dimanche 24 mai 2020
13 Françaises radicalisées en cavale
Hayat Boumedienne, son nom parle moins à la population française que celui d'Amédy Coulibaly, inscrit à jamais en lettres de sang dans la mémoire du pays. Pourtant, la jeune femme qui était la compagne du terroriste impliqué dans les attentats de janvier 2015 à Paris, est tout aussi dangereuse, et continue d'échapper à tous les services de renseignements et anti-terroristes.
Car l'information de source judiciaire qui a fuité récemment, que la chaîne de télévision publique France 2 a rapporté, est bien confirmée par le CAT, le Centre d'analyse du terrorisme basé dans la capitale française : Hayat Boumedienne s'est fait la belle d'un camp de prisonniers gardé par les forces kurdes sur le territoire syrien, et elle n'était pas seule à s'évader; 12 autres Françaises radicalisées et embrigadées par le groupe Etat islamique l'ont suivie dans sa cavale.
Jean-Charles Brisard, l'un des co-fondateurs du Centre d'analyse du terrorisme, l'a indiqué à l'Agence France-Presse ce mercredi :
A ce jour, 13 femmes djihadistes françaises qui étaient détenues dans des camps sous le contrôle des Kurdes de Syrie - principalement al-Hol et Aïn Issa - sont présumées en fuite, notamment Hayat Boumedienne, soit 10% des Françaises détenues en Syrie.
Des complices à ne pas sous-estimer
La jeune terroriste la plus recherchée par les agents du renseignement français aurait, selon eux, rejoint la zone de guerre à cheval sur l'Irak et la Syrie juste un peu avant les attaques sanglantes menées en janvier 2015 à Paris. Elle aurait été escortée et protégée par deux frères, nommés Belhoucine, dont Mohamed, le plus âgé, était considéré par le djihadiste Amédy Coulibaly comme un "maître".
Quant à ses complices d'évasion, elles ne sont pas à prendre pour du "menu fretin", tient à spécifier Jean-Charles Brisard :
Certaines ont été mariées à des djihadistes très connus, d'autres ont fait de la propagande et sont apparues dans les revues de l'organisation Etat islamique.
"Revenir (...) en Europe pour y commettre des attentats"
Hayat Boumedienne est bien sûr apparue rapidement sur la liste des enquêteurs travaillant sur les attentats contre le journal satirique Charlie Hebdo, contre une policière de Montrouge, dans la banlieue sud de Paris, et contre le petit supermarché juif Hyper Cacher, mais en mars 2019, la femme d'un autre tristement célèbre combattant de Daech, Jean-Michel Clain, a affirmé aux services de sécurité qu'elle était morte. Fin avril dernier, cela n'a pas empêché la justice française d'ouvrir une enquête à son encontre pour "association de malfaiteurs terroristes criminelle".
Jean-Charles Brisard, du Centre d'analyse du terrorisme, estime que l'évasion des 13 femmes djihadistes d'un camp en Syrie peut notamment s'expliquer par l'énorme difficulté qu'ont les Kurdes à tout contrôler, jour et nuit, dans d'immenses centres surpeuplés à ciel ouvert. Il voit dans cette incapacité un grand risque :
Le principal risque est celui de la dispersion de djihadistes, qui pourraient soit renforcer les rangs d'organisations en Syrie ou en Irak, soit tenter de rejoindre une autre terre de Djihad, soit pour certains revenir clandestinement en Europe pour y commettre des attentats.