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mercredi 30 septembre 2020

Financement du terrorisme: 29 personnes en garde à vue

 

Le parquet antiterroriste annonce que 29 personnes ont été placées en garde à vue ce mardi dans le cadre d'une vaste opération menée en France. Elle s'inscrit dans le cadre d'une enquête ouverte en janvier dernier pour financement du terrorisme.

A la suite d'une vaste opération antiterroriste menée en France ce mardi, 29 personnes ont été placées en garde à vue, annonce le parquet national antiterroriste (Pnat). L'opération s'inscrit dans le cadre d'une enquête ouverte en janvier 2020 pour financement du terrorisme et association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Le service de renseignement Tracfin, l'organisme gouvernemental chargé notamment de la lutte contre le financement du terrorisme, a annoncé que ces interpellations ont eu lieu après la "détection d'un circuit sophistiqué de transferts de fonds à a des jihadistes français encore présents en Syrie". Ce système de cyberfinancement aurait profité à des membres d'Al-Qaïda et de l'Etat islamique. 

Cette opération a conduit à "55 perquisitions dans 26 départements différents et au placement en garde à vue de 29 personnes, âgées de 22 à 66 ans, qui sont suspectées pour la plupart d'avoir injecté des fonds dans le réseau au bénéfice de proches se trouvant en Syrie, et pour deux d'entre eux, d'avoir joué le rôle de chevilles ouvrières", explique le Pnat dans un communiqué.

Cyberfinancement grâce aux cryptomonnaies 

Les enquêteurs expliquent avoir identifié une "nouvelle évolution dans le financement du terrorisme". Jusqu'ici, "l’envoi de mandats cash à des collecteurs implantés dans des pays limitrophes de la Syrie constituait le principal vecteur de transferts de fonds à des jihadistes. La surveillance constante de ces réseaux a conduit les organisations terroristes à rechercher davantage d’opacité par le recours à des crypto-monnaies de type bitcoin."

Actif depuis 2019, le réseau visé par l’opération antiterroriste de ce mardi "repose principalement sur l’achat, en France, de coupons de cryptomonnaie dont les références ont été transmises par messagerie sécurisée à des jihadistes présents en Syrie, puis crédités sur des plateformes de bitcoins". 

Ces derniers mois, "plusieurs dizaines de personnes résidant en France se sont rendues à maintes reprises dans des bureaux de tabac pour acheter anonymement des coupons d’une valeur comprise entre 10 et 150 euros. Ces coupons étaient ensuite crédités sur des comptes ouverts depuis l’étranger par des jihadistes qui se chargeaient de les convertir en crypto-monnaies sur des plateformes d’achat de bitcoins", détaille le communiqué du parquet.

Les enquêteurs ont identifié "le rôle central de deux jihadistes français qui sont suspectés d’avoir créé, depuis le nord-ouest syrien, l’architecture de ce réseau de financement du terrorisme. Il s’agit de Mesut S. et de Walid F., tous deux âgés de 25 ans. Ayant rejoint ensemble la Syrie en 2013, ils sont suspectés d’être des membres du groupe terroriste Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) affilié à Al-Qaïda et sont visés par un mandat d’arrêt suite à une première condamnation à une peine de 10 ans d’emprisonnement."

De son côté, le Collectif des familles unies, qui regroupe une centaine de familles de Français présents en Syrie et en Irak, dénonce des arrestations et perquisitions les visant. Il affirme qu'il est reproché aux familles d’avoir "envoyé de l’argent à leurs filles ou leurs belles-filles actuellement détenues par les Forces démocratiques syriennes et l’administration kurde du nord-est de la Syrie".

"Ces arrestations ont été effectuées dans des conditions traumatisantes, des parents ont été menottés devant leurs enfants", indique le collectif.

Les familles rappellent le contexte dans lequel vivent leurs proches : "Depuis maintenant plus de deux ans, ces femmes sont prisonnières avec leurs enfants dans des camps où les rations alimentaires octroyées par les organisations humanitaires (riz, boulgour, huile…) ne suffisent pas à nourrir les enfants. Dans ces camps, tout est payant : la nourriture, les vêtements, l’eau minérale… Seule l’aide envoyée par les familles permet aux enfants de manger de temps en temps des légumes, des fruits, quelquefois de la viande, et de ne pas boire l’eau putride des réservoirs (…) Ces aides sont connues des services de police depuis des années, et les familles ont toujours été transparentes là-dessus. L’argent est distribué dans les camps par l’administration kurde elle-même."

Le collectif dénonce par conséquent une "opération de police indigne" et des "poursuites honteuses". "Si l’Etat ne veut pas que les familles aident leurs petits-enfants à survivre, qu’il les rapatrie immédiatement", insistent les familles. Ces dernières affirment qu'elles "n’abandonneront jamais ces enfants".

francebleu.fr