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jeudi 5 novembre 2020

Liens avec l’extrême-droite : le KSK échappe à la dissolution… pour le moment

 

Le Kommando Spezialkräfte [KSK] « reste en probation », a récemment commenté le quotidien « Frankfurter Allgemeine Zeitung » [FAZ], au sujet des conclusions d’un rapport d’enquête préliminaire concernant l’infiltration présumée par l’extrême-droite de cette unité des forces spéciales de la Bundeswehr, créée en 1996.

Pour rappel, en mai dernier, un sous-officier du KSK alors dans le collimateur du MAD [Militärischen Abschirmdienstes, la DRSD allemande] pour ses sympathies envers le mouvement extrémiste des « citoyens du Reich », avait été arrêté pour avoir dissimulé à son domicile des armes, des munitions et des explosifs. Qui plus est, il était reproché à la 2e compagnie de cette unité d’avoir organisé une fête au cours de laquelle un concours de lancer de têtes de cochon avait été organisé. En outre, certains de ses membres auraient effectué le salut nazi, ce qui est illégal outre-Rhin. Pour couronner le tout, il fut également avancé qu’un stock de 62 kg d’explosifs avait disparu, de même que 48.000 munitions diverses et variées.

Alors qu’elle venait de présenter un projet de loi visant à exclure plus rapidement des rangs de la Bundeswehr les militaires affichant une proximité avec les idées extrémistes, la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, décida de frapper un grand coup, en juin, en annonçant une série de mesures à effet immédiat et en laissant planer l’éventualité d’une « réoganisation plus large » du KSK, c’est à dire celle de sa dissolution. Tout allait alors dépendre des conclusions d’un rapport qui devait lui être remis en octobre de cette année.

« Chaque soldat du KSK doit décider s’il veut faire partie de la solution ou du problème. Sans un nouveau départ, le KSK n’aura pas d’avenir dans la Bundeswehr », avait ainsi prévenu la ministre allemande.

Parmi les mesures annoncées par cette dernière, la plus emblématique fut la dissolution de la 2e compagnie de combat du KSK. En outre, il est question de passer au crible les commandos, en vérifiant leurs antécédents et leurs orientations politiques. Enfin, tous les exercices internationaux auxquels cette unité devait prendre part furent annulés.

À plus long terme, il était question de favoriser la mobilité des personnels du KSK avec les autres unités de la Bundeswehr. Au total, un catalogue d’une soixantaine de mesures avait été élaboré.

Plus de quatre mois après ces annonces, les investigations menées par le général Eberhard Zorn, le chef d’état-major allemand, a remis un rapport un Bundestag. Et, visiblement, le KSK devrait, pour le moment, échapper à une dissolution. D’où le commentaire du FAZ.

Ainsi, s’agissant de la disparition présumée des explosifs et des munitions [un fait qualifié de « troublant » et d' »alarmant » par Mme Kramp-Karrenbauer], elle s’expliquerait par des… erreurs de comptabilité. En effet, selon le général Zorn, les 62 kg d’explosifs manquants n’ont en réalité jamais existé. Et sur les 48.000 munitions supposées disparues, 29.000 ont fini par être retrouvées, le reste ayant été, a priori, laissé ou « perdu » lors de deux missions à l’étranger à cause de négligences qui seront par ailleurs « sanctionnées. »

« Un inventaire a révélé que la plupart des différences entre les livres et les stocks réels du KSK pouvaient s’expliquer par des erreurs comptables », est-il en effet affirmé dans ce rapport, cité par l’agence Reuters. « Il n’y a aucune preuve de vol ou de détournement de fonds au-delà du cas de l’arrestation » du sous-officier en mai dernier, confirme également le FAZ.

Quant à la compagnie dissoute, le général Zorn parle d’une « accumulation d’incident inacceptables », s’étant produits en son sein. Les interrogatoires du MAD, concernant une quarantaine de militaires, se poursuivent. « Seuls ceux qui se tiennent fermement sur le terrain de la Loi fondamentale pourront à l’avenir servir ailleurs au KSK », a-t-il affirmé.

« Il y a une tolérance zéro pour l’extrémisme de droite au sein de la Bundeswehr. Ceux qui attirent l’attention des autorités et dont il est prouvé qu’ils ont des tendances extrémistes sont écartés. C’est à la fois absolument juste et vital », a commenté Eva Högl, la commissaire de la Bundeswehr auprès du Bundestag.

En outre, Mme Zorg a également confié à la Deutsche Welle que, selon ses informations, « il n’y a eu aucune découverte de structures d’extrême-droite profondément enracinées au sein de la Bundeswehr. » Cependant, a-t-elle ajouté, il est encore « trop tôt pour tirer des conclusions car chaque cas individuel doit faire l’objet d’une enquête » et « des vérifications plus rigoureuses des antécédents des soldats du KSK sont « nécessaires » afin de « garder les extrémistes de droite » hors de cette unité.

Sur ce point, l’hebdomadaire Der Spiegel rapporte que les enquêteurs n’ont pas encore de réponse définitive à la question de savoir s’il y avait bien un réseau d’extrême droite au sein du KSK susceptible de « planifier des actes de violence » où si quelques soldats de la compagnie dissoute ont versé dans un « esprit de corps mal compris ».

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