Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 19 janvier 2021

Investiture de Joe Biden : les services de sécurité américains sont en état d'alerte maximale

 

Joe Biden deviendra officiellement le 46e président des Etats-Unis, mercredi. En raison de l'épidémie de Covid-19 qui a déjà fait presque 400.000 morts, le démocrate avait déjà opté pour une cérémonie réduite, mais elle le sera encore davantage à cause de la menace qui plane sur Washington depuis l'invasion du Capitole le 6 janvier. Selon un rapport conjoint des principales agences de sécurité américaines, dont le FBI, daté du 14 janvier, c'est bien la menace intérieure qui est considérée comme la plus importante à ce jour, révèle CNN.

De ce fait, l'investiture de Joe Biden et de Kamala Harris, sa vice-présidente, sera totalement inédite. Tout d'abord parce que le président sortant, Donald Trump, sera absent. Il rejoindra mercredi matin sa résidence de Mar-a-Lago en Floride. Ensuite parce que des clôtures grillagées ont déjà été érigées et des blocs de béton disposés pour protéger des monuments comme la Maison-Blanche et le Capitole, ou pour boucler des axes entiers. Près de 25.000 gardes nationaux patrouilleront en armes dans la capitale fédérale pour éviter tout débordement.

Les antécédents des soldats ont été passés au crible

Signe de la tension qui règne à Washington, ces soldats ont eux-mêmes été contrôlés pour s'assurer qu'ils ne présenteront aucun risque le jour de la cérémonie d'investiture. "En coordination avec le Secret Service et le FBI, tous les militaires qui sont arrivés ont été passés au crible", a expliqué sur CBS le général Daniel Hokanson. Par ailleurs, les chefs d'états-majors ont rappelé dans une lettre adressée aux troupes que les émeutes du 6 janvier étaient "incompatibles avec l'Etat de droit" et ils ont demandé aux soldats d'"incarner les valeurs et les idéaux de la nation".

Selon le rapport dévoilé par CNN, des tentatives de déstabilisation venant de Russie, de Chine et d'Iran ont aussi été repérées. Les auteurs écrivent que ces pays ont "saisi l'opportunité d'amplifier le récit [sur une supposée fraude lors de l'élection] pour promouvoir leurs intérêts politiques dans le cadre de la transition présidentielle". Mais ce sont bien les groupes d'extrême-droite qui sont les plus surveillés, notamment ceux qui estiment que Joe Biden n'est pas légitime, à l'image des Boogaloo Boys ou des Proud Boys.

Les événements prévus à Washington "offrent des possibilités continues de violence visant les fonctionnaires, les bâtiments gouvernementaux et les forces de l'ordre fédérales et locales", poursuivent les auteurs. Les services de renseignement ont donc renforcé leur surveillance des discussions en ligne, notamment. Ken Cuccinelli, un des responsables du département de la Sécurité intérieure, a reconnu vendredi qu'ils observaient "un bon nombre" de discussions liées à l'investiture de Joe Biden mais qu'elles n'étaient "pas très spécifiques" pour l'heure.

Contrôles renforcés autour de Washington et dans les aéroports

La TSA, l'agence nationale de sécurité dans les transports, a rapporté qu'elle surveillait des centaines de personnes en amont de cette journée. "Nos professionnels du renseignement et du contrôle travaillent sans relâche 24 heures sur 24 pour s'assurer que ceux qui peuvent représenter une menace pour notre secteur de l'aviation subissent un contrôle renforcé ou soient empêchés de monter à bord d'un avion", a assuré David P. Pekosk, qui dirige la TSA.

Les compagnies aériennes commerciales ont par ailleurs constaté une augmentation du nombre de passagers enregistrant des armes à feu sur les vols en direction des aéroports de la région de Washington, selon un bulletin du ministère de la Justice cité par le New York Times. Le site Airbnb a par ailleurs annulé toutes les réservations à Washington.

Pour toutes ces raisons, les abords du Capitole et de la Maison-Blanche seront inaccessibles. Par ailleurs, les habitants de Washington sont invités à rester chez eux pour suivre virtuellement la cérémonie d'investiture afin de ne prendre aucun risque avec l'épidémie de Covid-19. Le "National Mall", cette immense esplanade menant du Lincoln Monument au Capitole, sera fermé au public. C'est là que des centaines de milliers d'Américains se massent traditionnellement pour saluer leur nouveau président.

A la place, un "champ de drapeaux" de près de 200.000 étendards représentera les citoyens qui n'ont pu faire le déplacement. Par ailleurs, de nombreux arrêts de métro, des lignes de bus et même des ponts reliant la Virginie à Washington ont été fermés.

La menace existe aussi dans le reste du pays

Dans cet Etat voisin de Virginie, l'état d'urgence a d'ailleurs été décrété, car les craintes des autorités ne se limitent pas seulement à Washington. De nombreux Etats du pays ont relevé leur niveau de sécurité, notamment ceux dans lesquels les résultats entre Donald Trump et Joe Biden ont été serrés ou ceux qui ont déjà connu des heurts ces derniers mois.

Le Michigan, par exemple, a mobilisé la garde nationale pour assurer la sécurité dans la capitale Lansing, où des personnes armées avaient envahi le Capitole l'année dernière pour protester contre les restrictions liées au Covid-19. En octobre, plusieurs personnes ont également été arrêtées pour avoir projeté d'enlever la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.

De nombreux Etats du pays font également appel à la Garde nationale pour protéger leurs capitales comme la Californie, le Connecticut, la Géorgie, l'Illinois, le Kentucky, le Massachusetts, le Minnesota, l'Ohio, l'Oklahoma, l'Oregon, la Pennsylvanie, la Virginie, l'Etat de Washington ou encore le Wisconsin. Certains ont même déployé de lourdes clôtures, comme dans la capitale fédérale, pour contrôler les mouvements de foules. Le Kentucky et le Texas ont aussi fermé les terrains qui entourent les Capitoles de ces Etats.

Pour l'heure, aucune violence n'a été à déplorer, ni à Washington, ni dans les autres Etats du pays, alors même que les services de sécurité craignaient des débordements dès ce week-end.

lejdd.fr