le journal en présentant la liste d’armes livrées à Kiev et le prix approximatif de certaines d’entre elles, comme les lance-roquettes multiples HIMARS. Les États-Unis en ont fourni une vingtaine, à 4 millions de dollars l’unité.

Pour appuyer ces chiffres, l’édition présente la chronologie des dépenses américaines et du déploiement de l'aide, citant toutes les déclarations faites en ce sens par le Pentagone depuis le 24 février 2022.

En outre, 45 milliards de dollars ont été alloués sous forme de fonds d'urgence supplémentaires pour renforcer "la sécurité globale de l'Ukraine, la reprise économique, la sécurité énergétique et la capacité à faire face à la crise humanitaire en cours".

Par ailleurs, 1,9 milliard de dollars apparaissent sur cette liste en tant que crédits pour l'aide humanitaire aux réfugiés à l'intérieur et à l'extérieur de l'Ukraine.

Lors de sa visite inopinée le 20 février à Kiev, Joe Biden a promis à l'Ukraine plusieurs "milliards" d'aide budgétaire et annoncé un nouveau programme de soutien militaire.

Egger Ph.