Une dizaine de villes dans le Nord de l'Italie se sont réveillées dimanche en quarantaine après la multiplication des cas de coronavirus et deux décès, les premiers d'Européens sur le continent. La maladie est par ailleurs toujours en progression en Corée du Sud.
Fermeture des entreprises et des établissements scolaires, annulation d'événements culturels et sportifs, report de matches de foot: le gouvernement italien tente de mettre sous cloche une partie de la Lombardie et la Vénétie pour freiner l'épidémie de pneumonie virale.
Plus de 100 cas sont désormais recensés en Italie, selon le président de Lombardie, pour qui "il faut des contrôles accrus aux frontières". "Les personnes contaminées en Lombardie sont au nombre de 89, dont un jeune en Valtellina", a-t-il déclaré dimanche à la télévision SkyTG24.
En Italie, il y a eu deux décès et treize personnes sont en soins intensifs, les autres présentant des symptômes légers ou sans symptômes.
Samedi soir, le gouvernement a adopté un décret-loi très strict qui met à l'isolement 11 villes -10 de Lombardie (région de Milan) et 1 proche de Padoue, en Vénétie. "Ni l'entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière", a indiqué le Premier ministre Giuseppe Conte. Environ 52'000 personnes sont concernées.
Plus de 100 cas
Le principal foyer de cette épidémie autochtone de Covid-19, sans précédent en Europe, se trouve autour de Codogno, une localité de 15'000 habitants, dont beaucoup travaillent dans la zone ou à Milan, à 60 km de là. Les images des télévisions locales montraient une absence de barrages pour le moment autour des villes concernées. Même si le décret-loi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à trois mois de réclusion pour les contrevenants.
Tout en appelant la population à observer une sorte d'auto-quarantaine, M. Conte a indiqué qu'il pourrait envoyer l'armée et les forces de l'ordre pour faire respecter la consigne de ne pas sortir ni entrer dans les deux zones identifiées comme à risque. En revanche, les populations concernées peuvent se déplacer à l'intérieur de leurs villes où les pharmacies ont reçu pour consignes de rester ouvertes.
Nouveaux cas en Corée du Sud
En Corée du Sud, le gouvernement a rehaussé "au plus haut" son niveau d'alerte concernant le coronavirus après plusieurs jours consécutifs de hausse inquiétante des cas de contamination. Le nombre de malades dans le pays s'est accru dimanche de 169 cas, portant à 602 le nombre de personnes contaminées au Covid-19. Trois personnes sont également décédées, portant à cinq le nombre de victimes.
La Corée du Sud compte le deuxième plus grand nombre de malades sur son sol, après la Chine, d'où l'épidémie est partie - exception faite du foyer d'infection du paquebot Diamond Princess au Japon. L'épidémie de Covid-19 est "à un tournant décisif. Les prochains jours seront cruciaux", a affirmé dimanche le président Moon Jae-in à l'issue d'une réunion de son gouvernement sur ce sujet.
Parmi les 169 nouveaux cas rapportés dimanche, 95 ont un rapport avec l'Eglise de Shincheonji de Jésus de la ville de Daegu, selon le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies (KCDC). Au total, plus de 300 personnes contaminées ont un lien avec cette secte chrétienne.
Ecoliers en quarantaine
En Israël, près de 200 écoliers israéliens ont été appelés à rester cloîtrés chez eux pendant 14 jours à partir de dimanche. Ces écolier scolarisés dans trois établissements à travers le pays ont récemment rencontré lors d'excursions pédagogiques des pèlerins chrétiens venus de Corée du Sud.
Le ministère de l'Education a aussi ordonné à 18 enseignants et à un garde de sécurité de rester chez eux.
L'Iran a annoncé trois nouveaux morts parmi 15 nouveaux cas.
Risques d'expansion
En Chine, le bilan a atteint dimanche 2442 morts après l'annonce de 97 décès supplémentaires, tous sauf un dans la province centrale du Hubei, berceau du nouveau coronavirus. La grande majorité des nouveaux décès ont été enregistrés à Wuhan, capitale du Hubei.
La commission nationale (ministère) de la Santé a aussi fait état de 648 nouveaux cas confirmés de contamination dans tout le pays, ce qui porte à près de 77'000 le total des contaminations en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao).
L'OMS s'inquiète de l'apparition de cas atypiques
L'Organisation mondiale de la santé a, pour la première fois, affirmé vendredi 21 février que la période propice pour enrayer l'épidémie due au nouveau coronavirus Covid-19 "se rétrécissait" et s'alarmait de l'absence de "lien épidémiologique clair" dans des cas apparus en dehors de la Chine.
Les nouveaux foyers de la maladie se multiplient : premier cas confirmé au Liban, deux décès supplémentaires en Iran, doublement des cas en Corée du Sud et quelque 500 prisonniers contaminés en Chine.
Signe de la nervosité croissante, un dizaine de villes du Nord de l'Italie ont fermé vendredi bars, écoles et autres lieux publics en raison de soupçons de contamination sur 16 personnes.
Six nouveaux envoyés spéciaux
L'OMS refuse pour l'instant de parler de pandémie, mais considère qu'il y a "des épidémies différentes, montrant des phases différentes", a-t-elle expliqué. "Nous essayons de trouver un sens à toutes ces situations différentes dans le monde".
Signe de son inquiétude, l'agence spécialisée de l'ONU a annoncé la nomination de six envoyés spéciaux, parmi lesquels David Nabarro, ancien coordonateur de l'ONU pour Ebola lors de l'épidémie qui toucha l'Afrique de l'Ouest entre fin 2013 et 2016.
Nouvelle encourageante toutefois : même si l'OMS n'espère pas de vaccin opérationnel d'ici au moins un an, la Chine a annoncé que ses chercheurs pourraient réaliser fin avril des premiers essais sur l'homme.
ATS