Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 10 octobre 2019

Manifestation de soutien à Mickaël Harpon: une course à l'indignité


Hadama Traoré placé en garde à vue

L'homme qui voulait organiser une manifestation afin de dénoncer «la désinformation médiatique et politique» dans l'affaire Mickaël Harpon a été placé en garde à vue. Le préfet du Val d'Oise a également annoncé que le rassemblement était interdit.

Hadama Traoré, qui souhaitait organiser une manifestation le 10 octobre à Gonesse (Val d’Oise) pour dénoncer «la désinformation médiatique et politique» dans l'affaire Mickaël Harpon (qui a tué quatre de ses collègues à la préfecture de police de Paris le 3 octobre), a été placé en garde à vue ce 9 octobre selon une information de BFMTV confirmée par Franceinfo citant une «source judiciaire».

D'après cette même source, le candidat malheureux aux élections européennes de 2019 a été gardé à vue pour «menaces et actes d'intimidation sur une personne exerçant une fonction publique ou d'utilité collective, menaces de crime contre les personnes et outrage».

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner avait fait savoir sur Twitter, le 9 octobre, que cette manifestation qu'il jugeait «en soutien» à Mickaël Harpon, selon ses mots, serait interdite. Il avait fustigé une «infamie et une insulte à la mémoire de nos policiers» et demandé «à ce que les propos odieux tenus par son organisateur soient dénoncés au procureur de la République, sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale».

Après les déclarations du ministre, le préfet du Val d’Oise avait pris dans l’après-midi un arrêté préfectoral interdisant le rassemblement. «Considérant qu’au regard de la particulière gravité et du caractère très récent des actes commis par Mickaël Harpon, […] de l’émoi ressenti par les fonctionnaires de la préfecture de police et, au-delà, par la communauté nationale toute entière […], une manifestation dont l’objet viserait à les justifier ou à les relativiser, voire à soutenir leur auteur serait susceptible de causer un trouble aussi grave dans les consciences et de porter gravement atteinte au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine, consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et par la tradition républicaine», était-il rappelé.

Dans son appel à manifester, Hadama Traoré, qui condamnait par ailleurs sans réserve l'«acte atroce et impardonnable» de l'assaillant et expliquait sur Facebook avoir une «pensée» pour ses victimes, souhaitait dénoncer «la désinformation médiatique et politique». Selon lui, Mickaël Harpon «était une crème» qui était «brimé dans son travail», du fait de son handicap : «Il était discriminé parce qu’il était sourd. Ce contexte explique pourquoi il a craqué. Tous les faits que [les médias] donnent pour justifier son côté extrémiste auraient pu concerner les dix millions de Français de confession musulmane.»

«J’ai la haine. La personne qui ose dire que Mickaël Harpon était un terroriste animé par des revendications religieuses, je lui traite sa mère et je lui crache à la gueule… Après Mickaël, plus personne en France n’osera salir une religion du Livre», affirmait-il encore.

Le rassemblement qu'il organisait était également censé, selon lui, rendre «hommage aux policiers assassinés».

Tariq Ramadan rivalise d'indignité

L'islamologue suisse et le militant associatif Hadama Traoré se sont livrés à une choquante réhabilitation de Mickaël Harpon, l'auteur de l'attentat à la préfecture de police de Paris.

L’indécence est une disposition incurable chez Tariq Ramadan. Au surlendemain de l’attaque de la préfecture de police de Paris, dès potron-minet, l’islamologue suisse s’est fendu d’un message nauséeux sur Facebook. Tariq Ramadan y explique en substance que l’auteur de cette croisade meurtrière, Mickaël Harpon, n’est pas le terroriste islamiste que l’on croit.

« Après les radicalisés en une heure, voici venir le temps des radicalisés psychotiques », ironise le petit fils du fondateur des Frères musulmans. Et de verser des larmes de crocodiles à l’évocation de l’islamité du tueur : « Même en ayant perdu le contrôle d’eux-mêmes, même instables ou sous l’emprise d’un coup de folie, ils sont d’abord, toujours et avant tout musulmans, radicalisés et terroristes… », déplore-t-il.



Il y a du Michel Foucault chez Tariq Ramadan ; le fou est avant tout une victime, un malheureux réprouvé que nous ne daignons comprendre. Aussi, enjoint-il ses lecteurs à témoigner leur sympathie « aux familles de toutes les victimes […] Même la famille de cet homme [Mickaël Harpon, NDLR] qui a perdu la raison et dont on a commencé à salir la mémoire aujourd’hui. » Pour l’islamologue, c’est entendu, l’abjection n’est pas du côté du tueur. 

Une course à l'indignité 

Celui qui s’est toujours défendu de toute appartenance à la confrérie de son grand-père en a pourtant adopté les codes. Notamment en usant de la rhétorique d’inversion, ici en faisant passer le bourreau pour une victime. Mais dans cette course à l’indignité, « le professeur » comme aiment à l’appeler ses sectateurs, a un sérieux concurrent en la personne d’Hadama Traoré.

Cofondateur de La Révolution est en marche (LRREM), mouvement politique visant à porter la voix des banlieues, M. Traoré appelle à une mobilisation jeudi devant la mairie de Gonesse, ville du Val d’Oise d’où est originaire Mickaël Harpon, afin de « sensibiliser la population sur la désinformation médiatique et politique » dans cette affaire.



Un complot contre l'islam et les musulmans

Dans un communiqué publié sur Facebook, le militant associatif explique que cette tuerie est liée à la surdité de Mickaël Harpon ainsi qu'au manque de considération de sa hiérarchie : « Le fait d'être méprisé à cause de sa situation de handicap a fait qui l'a pété les plombs ». Un texte qu’il conclut toute honte bue en appelant à ne pas stigmatiser l’islam et en adressant « une pensée à cinq victimes de l’institution policière. »

À partir de 13 heures jeudi, Hadama Traoré sera donc devant l’hôtel de ville de Gonesse pour prouver que les médias – « qui sont la honte de notre pays » (sic) – fomentent en réalité un complot contre l’islam et les musulmans. Une thèse qu'il martèle dans une vidéo publiée il y a deux jours sur Youtube. 

En 2014, tandis qu’il se présentait aux élections européennes au nom des banlieues, Hadama Traoré avait reçu une couverture médiatique dithyrambique. Mais aujourd'hui, le parangon de vertu a cédé sa place au militant extrémiste. Comme naguère avec Tariq Ramadan, le voile de l'imposture finit toujours par tomber.
Victor-Isaac Anne