En 2014, Dassault Aviation s’était félicité d’avoir réalisé une première mondiale, en faisant évoluer le démonstrateur de drone de combat nEUROn aux côtés d’un Rafale et d’un Falcon 8X. Cinq ans plus tard, le ministère russe de la Défense a annoncé qu’il venait d’accomplir un « exploit » du même ordre.
En effet, quelques semaines après avoir effectué son vol inaugural, les autorités militaires russes ont indiqué que le drone de combat Su-70 Okhotnik-B, alors en mode automatique, a évolué en formation avec un avion de 5e génération Su-57 « Frazor » pendant une trentaine de minutes.
Selon les explications données par Moscou, le Su-70 Okhotnik-B doit permettre « d’élargir le champ radar » de l’avion de combat qu’il accompagne. En clair, sa tâche est de désigner des cibles au Su-57 afin de lui permettre d’utiliser ses missiles à longue portée sans avoir à pénétrer dans une zone potentiellement dangereuse.
L’US Navy avait imaginé un tel concept dans le cadre de son programme UCLASS [Unmanned Carrier-Launched Surveillance and Strike], pour lequel le démonstrateur de drone de combat X-47B avait été développé par Northrop-Grumman. Mais, considérant que le F-35C avait été justement mis au point pour évoluer dans des environnements contestés grâce à sa furtivité, elle a finalement décidé de se doter de drones ayant la capacité de ravitailler des aéronefs en vol.
En tout cas, ce vol répond aux interrogations suscitées il y a quelques mois, quand des photographies montrant la silhouette d’un Okhotnik peinte sur la dérive d’un Su-57 avaient été diffusées via les réseaux sociaux.
Les essais du drone Okhotnik-B semblent être menés au pas de charge. Lors de son premier essai, dont les images furent diffusées en août dernier, il n’avait fait que quelques tours de pistes, en volant jusqu’à 600 mètres d’altitude. Il a été avancé, lors du salon MAKS 2019, que les premiers exemplaires de cet appareils seraient livrés aux forces aérospatiales russes en 2025.
Selon les données disponibles, le Su-70 serait un drone imposant, avec une envergure de 20 mètres pour une longueur de 14 mètres. D’une masse au décollage de 20 tonnes, il devrait voler à la vitesse de 1.000 km/h pour un distance franchissable de 6.000 km. Et il serait en mesure d’emporter jusqu’à 2,8 tonnes d’armement dans ses deux soutes internes.
Selon le ministère russe de la Défense l’Okhotnik-B serait « furtif ». Mais, pour le moment, cette capacité est a priori amoindrie étant donné que la tuyère de son turboréacteur à double flux Saturn AL-31 reste visible, contrairement au nEUROn et au X-47B [pour le Lijian chinois, c’est difficile à dire… faute de photographies nettes de cette appareil, ndlr].