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mercredi 3 juin 2020

Demande d'enquête sur des liens entre le pétrolier Rubis et Daesh


Une députée française a demandé mardi, dans une question écrite au ministre de l'Intérieur, l'ouverture d'une enquête sur une société de stockage de produits pétroliers et ses liens éventuels avec l'organisation jihadiste Etat islamique (EI).

Dans la question adressée à Christophe Castaner, la députée des Hauts-de-Seine Frédérique Dumas évoque «la forte éventualité qu'une société française cotée en bourse, spécialisée notamment dans le stockage de produits pétroliers et chimiques, puisse avoir un lien avec le financement de l'Organisation de l'Etat islamique».

Elle s'étonne qu'un rapport parlementaire sur la question de juillet 2016 ne mentionne pas l'entreprise et que le service de renseignement financier Tracfin n'ait pas été saisi.

Contactée par l'AFP, Mme Dumas a indiqué qu'il s'agissait de la société Rubis, qui fait l'objet d'une enquête publiée mardi par le site Le Média.

L'article mentionne notamment la dénonciation en décembre 2015 par le ministère russe de la Défense «des relations troubles» entre EI et la Turquie» et de l'écoulement du pétrole de l'organisation via des terminaux portuaires au sud-est de la Turquie, près de la frontière syrienne, où le groupe était établi.

«Il est absolument anormal qu'on ne cherche pas à en savoir plus», a déclaré à l'AFP Frédérique Dumas, affirmant ne pas présager de la culpabilité de l'entreprise. «Il ne s'agit pas de dire: "ils ont fait ça" mais de demander aux autorités compétentes +rassurez-nous+ !». Contactée par l'AFP, la société n'avait pas réagi mardi en fin de journée.

Selon la question écrite de Mme Dumas, Rubis a réalisé d'importants investissements «afin de développer les infrastructures du terminal pétrolier du port de Ceyhan, en Turquie» pour devenir «le plus gros terminal indépendant de produits pétroliers en Méditerranée».

La députée souligne la hausse importante du volume pétrolier en provenance du Kurdistan irakien en 2014, année où l'EI proclame un califat à cheval sur la Syrie et l'Irak, lequel ne sera démantelé par la coalition internationale qu'en mars 2019.

Elle rappelle que le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné «toute participation au commerce direct ou indirect, en particulier de pétrole et de produits pétroliers» avec EI.

«Pourquoi et comment la mission parlementaire a-t-elle été tenue à l'écart des activités de cette société ? Le ministère de l'intérieur a eu connaissance de ce dossier, souhaite-t-il le transmettre au procureur financier pour engager une enquête préliminaire ?», demande-t-elle au ministre.

Ce rapport parlementaire consacré aux «moyens de Daech», avait jugé «très peu probable que les raffineries européennes achètent des hydrocarbures» à l'organisation jihadiste.

«Les compagnies pétrolières françaises pourraient tenter d’éclairer plus spontanément les services douaniers sur les zones dont provient le pétrole et dont elles ont une relativement bonne connaissance», suggéraient pour autant les auteurs.
AFP