Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 9 janvier 2023

Les propose d'Harry sur les talibans ne sont pas digne d'un officier

 

«Mon nombre est de 25. Ce n’est pas un nombre qui me remplit de satisfaction, mais je n’en ai pas honte non plus», écrit le prince dans son livre dont la version espagnole a été mise en vente quelques heures jeudi avant d’être retirée.

Il raconte avoir considéré ces personnes comme des «pièces de jeu d’échecs» retirées de la partie, comme le prévoyait son entraînement, car il est impossible de tuer une cible «si on la considère comme une personne».

«M. Harry! Ceux que vous avez tués n’étaient pas des pièces d’échec, c’était des êtres humains» qui avaient des familles, a déclaré vendredi Anas Haqqani, haut responsable taliban, accusant le prince de «crimes de guerre».

«Mais la vérité, c’est ce que vous dites: notre peuple innocent était comme des pièces d’échec pour vos soldats et pour vos dirigeants militaires et politiques», a-t-il ajouté. «Mais malgré tout, vous avez perdu à ce “jeu”».

Harry a servi 10 ans dans l’armée britannique, terminant sa carrière en tant que capitaine.

Il a été envoyé deux fois en Afghanistan, la première en 2007 et 2008, une période pendant laquelle il était chargé de coordonner des attaques aériennes, puis à nouveau en 2012 et 2013 en tant que pilote d'hélicoptère de combat.

Il a justifié ses actions par les attentats du 11 septembre aux États-Unis, estimant que les ennemis qu’il combattait en Afghanistan étaient ceux qui avaient commis un crime contre l’humanité.

"C'est une guerre sérieuse, une guerre historique, de résistance pour nous et notre peuple", a réagi Zabiullah Mujahid. "Nous ne prenons pas ses commentaires très au sérieux, car nous avons tous vu et entendu qu'à leur retour d'Afghanistan, beaucoup de soldats étrangers, d'occupants, développent des problèmes mentaux", a poursuivi le porte-parole des talibans.

Le porte-parole du gouvernement afghan Bilal Karimi a également émis des critiques à ce sujet.

"Ces crimes ne se limitent pas à Harry, mais chaque puissance occupante a commis de tels crimes dans notre pays", a-t-il écrit sur Twitter. "Les Afghans n'oublieront jamais les crimes des occupants", a-t-il poursuivi.

Son récit a aussi été critiqué au Royaume-Uni.

"On vous aime Prince Harry, mais vous devez vous taire !", a tweeté Ben McBean, un ancien des Royal Marines qui a perdu un bras et une jambe en Afghanistan en 2008 et que le duc de Sussex décrit dans son livre comme un "véritable héro".

"Harry s'est maintenant retourné contre son autre famille, les militaires", a dit le colonel de réserve Tim Collins, qui a pris part à la guerre en Irak, au site internet de l'armée britannique. "Ce n'est pas comme ça que nous nous comportons dans l'armée, ce n'est pas ce que nous pensons", a-t-il affirmé au sujet du récit du prince sur les combattants qu'il avait tués.

Il a jugé que le livre était "une tragique escroquerie pour faire de l'argent".

Ce n'est pas la première fois que le prince Harry suscite la controverse à propos de sa participation aux opérations en Afghanistan.

En 2013, il avait relevé que tuer des combattants rebelles s'apparentait à un jeu vidéo pour un pilote d'hélicoptère.

Harry bénéficiait d’une sécurité renforcée en Afghanistan

Prince Harry (rouge): Nom de code "Widow six seven" (littéralement "Veuve 6-7")
Posant ici avec les agents du SO14, le service de protection royal, chargés de sa protection

Si l’Etat major de l’armée britannique assure que le prince Harry était un soldat comme les autres, le traitement d’égalité a trouvé ses limites car son pedigree en faisait une cible de choix pour les talibans. Quand la base dans laquelle sert le prince en Afghanistan a été prise pour cible par des insurgés et deux militaires américains ont été tués au cours de l’attaque. Le prince Harry était affecté au Camp Bastion, dans la province de Helmand, au sud de l'Afghanistan. Le prince a-t-il frôlé le pire ? Non selon le ministre britannique de la Défense.

Répondant à l’inquiétude des sujets de sa majesté quant à la sécurité du troisième héritier dans l'ordre de succession au trône anglais, Philip Hammond a révélé qu’Harry bénéficiait de mesures de protection renforcées. « Il servait là-bas comme n’importe quel officier mais il y avait évidemment un dispositif de sécurité particulier vu qu’il pouvait être une cible en raison de ce qu’il représente », a reconnu le ministre sur l’antenne de la BBC.

Assurant que le prince n’avait couru « aucun danger » lors de l’attaque, il a expliqué que si le périmètre de sécurité du camp avait été franchi par les assaillants, Harry « aurait été transféré dans un lieu sûr et sous bonne garde. » C’est la deuxième mission du prince Harry en Afghanistan après celle qu’il avait effectuée entre décembre 2007 et mars 2008. A l’époque, son détachement avait été gardé secret et sa mission écourtée de dix semaines lorsque sa présence avait été révélée.

TF121