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lundi 30 septembre 2019

Les jihadistes somaliens ont visé un convoi d’une mission militaire européenne et une base américaine


Le 1er octobre 2018, à Mogadiscio, un convoi italien de la mission militaire européenne en Somalie [EUTM Somalia] était visé par une attaque à la voiture piégée, revendiquée par les shebab somaliens, des jihadistes liés à al-Qaïda. Et il vient de se passer exactement la même jour, quasiment un an plus tard.

En effet, ce 30 septembre, un véhicule chargé d’explosifs [VBIED] a heurté un convoi de conseillers militaires italiens de l’EUTM-S, lequel circulait alors sur la route reliant Jaale à Siyaad, après avoir quitte la zone verte de Mogadiscio pour se rendre au ministère somalien de la Défense.

« Une voiture piégée a visé des conseillers militaires de l’UE […]. Un véhicule bourré d’explosifs a été projeté sur le convoi de véhicules et il y a des victimes », a en effet affirmé Omar Abikar, un responsable sécuritaire, auprès de l’AFP.

Cependant, d’après l’EUTM-S, et comme l’an passé, aucun militaire transalpin n’a été touché par l’explosion. Deux Veicolo Tattico Leggero Multiruolo [VLTM] Lince, qui offrent une protection de niveau 3 du STANAG 4569 Otan, ont toutefois été endommagés. Ce qu’a confirmé le ministère italien de la Défense.

On ignore si ce convoi militaire a été visé par les shebabs en raison de son appartenance à l’EUTM-S ou de sa nationalité, étant donné que la Somalie fut autrefois une colonie italienne.

Pour rappel, l’EUTM-S est présente en Somalie en vertu de la résolution n°1872 des Nations unies. Outre l’Italie, qui constitue le gros des troupes, l’Espagne, la Finlande, le Royaume-Uni, le Portugal, la Roumanie et la Serbie y contribuent.

Il y a dix jours, le chef des shebabs, Ahmed Diriye [alias Umar Abu Ubaidah], a justement diffusé un message audio pour dénoncer la « colonalisation » de la Somalie. « Il semble y avoir une accélération dans l’invasion menée par les États-Unis et la Grande-Bretagne, l’hostilité des chrétiens à l’égard de la société musulmane a augmenté, une hostilité qui a conduit le pays dans les mains des colonisateurs », a-t-il dit. Et d’ajouter : « L’objectif de cette hostilité est de piller les puits de pétrole du pays et les autres ressources naturelles, dont les poissons, et de donner nos océans au Kenya et à l’Éthiopie. »

Le chef des shebab a surtout évoqué le différend qui oppose le Kenya et la Somalie au sujet d’une zone maritime de 100.000 km², potentiellement riche en hydrocarbures et pour laquelle Nairobi a déjà accord trois permis d’exploitation pétrolière aux compagnies Total [France], Anadarko Petroleum [|États-Unis] et ENI SpA [Italie]. La Cour internationale de justice a été saisie.

Cela étant, pendant que le convoi italien de l’EUTM-S était visé, une base utilisée par les forces américaines à Baledogle, à une centaine de kilomètres au nord-ouest Mogadiscio, a été visé par une « attaque complexe » lancée par les shebab.

Ces derniers ont utilisé deux véhicules Toyota tranformés en VBIED pour forcer l’entrée dans la base, ce qui permis ensuite à leurs combattants de donner l’assaut.

« Tôt ce matin, une unité d’élite de la brigade des martyrs shebab a mené un raid audacieux contre l’aéroport militaire américain de Baledogle […]. Après avoir franchi le périmètre de sécurité de cette base fortement sécurisée, les moujahidines ont pris d’assaut le complexe militaire et combattu férocement les croisés », ont ainsi expliqué les shebabs, dans le communiqué revendiquant cette action.

Le commandement américain pour l’Afrique [US Africom] a dit qu’il était au fait de la situation. « Nous aurons plus d’informations dès que nous pourrons confirmer les faits sur le terrain », a-t-il fait assuré auprès du site Stripes.

« Deux fortes explosions ont eu lieu, la première plus forte que l’autre. Il y a eu de lourds échanges de coups de feu après les explosions, mais n’avons pas de détails sur ce qui se passe », a déclaré un notable local, sollicité par l’AFP.

La base de Baledogle a vu ses installations aéronautiques récemment modernisées et agrandies. Outre des forces américaines, elle abrite les commandos somaliens de la brigade Danab, dont les effectifs devraient être portés à 3.000 hommes prochainement.

Dans son dernier rapport sur la situation en Somalie, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a fait état de « conditions de sécurité restées instables », avec pas moins de 228 incidents constatés entre le 5 mai et le 3 juin [mois de ramadan]. Et le nombre de frappes aériennes, effectuées par les forces américaines contre les shebabs et les militants de l’État islamique dans le pays, a baissé durant la période considérée. « Tentant d’atténuer cette menace, les Shebab auraient déployé davantage de personnel dans les zones urbaines », a-t-il expliqué. Au moins une cinquantaire de raids auraient toutefois été menés depuis le début de cette année.

Par ailleurs, sur le front diplomatique, la lutte contre les shebabs est… compliquée. Fin août, six pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies [dont la France, l’Allemagne, la Belgique, la Pologne, le Koweït et les États-Unis] ont bloqué un amendement de la résolution 1267 qui, défendu par le Kenya, visait à inscrire les jihadistes somaliens sur la liste des organisations terroristes. Et cela, a-t-il été expliqué, pour éviter de priver d’aide humanitaire les civils somaliens vivant des zones dominées par les shebabs.