Bernard Stamm, Laurent Bourgnon, Justine Mettraux, Dominique Wavre… Autant d’exemples qui montrent que l’on peut être citoyen suisse et avoir le pied marin, alors que ce pays n’est bordé par aucune mer. Pour autant, il dispose d’une flotte militaire… Cependant, parler de « marine militaire » pour la Confédération serait sans doute présomptueux. Au plus son armée dispose-t-elle de moyens nautiques pour patrouiller sur les lacs dont elle partage les rives avec ses voisins [lacs de Constance, Léman, de Lugano et Majeur, ndlr].
Cette flotte lacustre a vu le jour durant la Seconde Guerre Mondiale, quand l’état-major suisse s’inquiétait des ambitions de l’Allemagne nazie. À l’époque, il fut donc décidé de réquisitionner des bateaux civils et de les armer afin de parer à toute éventualité. Et, depuis, ces moyens ont constamment été modernisés. Et, nous apprend le quotidien « Le Temps », l’armée suisse vient de recevoir son quatorzième et dernier nouveau canot patrouilleur P-16, dans le cadre d’un marché de 45,4 millions d’euros attribué au constructeur finlandais Marine Alutech, associé au suisse Shiptec AG.
Mis en œuvre par la Compagnie de canots à moteur 10, qui relève du Génie, ce P-16 [ou Watercat 1250 Patrol] affiche une longueur de 13,5 mètres pour une largeur de 3,4 mètres et un déplacement de dix tonnes. Doté de deux moteurs diesels lui permettant de naviguer à la vitesse d’une trentaine de nœuds ainsi que de caméras et d’un radar, il est armé d’un tourelleau télé-opéré Protector M151 équipé d’une mitrailleuse Browing M2 de 12,7 mm. Enfin, il peut embarquer jusqu’à 15 personnes et dispose de deux couchettes d’appoint et d’une cuisine.
Outre ces engagement ponctuels, la compagnie a d’autres missions, comme la protection des eaux frontalières, l’appui aux militaires « engagés dans des activités dans ou sur l’eau » ou encore le transport de formations militaires et de civils.
Pour l’anecdote, ce fut également lors de la Seconde Guerre Mondiale que la Suisse – qui a un accès à la mer en vertu de la convention de Mannheim – se dota d’une flotte nationale de marine marchande, avec Bâle comme port d’attache. Il s’agissait alors pour Berne de sécuriser ses approvisionnement.