Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 18 décembre 2020

Israël se dote d’un nouveau chef du Mossad

 

M. Nétanyahou a « décidé de nommer à la tête du Mossad, D. actuel directeur adjoint » des services secrets, selon un communiqué du bureau du premier ministre.

Israël ne diffuse pas les noms des agents du Mossad, son service de renseignements extérieur, sauf pour son chef, dont l’identité est publique.

Yossi Cohen, ancien conseiller à la sécurité nationale de Benyamin Nétanyahou et ancien numéro deux du Mossad, avait été nommé en 2015 à ce poste. Il est considéré par des médias comme un potentiel futur premier ministre.

Ses visites dans plusieurs pays arabes avaient été annoncées dans le cadre des négociations avec les Émirats arabes unis et Bahreïn avant les accords de normalisation signés entre ces deux pays du Golfe et Israël.

M. Cohen aurait accompagné M. Nétanyahou lors d’une visite secrète en Arabie saoudite en novembre, visite démentie par les autorités saoudiennes.  

Sous la direction de Yossi Cohen, le Mossad a été accusé d’avoir assassiné en novembre le physicien nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh.

L’Iran a désigné Israël comme responsable, mais l’État hébreu n’a pas réagi à ces accusations.

Yossi Cohen doit quitter son poste en juin et la nomination de son remplaçant doit être entérinée par un comité ministériel.  

Le Mossad, un ministère des Affaires étrangères bis ?

Le chef du Mossad Yossi Cohen est de toutes les visites et voyages de Benyamin Netanyahou - officiels et non officiels. Il était auprès de lui lors de la signature des accords de rapprochement avec les Emirats arabes unis et le petit archipel de Bahreïn en octobre. D'après les médias israéliens, il était aussi de la visite censée rester secrète, lundi, du Premier ministre israélien en Arabie saoudite pour rencontrer le prince héritier du royaume Mohammed Ben Salman, et le secrétaire d’Etat américain en tournée d’adieu, Mike Pompeo.

Si les autorités saoudiennes démentent cette visite, et ne semblent pas pour l’instant prêtes à reconnaître officiellement Israël, elles ne se sont pas opposées à ce que ses alliés arabes franchissent le pas… Le fruit d’un long travail diplomatique occulte mené non par les diplomates, mais par les services secrets israéliens.

Le Mossad, compte-tenu du statut tout à fait particulier de l'Etat d'Israël, a créé en son sein un département spécifique chargé de l'action politique et des liaisons internationales. Il est chargé notamment de gérer les relations officielles avec les pays qui ne reconnaissent pas l'État d'Israël, mais avec lesquels il est possible de faire du business - soit d'échanger des renseignements, soit de préparer une future reconnaissance diplomatique. Les Israéliens utilisent beaucoup cette division du Mossad et leur diaspora pour établir des liens durables avec un certain nombre de pays arabes, et ce qu'ils considèrent comme une menace iranienne sur leur sécurité a contribué à renforcer considérablement ces liens - qui ne sont pas officiels. Il faut rappeler qu'il y a quelques années, les Saoudiens avaient accordé aux Israéliens l'utilisation potentielle d'une de leurs bases aériennes ,au cas où ils se décideraient à frapper l'Iran.  

Eric Denécé

franceculture.fr