La portée du Burevestnik est au moins 10 fois plus élevée que le missile de croisière Tomahawk américain. Cela permet à la Russie de contourner les zones de défense AA et de frapper n’importe quelle cible dans le monde. Les tests de Burevestnik ont lieu au polygone Nionoksa dans la région d’Arkhangelsk. Le lancement du missile 9М730 à partir de la rampe se fait avec un moteur à combustible solide, ensuite la propulsion du moteur est obtenue au cours du vol. En théorie, le moteur nucléaire est simple, à proximité des statoréacteurs, sans pièces en mouvement, et sans besoin de grands réservoirs de carburant. L’air pénètre dans le dispositif d’admission du missile de croisière, arrive au réacteur nucléaire et est chauffé à une température d’environ 1400-1600 ° C, puis ressort par la buse et propulse le véhicule. Les avantages de l’utilisation de ce type de missile sont cependant éclipsés par les risques qu’ils peuvent poser, car il y a une possibilité de fissuration en vol et de rupture de l’isolation du réacteur. Il y a un décalage entre les déclarations faites aux médias par des sources dans le renseignement américain et la demande impérative faite à la Russie. Ce n’est que si la Russie avait réussi ses tests sur le missile Burevestnik que l’ambassadrice des États-Unis à L’OTAN pourrait communiquer que les États-Unis feront tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher le développement ultérieur du programme.
Quatre jours après l’explosion à caractère nucléaire ayant fait au moins cinq morts sur une base du Grand Nord, les autorités russes ont reconnu ce lundi 11 août que l’accident était lié aux tests de « nouveaux armements », promettant de les mener « jusqu’au bout ».
Des experts américains ont estimé que l’accident pourrait être lié aux tests du missile de croisière « Bourevestnik », l’une des nouvelles armes « invincibles » vantées par le président Vladimir Poutine en début d’année.
Sans être aussi précise, l’agence nucléaire russe a assuré lundi, en célébrant la mémoire des cinq membres de son personnel tués, vouloir « continuer le travail sur les nouveaux types d’armes, qui sera dans tous les cas poursuivi jusqu’au bout ».
« Nous remplirons les devoirs que nous a confiés notre Patrie. Sa sécurité sera entièrement assurée », a ajouté le patron de Rosatom, Alexeï Likhatchev, cité par les agences de presse russes. L’armée avait auparavant annoncé la mort de deux « spécialistes », sans que l’on sache s’ils sont inclus dans les cinq morts évoqués par l’agence nucléaire russe.
Trois autres personnes ont été blessées dans l’accident survenu jeudi 8 août, victimes de brûlures, selon Rosatom. D’après l’agence nucléaire, les spécialistes fournissaient de l’ingénierie et du support technique pour « la source d’énergie isotopique » du moteur du missile à l’origine de l’explosion, qui s’est produite sur une « plateforme maritime » et qui a jeté plusieurs employés à la mer.
Immédiatement après l’accident, le ministère de la Défense avait seulement déclaré que les faits s’étaient produits au cours de l’essai d’un « moteur-fusée à ergols liquides », mais n’avait pas décrit l’accident comme impliquant du combustible nucléaire. Il avait alors assuré qu’il « n’y a pas eu de contamination radioactive », mais la mairie d’une ville située près de la base avait dit avoir « enregistré une brève hausse de la radioactivité » avant de retirer sa publication.
Le président russe avait fait sensation l’année dernière puis début 2019 en présentant la nouvelle génération de missiles développés par son pays, « invincibles », « indétectables » ou « hypersoniques ». Il a menacé de déployer ces nouvelles armes pour viser les « centres de décision » dans les pays occidentaux.
Des experts ont lié l’accident de jeudi aux tests de l’une de ces nouvelles armes : le « Bourevestnik » (« oiseau de tempête » en russe), missile à propulsion nucléaire dévoilé en grande pompe par Vladimir Poutine en février, mais pas encore au point selon les spécialistes. D’une « portée illimitée » selon le président, il serait capable de surmonter quasiment tous les systèmes d’interception.
La base où s’est produit l’accident de jeudi, ouverte en 1954 et spécialisée dans les essais de missiles de la flotte russe, notamment des missiles balistiques, est située près du village de Nionoska, dans le Grand Nord. La ville fermée de Sarov, qui accueille le principal centre de recherches nucléaires russe, a décrété dimanche 11 août une journée de deuil et les cinq spécialistes tués seront décorés à titre posthume après leurs funérailles lundi.
« Ils ont pris une double responsabilité : dans le développement de technologies et d’équipements uniques et en prenant le risque physique d’effectuer des tests uniques », a déclaré lors de la cérémonie Sergueï Kirienko, membre de l’administration présidentielle et ancien patron de Rosatom, saluant de « vrais héros ». Connu sous le nom de code « Arzamas-16 » durant la Guerre froide, le centre de Sarov est à l’origine des premières armes nucléaires de l’Union soviétique.