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mardi 27 octobre 2020

Un raid aérien russe élimine près de 80 rebelles pro-turcs; un message pour Recep Tayyip Erdoğan

 

En mars, après plusieurs semaines de combats ayant impliqué les rebelles pro-Ankara et les forces gouvernementales syriennes dans la province d’Idleb et le lancement de l’opération turque « Bouclier de printemps », le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, s’étaient mis d’accord sur le principe d’un cessez-le-feu ainsi que sur la mise en place de patrouilles communes russo-turques le long de l’autoroute M4 et de l’instauration d’un « couloir de sécurité ».

Depuis, il règne un calme relatif dans cette province d’Idleb, contrôlée en grande partie par des groupes jihadistes, dont le Hayat Tahrir al-Sham [HTS] et le Tanzim Hurras ad-Din. Dans le même temps, la Turquie a recruté des combattants parmi les groupes armés qu’elle soutient pour les envoyer ensuite en Libye et, plus récemment, au Haut Karabakh, théâtre d’un conflit entre l’Azerbaïdjan [soutenu par Ankara] et les forces arméniennes.

En Libye, ces mercenaires syriens s’opposent à ceux de la société militaire privée [SMP] russe « Wagner ». Et leur implication au Haut-Karabakh met Moscou dans l’embarras, en raison de ses accords de défense avec Erevan et ses bonnes relations avec Bakou.

Mais, a priori, et alors qu’elle soutient Damas, la Russie a voulu envoyer un message aux autorités turques, ce 26 octobre. En effet, un camp d’entraînement du groupe armé pro-turc Faylaq al-Sham a été visé par des raids aériens qui ont fait 78 tués et une centaine de blessés, selon un dernier bilan.

Le camp visé est situé dans la région de Jabal al-Douayli, dans le nord de la province d’Idleb, près de la frontière turque. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], ces frappes auraient été effectuées par les forces aériennes russes. Ce qu’a confirmé Seif al-Raad, un porte-parole du Front national de libération, une coalition rebelle à laquelle est affilié le Faylaq al-Sham. Cependant, Moscou n’a encore officiellement rien dit au sujet de ce raid aérien.

Cité par l’AFP, Nicholas Heras, analyste à l’Institute for the Study of War, Moscou a voulu envoyer un « message » à la Turquie, les « deux pays soutenant également des camps rivaux en Libye et au Nagorny-Karabakh. »

Et d’ajouter que la Russie « montre qu’elle peut frapper les supplétifs syriens d’Ankara autant qu’elle le souhaite, si la Turquie n’engage pas une désescalade des activités militaires allant à l’encontre des intérêts russes en Libye, en Syrie et dans Nagorny-Karabakh. »

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