Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 6 février 2021

L’assassinat de Lokman Slim, principal opposant chiite au Hezbollah

 

Dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 février, Lokman Slim, un chiite hostile au Hezbollah, a été assassiné  alors que des manifestations hostiles avaient été organisées devant son domicile ces derniers jours.

Les différentes composantes et personnalités libanaises opposées à l’axe irano-syrien se sont réveillées ce jeudi matin sous le choc de l’annonce de l’assassinat de Lokman Slim. Ecrivain et journaliste issu d’une des grandes familles chiites de la banlieue-sud de Beyrouth, Lokman Slim s’était distingué par ses prises de position hostiles à la politique du Hezbollah alignée de manière inconditionnelle sur la stratégie du pouvoir des mollahs iraniens

Lokman Slim avait été enlevé dans la localité de Niha, au Liban Sud, où il rendait visite à un ami. La région est sous contrôle du Hezbollah. Son téléphone portable a été abandonné sur le bord de la route dans le village et dans la nuit, alors que son corps sans vie a été retrouvé dans les environs de Nabatiyé, région également contrôlée par le Hezbollah. Il aurait été abattu d’une balle tirée à bout portant dans la tête.

Le Hezbollah accusé

Cet assassinat a provoqué une très vive émotion dans les milieux du mouvement de contestation enclenché le 17 octobre 2019. De nombreux activistes sur les réseaux sociaux ont rapidement accusé le Hezbollah d’être le commanditaire de ce meurtre.

Peu après l’annonce de cet assassinat, l’un des réseaux sociaux relevant du mouvement de contestation a posté une lettre de Lokman Slim, datée du 13 décembre 2019, dans laquelle l’opposant chiite fait état de menaces directes dirigées contre lui à l’occasion de deux rassemblements organisés devant son domicile de Harek Hreik, dans la banlieue-sud.

Le leader politique avait fait alors assumer au secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et au président de la Chambre Nabih Berry (leader du mouvement chiite Amal) la responsabilité de toute atteinte à sa sécurité. 

Contexte international mouvant

Certains activistes du mouvement de contestation ont relevé ce jeudi matin que l’assassinat du ténor de l’opposition chiite intervient alors que certaines voix se sont élevées ces derniers jours en France et aux Etats-Unis pour adopter une politique « plus réaliste » et conciliante à l’égard du Hezbollah libanais.

L’assassinat de Lokman Slim n’est pas sans rappeler la liquidation en Irak de plusieurs cadres de l’opposition irakienne hostile à la mainmise de l’Iran sur le pouvoir à Bagdad. 

Les dessous de l’assassinat 

Le site web de la chaîne arabophone al-Arabiya a posté jeudi en milieu de journée un article rapportant ce qui est présenté comme des informations sur les dessous de l’assassinat du journaliste et écrivain libanais Loklam Slim, l’un des principaux et farouches opposants chiites au Hezbollah libanais, qui a été enlevé et exécuté dans la nuit de mercredi à jeudi au Liban-Sud, dans une région contrôlée par le Hezbollah. Selon la chaîne en question, l’opposant chiite a été torturé avant d’être abattu.

Lokman Slim, militant de la paix

Sous la plume de Mona Alami, qui était très proche de Loklam Slim, l’article révèle que l’opposant chiite planifiait la défection d’un homme d’affaires qui se livrait à des opérations de blanchiment d’argent pour le compte du Hezbollah. L’homme d’affaires en question avait été la cible de sanctions américaines en raison de son activité sur ce plan. Ces derniers temps, il avait exprimé le désir de faire défection et de quitter le Liban en obtenant une protection étrangère. Loklam Slim aurait entrepris des contacts discrets à cet égard afin de faciliter la défection de l’homme d’affaires.

Parallèlement, l’opposant chiite aurait mené des investigations sur les sources de financement du Hezbollah, notamment en ce qui concerne d’éventuels liens entre les personnes qui se livraient à des opérations de blanchiment d’argent au profit du Hezbollah, d’une part, et certains fonctionnaires au sein de la Banque centrale libanaise, d’autre part.

Sur le plan des réactions, le Quai d’Orsay ainsi que le président libanais Michel Aoun ont souligné la nécessité de mener une enquête rapide afin de déterminer les circonstances du meurtre et en dévoiler les commanditaires. De son côté, l’un des principaux ténors de l’opposition au régime libanais et à la mainmise iranienne sur le Liban, l’ancien député libanais Farès Souhaid, a mis en garde contre la relance des assassinats politiques au Liban, soulignant que Lokman Slim a été assassiné dans une région contrôlée par le Hezbollah. « Si ce n’est pas le Hezbollah qui est responsable de ce meurtre, qu’il dévoile les responsables de cet acte », a souligné Farès Souhaid.  

mondafrique.com