Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 7 octobre 2020

Le traitement contre la Covid-19 de Donald Trump interroge

 

Depuis le 2 octobre, tous les médias se préoccupent de l'état de santé du Président américain Donald Trump. En pleine campagne électorale, l'homme qui déteste paraître « faible », est malade. Il présenterait des signes modérés de la Covid-19 : fièvre et encombrement des voies respiratoires notamment. Il a été transféré quelques jours au centre médical des forces armées des États-Unis et a bénéficié d'un traitement expérimental. Depuis, il est de retour à la Maison-Blanche. Cela fait donc quatre jours qu'il a été détecté positif à la Covid-19.

Le traitement conféré à Donald Trump est contraire à toute éthique médicale. Aucune conclusion ne pourra être tirée concernant l'efficacité de ce protocole, étant donné qu'il est le seul à en bénéficier. On a la nette impression que son équipe médicale tente de soigner le Président à l'aide de données préliminaires et de preuves mécanistes. Pour autant, rappelons que seuls les essais cliniques sont habilités à nous donner accès à une connaissance médicale. Un récent article paru dans la revue Science relate en détail ce que nous savons actuellement sur le traitement du Président. 

Des anticorps de synthèse de Regeneron

C'est une combinaison de deux anticorps de synthèse qui est censée empêcher la fixation de la protéine Spike du SARS-CoV-2 sur son récepteur favori, l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2. 

Les expériences qui démontrent l'efficacité de ce cocktail d'anticorps concernent les animaux. Il semble que ce traitement puisse réduire la charge virale et la sévérité de la maladie chez l'animal. Regeneron, l'entreprise qui produit le cocktail d'anticorps, a présenté la semaine dernière des données préliminaires chez l'Homme. Pour l'instant, aucun essai clinique de phase 3 n'est donc publié dans la littérature scientifique. De plus, ces mêmes données préliminaires concernent des personnes asymptomatiques pour la plupart et quelques personnes avec une affection modérée. Ensuite, toujours en regardant ces données, on constate que le dosage utilisé était de 2,4 grammes alors que Donald Trump a reçu une perfusion de 8 grammes. 

Enfin, l'utilisation de ces anticorps ne peut normalement se faire qu'en participant à un essai clinique où le patient reçoit de façon aléatoire le traitement à l'étude ou un placebo. Ce n'est que dans le cadre de traitement compassionnel que l'on peut envisager de donner un traitement en dehors d'un essai clinique. L'état de santé de Donald Trump - en tout cas celui qui a été communiqué - ne laissait pas penser qu'un tel traitement était nécessaire.

Le Remdesivir de Gilead

Par la suite il a aussi reçu du Remdesivir, le fameux traitement de la firme pharmaceutique Gilead. Ce traitement a montré une efficacité extrêmement limitée, avec un service médical rendu, jugé trop faible, par la Haute autorité de santé (HAS) pour pouvoir prétendre à une autorisation de mise sur le marché et un remboursement par la Sécurité sociale en France. 

De la dexaméthasone, le seul traitement qui dispose de preuves cliniques robustes

C'est le seul traitement que Donald Trump ait reçu qui a apporté la preuve de son efficacité chez les patients atteints de Covid-19 en phase sévère de la maladie. Dès lors, soit Donald Trump a déjà connu cette phase sévère, soit c'est encore une utilisation hasardeuse de la part de son équipe médicale. Des vidéos récentes suggèrent que le Président souffre encore de difficulté notable pour respirer, malgré sa volonté de montrer à ses électeurs qu'il va mieux.

Et le reste...

Il plane une drôle d'impression parmi la communauté scientifique et médicale mondiale : celle que l'équipe médicale du Président a vraiment pris tout et n'importe quoi pour tenter de le « soigner ». Dans son protocole de soin, on retrouve également du zinc, de la vitamine D, de la famotidine (un antihistaminique), de la mélatonine (une hormone), et de l'aspirine. La question se pose aussi de l'interaction entre tous ces médicaments. Si tout cela paraît complètement incompréhensible et incensé, peut-être une chose l'est encore plus : où est donc l'hydroxychloroquine, le « meilleur médicament de toute l'histoire de la médecine », selon les propos vociférés durant le mois de mars par le Président américain lui-même.