mercredi 17 juin 2020
Le Mouvement 5 Étoiles soupçonné de financement occulte par le régime de Chavez
Aujourd’hui au gouvernement en Italie, le Mouvement 5 Étoiles (M5S) est accusé par un quotidien espagnol conservateur d’avoir reçu un financement occulte du régime vénézuélien d’Hugo Chavez en 2010. Le M5S critique une « fake news ».
L’affaire défraie la chronique en Italie et pourrait fragiliser la coalition au pouvoir : le Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystème) aurait reçu en 2010 un financement occulte du régime vénézuélien d’Hugo Chavez, accuse un quotidien espagnol.
Citant un document classifié des services de renseignement vénézuéliens, daté du 25 juillet 2010 et dont il publie une photo, le quotidien conservateur ABC a affirmé lundi que le président actuel, Nicolás Maduro, à l’époque ministre des Affaires étrangères d’Hugo Chavez aujourd’hui disparu, avait envoyé 3,5 millions d’euros en Italie via la valise diplomatique.
L’argent aurait été versé à Gianroberto Casaleggio (décédé en 2016), fondateur du M5S avec l’humoriste Beppe Grillo.
Démenti du M5S
Le M5S, aujourd’hui aux commandes du pays en coalition avec le Parti démocrate (gauche) et dont l’actuel Premier ministre Giuseppe Conte est proche, a catégoriquement démenti.
C’est une fake news tout simplement ridicule, a commenté l’actuel chef politique du mouvement, Vito Crimi, qui a dit envisager une action en justice.
L’ambassade du Venezuela à Rome a également rejeté ces accusations et dénoncé une nouvelle fausse et contrefaite, un faux fabriqué par l’extrême droite, évoquant elle aussi une possible action en justice, selon l’agence italienne AGI.
« Valise diplomatique »
Les présumés fonds occultes, versés en liquide, auraient été destinés à financer secrètement le mouvement protestataire et populiste fondé en 2009 et développant certaines thématiques proches de l’extrême gauche.
La mallette de cash aurait été envoyée de manière sûre et secrète par valise diplomatique, selon ABC, qui cite un document des services de renseignements vénézuéliens, alors dirigés par Hugo Carvajal.
La somme destinée à financer le M5S provenait des fonds réservés gérés par le ministre de l’Intérieur de l’époque, aujourd’hui ministre du Pétrole et vice-président, Tareck el Aissami, toujours selon ABC.
« Tempête sur le M5S »
Arrêté en avril 2019 à Madrid et accusé de trafic de drogue, ce qu’il nie, Hugo Carvajal avait été mis en liberté en septembre avec interdiction de quitter l’Espagne. En novembre, la justice espagnole a donné son feu vert à son extradition vers les États-Unis, mais il est depuis introuvable.
Mardi matin, les affirmations du journal espagnol faisaient les gros titres de la presse italienne. Roman noir sur l’argent aux 5 étoiles, ouvrait en Une le quotidien conservateur Il Corriere della Serra. Le polar des 3,5 millions d’euros vénézuéliens, titrait ?La Repubblica (centre-gauche), tandis que La Stampa de Turin écrivait Tempête sur le M5S.
Ces révélations interviennent alors que le M5S connaît depuis deux ans de vives tensions internes et que son influence politique ne cesse de reculer.
Scission du mouvement ?
Ces derniers jours, ces tensions sont encore montées d’un cran, laissant présager une possible scission, entre notamment son fondateur, Beppe Grillo, connu notamment pour ses prises de position anti-migrants, et Alessandro Di Battista, tenant d’une ligne plus à gauche et fin connaisseur de l’Amérique latine.
Au pouvoir en Italie depuis les législatives de 2018 auxquelles il avait remporté 32 % des voix, et à ce titre premier parti du pays, le M5S a régulièrement perdu du terrain depuis, reculant lors des élections et chutant dans les sondages qui le créditent aujourd’hui d’environ 15 % des intentions de votes.
Il a d’abord gouverné avec la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, pour ensuite s’allier avec le Parti démocrate.
« Boule puante »
L’attitude amicale de certaines franges du M5S envers le régime vénézuélien m’a toujours déconcerté, quand bien même elle serait gratis, a ironisé mardi Matteo Salvini.
Toutes les vérifications seront faites, mais […] l’intéressé (Casaleggio) ne peut pas se défendre, a déclaré lundi soir sur une chaîne locale l’ex-chef politique du M5S et actuel ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, soulignant que l’authenticité du document produit par ABC avait été contestée par l’ambassade du Venezuela.
Ça a le goût de la classique boule puante, au détriment de la politique italienne, a commenté dans la presse une responsable du PD, la sénatrice et ex-ministre Roberta Pinotti.