Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 8 novembre 2019

La DGSI rompt son habituel silence pour embaucher




La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) recrute et elle tient à le faire savoir. Longtemps « enfermé sur ses mystères », comme le concède un haut gradé au Monde, le prestigieux service de renseignement, chef de file de la lutte antiterroriste, se lance pour la première fois, en cet automne, dans une campagne de recrutement. Et pour cause, la DGSI doit étoffer ses troupes – 4 500 personnes – avec près de 1 200 embauches d’ici à 2024. Or certains profils sont désormais autant chassés par les géants du Web que par les autres services de renseignement.

Cette montée en puissance s’inscrit dans la lignée des plans d’embauches mis en place durant le quinquennat de François Hollande dans le contexte des attentats de 2015, puis du plan de renforcement des forces de sécurité intérieure annoncé par Emmanuel Macron après son élection : 10 000 embauches promises d’ici à 2022 – environ 2 500 pour les gendarmes et 7 500 pour les policiers.

La DGSI, qui reste avant tout une « maison de police », puisera surtout dans le quota de ces derniers. Mais si les besoins en enquêteurs (chargés de la collecte du renseignement) et en analystes (chargés d’exploiter ces données) sont grands, les métiers se diversifient chaque année un peu plus. Les nouvelles technologies poussent la DGSI à chercher des spécialistes des systèmes d’information, de la cybersécurité et du big data (l’analyse informatisée de gigantesques bases de données).

La menace s’étant internationalisée, le service de renseignement recherche également des traducteurs dans des langues aussi diverses que l’arabe, le persan, le chinois, le russe ou certains dialectes africains. A travers cette campagne de recrutement, la DGSI cherche par ailleurs à élargir son « vivier ». « On a besoin d’avoir le choix le plus large possible », résume-t-on à la direction, où l’on prépare une vidéo pour expliquer les activités de l’institution et une campagne de communication.

« Nous ne cherchons pas que des ingénieurs surdiplômés, on embauche aussi des techniciens, des administratifs. C’est la personne qui compte le plus », explique au Monde un membre des ressources humaines, soucieux de casser l’image d’élitisme qui colle à la peau du service. Ces derniers mois, la DGSI a noué des liens avec deux écoles d’ingénieurs en informatique, l’Epita et l’Esiea. D’ici à la fin de l’année, elle a aussi un projet de convention avec des structures universitaires.