Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 1 mai 2020

Trump contredit ses propres services de renseignements en estimant avoir des preuves sur l'origine du Covid-19


La menace d'une crise diplomatique s'ajoute à la catastrophe sanitaire et économique mondiale. Donald Trump a dit jeudi envisager des taxes punitives contre Pékin après avoir acquis la certitude que le nouveau coronavirus proviendrait d'un laboratoire chinois.

Sans détailler les éléments dont il disposerait, le président américain a répondu «oui» à un journaliste à la Maison-Blanche qui lui demandait: «Avez-vous vu jusqu'ici des choses qui vous permettent de croire sérieusement que l'Institut de virologie de Wuhan est à l'origine» de la pandémie? «C'est quelque chose qui aurait pu être contenu à l'endroit d'origine et je pense que ça aurait pu être contenu très facilement», a déclaré ceklui qui a, ces dernières semaines, accusé Pékin de dissimulation de données cruciales sur l'épidémie.

Des attaques répétées contre Pékin durant l'épidémie

Interrogé sur la possibilité que les Etats-Unis ne remboursent pas leur dette à la Chine en rétorsion, Donald Trump a déclaré: «Je peux le faire autrement. Je peux faire la même chose mais autrement en instaurant des taxes douanières», comme il l'a déjà fait lors du conflit commercial qui l'a opposé à Pékin.

Donald Trump s'en est souvent pris à la Chine depuis le début de l'épidémie, qui a considérablement affaibli l'économie américaine dont la bonne santé était l'un des principaux arguments de campagne du milliardaire républicain, candidat à sa réélection en novembre. Il accuse ainsi régulièrement la Chine de mentir sur le bilan humain de l'épidémie, alors que son pays compte plus de 62 000 morts officiellement liées au Covid-19.

Il a également récemment évoqué la possibilité de demander à Pékin de payer des milliards de dollars de réparations pour les dommages causés par le nouveau coronavirus.

Trump discrédite son service de renseignement pour couvrir ses erreurs

Vivement critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire, Donald Trump fait face en allumant des cotre-vérités pour couvrir ses erreurs. Dès le mois de novembre, les services américains de renseignement sur le coronavirus avaient transmis à la Maison Blanche un rapport alarmant.

Ce document alertait sur une épidémie se propageant dans la région de Wuhan en Chine et menaçant la population. Officiellement, Pékin a commencé à communiquer sur le coronavirus à partir du mois de décembre. Un mois avant, les experts américains considéraient déjà cette épidémie comme un événement «probablement cataclysmique», écrit la chaîne ABC. Au mois de janvier, une note détaillée a été transmise à Donald Trump qui n'a pas réagit.

"L'ensemble des services de renseignement apporte constamment un soutien crucial aux dirigeants politiques et à ceux qui luttent contre le virus (provoquant la maladie) Covid-19, qui provient de Chine", a indiqué la direction nationale du renseignement (DNI) dans un communiqué.

"Les services de renseignements rejoignent le large consensus de la communauté scientifique pour convenir que le virus du Covid-19 n'a pas été créé par l'Homme ou modifié génétiquement", ajoute le communiqué.




"La communauté du renseignement continuera a étudier avec rigueur les informations et renseignements qui émergeront pour déterminer si l'épidémie a commencé par un contact avec des animaux infectés ou si elle a été le résultat d'un accident de laboratoire à Wuhan", la ville chinoise d'où est partie la pandémie, conclut le communiqué.

Trump persiste dans ses affirmations

Cette rare déclaration publique des renseignements américains intervient après que le président Donald Trump n'a pas exclu de réclamer des dédommagements à Pékin pour l'épidémie de coronavirus.

Selon des médias américains, le locataire de la Maison Blanche a chargé les services de renseignement de découvrir l'origine du virus, attribué initialement à un marché de Wuhan, avant qu'un laboratoire de recherche de la ville ne soit soupçonné.

Peu après la communication de ses propres services expliquant qu'ils n'avaient pas de preuve que le Covid-19 se soit propagé depuis un laboratoire, Donald Trump a démenti en prétendant de son côté en avoir. Il a expliqué "ne pas avoir la permission" de dire pourquoi il est certain que le Covid-19 provient de cet institut à Wuhan, refusant d'entrer dans les détails. Le locatataire de la Maison Blanche n'a par contre pas évoqué un virus "fabriqué" ou "modifié".

ATS