mardi 9 juillet 2019
Condamnation d'un ex-policier ayant eu des liens avec Daesh
Un ancien gardien de la paix a été condamné à Paris à six ans d'emprisonnement, pour avoir notamment adhéré à la cause djihadiste entre 2014 et 2016 et cherché des noms de personnes radicalisées dans des fichiers de police.
Le 9 juillet, le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Mamadou N'Diaye, un ancien gardien de la paix de 47 ans, coupable d'association de malfaiteurs à visée terroriste et d'escroquerie. Il a été condamné à six ans d'emprisonnement et incarcéré. Sa peine a été assortie d'une période de sûreté de moitié.
L'ancien policier a été condamné notamment pour avoir partagé l'idéologie de l'organisation terroriste Etat islamique (EI) entre 2014 et 2016 avec son frère radicalisé, en regardant des vidéos et suivant des djihadistes sur les réseaux sociaux, cautionné l'attentat contre un couple de policiers à Magnanville en 2016, activé avec ce frère un compte Twitter pour un cadre français de l'EI, Salah-Eddine Gourmat, et consulté dans des fichiers de police les fiches de personnes poursuivies pour terrorisme.
Cet ancien gardien de la paix au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), depuis révoqué, avait été interpellé en juin 2017 dans son commissariat et placé sous contrôle judiciaire.
Devenu chauffeur VTC, il avait comparu libre au cours du procès qui s'était tenu sur trois demi-journées fin juin.
La présidente Isabelle Prévost-Desprez a estimé qu'il avait porté «une atteinte grave» au travail de la police et à la «confiance» des Français envers les forces de l'ordre.
Ce policier aux bons états de service affecté à la brigade des accidents et délits routiers était notamment intervenu sur les lieux du meurtre d'Aurélie Châtelain, tuée à Villejuif en 2015 sur fond de projet d'attentat avorté, et s'était même porté volontaire en cas de besoin après les attentats parisiens du 13 novembre 2015, un «comportement pouvant être considéré comme inquiétant», selon le tribunal.
Son avocat, Gabriel Dumenil, a fustigé une justice rendue «pour l'exemple» et annoncé qu'il allait faire appel et demander sa libération. Mamadou N'Diaye, qui était jusqu'alors sous contrôle judiciaire, «a pu s'amender, a pu changer», a-t-il souligné, ajoutant : «C'est une catastrophe pour lui et pour la société.»
A l'audience, Mamadou N'Diaye avait expliqué avoir été à la fois un adepte de l'EI et un bon policier, impliqué mais dépressif à la suite d'une rupture. Un «dédoublement de personnalité» jugé «fantaisiste» par le tribunal. Il avait aussi affirmé avoir abandonné cette idéologie au moment où son frère a été interpellé, en 2016. Mais un contact avec un djihadiste en 2017 «démontre le contraire», selon les juges.
Trois autres hommes, détenus, ont été condamnés dans le cadre de ce procès, celui selon le tribunal d'une «cellule terroriste», constituée à divers degrés autour de Salah-Eddine Gourmat, un cadre de Daesh en Syrie tué fin 2016 par une frappe de drone américaine.