mercredi 27 novembre 2019
La République tchèque à la merci des services secrets chinois et russes
Selon le service de renseignement tchèque (BIS), la Chine et la Russie ont tenté d’influencer les positions officielles de l’État en matière de sécurité internationale, et de menacer le système démocratique, a-t-il averti dans son rapport annuel portant sur 2018.
Le rapport a été rendu public quelques jours seulement après que le partenaire média d’Euractiv République tchèque, Aktuálně.cz, a révélé que la Chine avait financé un cours de « propagande » à l’université Charles de Prague, et payé un voyage en Chine pour certains de ses meilleurs étudiants. A la suite de ce scandale, la principale université tchèque a décidé de fermer son centre tchéco-chinois.
« La complexité des activités chinoises est comparable à celle des activités russes », écrit le BIS dans son rapport, soulignant que l’augmentation des activités chinoises dans le pays est considérée comme un problème de sécurité fondamental. « Ces activités comprennent la recherche et la prise de contact avec des coopérateurs et agents potentiels parmi les citoyens tchèques », a averti le BIS. Les renseignements chinois utiliseraient notamment LinkedIn pour rechercher et contacter des collaborateurs potentiels (!).
En ce qui concerne la Russie, le BIS a relevé que son principal objectif était de manipuler les processus décisionnels pour affaiblir l’opposition. Selon le BIS, les agents de renseignement russes tentent d’influencer les politiciens, qui peuvent avoir un impact sur le développement des sujets qui intéressent la Russie.
Des militants prorusses opérant en République tchèque ont également menacé la Constitution du pays en diffusant des informations erronées. « Ces dernières années, les militants prorusses se sont opposés à l’ordre politique de la République tchèque et à son adhésion à l’UE et à l’OTAN de manière plus intensive, plus conceptuelle et plus systématique », selon le rapport.
Le document a déclenché une vague de réactions de la part des politiciens tchèques, qui ont surtout félicité le BIS pour son excellent travail. La ministre des Finances, Alena Schillerová (ANO, RE), a déclaré que le gouvernement était en train d’analyser soigneusement tous les documents confidentiels obtenus. Markéta Pekarová Adamová, nouvelle leader du TOP 09 (PPE) pro-européen, a noté que le gouvernement n’était manifestement pas assez actif. Elle a également déclaré que « le chef des militants prorusses se trouv[ait] dans le château (de Prague) » , faisant clairement allusion au bureau du président.
Le président tchèque, Miloš Zeman, est connu pour ses positions prorusses. En réponse au rapport du BIS, le porte-parole de M. Zeman a déclaré qu’il était inacceptable que le BIS accuse des personnes ayant simplement une opinion différente de faire de la désinformation. Il a aussi reproché au service de renseignement du pays d’avoir tenté de restreindre la liberté d’expression. (Aneta Zachová, Euractiv République tchèque)