Il était attendu que la grande parade militaire organisée à Pékin pour le 70e anniversaire de la République populaire de Chine allait être l’occasion pour l’Armée populaire de libération [APL] de lever le voile sur ses nouveaux équipements. Ce qui a été effectivement le cas.
Ainsi, le missile balistique intercontinental DF-41 [« Vent d’Est 41 »] a été présenté pour la première fois. D’une portée de 14.000 km [ce qui met l’ensemble du territoire américain à distance de tir], il a la particularité d’être lancé depuis une plateforme mobile. À propulsion solide, il est mirvé, c’est à dire qu’il est en mesure d’emporter plusieurs têtes nucléaires pouvant frapper différentes cibles. En 2017, Pékin avait annoncé qu’il équipait déjà deux brigades, une basée dans la province de Heilongjiang et l’autre dans celle du Xinjiang.
Dans le même domaine, l’APL a aussi dévoilé le missile balistique mer-sol JL-2 [« Vague géante 2 »], destiné à être embarqué à bord des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la classe Jin [Type 094]. Également mirvé, il aurait une portée supérieure à 13.000 km.
Toujours au chapitre des forces stratégiques, une nouvelle version du bombardier Xian H-6 participé au défilé. La nouveauté est que cet appareil est désormais ravitaillable en vol.
On savait que la Chine développait des armes hypersoniques… Désormais, il n’y a plus guère de place au doute étant donné que le missile DF-17, conçu pour porter un planeur capable de voler à plus de 5.000 km/h a été présenté.
À noter que les missiles de courte et de moyenne portée, tels les DF-11, DF-15, DF-16 et DF-21 [le « tueur » de porte-avions, ndlr], n’ont pas été de sortie, l’accent étant mis par l’APL sur ses capacités de frappe à [très] longue distance. Sans doute faut-il y voir un message adressé aux États-Unis.
Justement, s’agissant des armes « tueuses de porte-avions », qui sont la hantise de la marine américaine, l’APL a présenté le DF-100, un nouveau missile hypersonique anti-navire.
Les drones chinois devraient jouer un rôle clé pour tenter de neutraliser les groupes aéronavals américains. Et, à ce sujet, des responsables militaires confièrent qu’il était question d’embarquer le drone de combat Lijian à bord du porte-avions de type 001A, le second de l’APL, actuellement en phase d’essais. Et cela, afin de réaliser des vols de reconnaissance.
Seulement, cette annonce pouvait susciter légitimement des doutes : le porte-avions de type 001A ne disposant pas de catapultes, faire décoller un drone de son pont d’envol paraissait compliqué, d’autant plus qu’aucune information sur d’éventuels essais menés à cette fin n’avait jusqu’à présent filtré.
Quoi qu’il en soit, le Lijian n’a pas été présenté lors de ce défilé. En tout cas, pas sous ce nom. En effet, l’APL a dévoilé le GJ-11 [Gongji-11, voir photo ci-dessus] qui en est probablement une émulation.
Selon le ministère chinois de la Défense, cet appareil, qui ressemble au démonstrateur américain X-47B, est un drone « capable d’attaquer des cibles stratégiques sans être détecté ». Quant à savoir s’il est déjà opérationnel, le général Tan Min, qui a organisé cette parade militairen y a répondu. « Toutes les armes exposées lors du défilé sont en service », a-t-il dit.
Et cela vaut donc aussi pour un autre type de drone : le Wuzhen 8 [WZ-8 ou DR-8]. Les photograpies de cet appareil diffusées via les réseaux sociaux avant la parade de ce 1er octobre suggéraient qu’il s’agissait d’un engin inspiré du D-21B « Tagboard », développé par les États-Unis dans les années 1960 pour espionner le programme nucléaire chinois.
Pour rappel, le D-21B « Tagboard », dont l’utisation n’a pas été un franc succès, était un drone imaginé par Lockheed pouvant voler à la vitesse de Mach 3,3 après avoir été libéré d’un avion porteur. Et c’est exactement le concept retenu pour le Wuzhen 8, décrit comme un appareil de reconnaissance.
Le programme D-21B avait été abandonné parce que les responsables américains considéraient qu’il était moins efficace que les satellites d’observation. Ironie du sort, le Wuzhen 8 a été conçu parce que l’état-major chinois estiment… le contraire.
« Le drone pourra fournir des données plus fiables que les satellites. Son principal avantage est qu’il peut collecter efficacement des informations en temps réel de manière contrôlable par rapport à d’autres plates-formes telles que les satellites », a fait valoir un analyste militaire chinois dans les colonnes du journal officiel Global Times.
« Un satellite ne peut prendre des images que lorsqu’il est au-dessus de la cible […] alors qu’un drone de reconnaissance supersonique évoluant à haute altitude n’aura pas ce problème. Il pourra effectuer efficacement des missions de reconnaissance et communiquer les données aux forces chinoises au moment opportun pour déclencher une frappe », a expliqué cet analyste.