En vertu de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, la Direction générale de la sécurité intérieure [DGSE] doit accentuer ses efforts dans le domaine du cyberespace, préserver son autonomie technique alors que les technologies sont en constante évolution, et consolider ses fonctions de soutien. Pour cela, et évidemment pour mener à bien ses missions, elle devra recruter 772 agents supplémentaires durant cette période.
Alors qu’ils ont été en hausse constante depuis maintenant une dizaine d’années, les moyens de la DGSE devraient de nouveau connaître une augmentation significative si le projet de loi de finances initiale pour 2021 est adopté en l’état par le Parlement.
En effet, selon le rapport pour avis sur les crédits alloués au programme 144 « Environnement et prospective de la politique de défense », publié par le député Fabien Gouttefarde, le budget de la DGSE pour 2021 est « marqué par une hausse très substantielle de la ressource en AE [autorisations d’engagement], à hauteur de 310%, et une hausse moins élevée mais également importante de la ressource en CP [crédits de paiement, ndlr], à hauteur de 12,4%. »
Concrètement, la DGSE pourra engager 1,5 milliard d’euros de dépenses quand ses crédits de paiement seront portés à 400 millions d’euros.
« Cette hausse permettra à la DGSE de poursuivre ses actions en conformité avec sa stratégie définie dans la LPM. […] Celle-ci lui permettra plus précisément de renforcer et de moderniser son modèle intégré, de garantir sa résilience et sa sécurité et d’accroître ses capacités d’action pour faire face aux menaces », explique M. Gouttefarde.
Et ce dernier d’ajouter : « Le contexte d’accroissement de son activité opérationnelle impose au service d’anticiper et de s’adapter aux évolutions technologiques et en particulier aux enjeux de l’univers numérique. Conjointement à ces axes de travail, la DGSE maintient ses efforts sur ses dispositifs techniques mutualisés au bénéfice de l’ensemble de la communauté du renseignement. » En outre, cette hausse lui permettra également de continuer ses efforts en matière d’immobilier, « avec une nouvelle étape à franchir pour la menée des projets nécessaires aux ambitions stratégiques de souveraineté fondant les trajectoires de programmation militaire. »
Pour rappel, les autorisations d’engagement constituent « la limite supérieure des dépenses pouvant être engagée » : il s’agit du niveau autorisé de dépenses futures dans le cadre de l’exécution d’un contrat, laquelle peut prendre plusieurs années. Les traites d’une telle commande sont honorées par des crédits de paiement.
Relevant du même programme 144, la Direction du Renseignement et de la Sécurité de la Défense [DRSD, ex-DPSD], dont la mission consiste à contrer les ingérences et à veiller sur l’intégrité du secret défense, voit le montant de ses autorisations d’engagement être réduit de 14,6%… mais ses crédits de paiement augmenter de 12,6%, pour atteindre respectivement 19,98 et 18,44 millions d’euros.
Enfin, la Direction du renseignement militaire, qui dépend du programme 178 « Préparation et emploi des forces », serait apparemment moins bien lotie que la DGSE et que la DRSD.
D’après le député Claude de Ganay, la « ressource prévue en 2021 » pour la DRM est « en légère baisse de 3 %, par rapport à l’exercice 2020. » En effet, le montant de ses autorisations d’engagement s’élevera à 55,8 millions d’euros [contre 57,65 millions en 2020] quand ses crédits de paiement se chiffreront à 54,7 millions d’euros [contre 56,52 millions en 2020].
Cela étant, assure le parlementaire, les moyens qui lui seront alloués lui permettront « d’héberger l’ensemble des données collectées et de faire du multi-intercepteurs [ROIM-ROC-ROHUM-GEOINTROEM], c’est-à-dire le croisement automatique de données du renseignement d’intérêt militaire provenant de différents capteurs par l’ajout d’outils performants tout en améliorant la disponibilité et la sécurité de l’accès à l’information pour la fonction interarmées du renseignement [FIR] et les théâtres d’opérations. »