mercredi 26 juin 2019
La radicalisation dans les services publics français : plusieurs secteurs épinglés
Pendant plusieurs mois, une mission d'information parlementaire s'est penchée sur la radicalisation au sein des services publics. Un travail synthétisé dans un rapport qui pointe notamment des «dérives communautaristes» dans la fonction publique...
Rédigé par les députés Éric Diard (LR) et Éric Poulliat (LREM), un rapport consacré au phénomène de radicalisation dans les services publics a été décortiqué par plusieurs médias dans un contexte post-attentat pour le moins sensible. «Les zones d'ombre inquiétantes du service public», titre par exemple France inter ou encore «Islamisme dans les services publics : le rapport choc», informe Le Figaro. Moins exalté, Le Monde annonce de son côté «un rapport dress[ant] un constat mesuré», mais ne tarde pas à évoquer les dérives «communautaristes» et des «tentatives d’infiltration» dans certains secteurs du service public. Enfin, Eric Diard, un des deux auteurs du rapport, se confie pour sa part au Parisien, insistant sur «un phénomène de plus en plus prégnant»...
Parmi les points sensibles relevés dans les premières analyses du texte, figure notamment la question du communautarisme dans le secteur des transports publics. Le rapport évoque ainsi l'existence d'«un taux d’incompatibilité» s'élevant à 1,35 % au sein de la SNCF et de la RATP, comme l'explique Le Monde après avoir mentionné le travail du service national des enquêtes administratives de sécurité (SNEAS). Celui-ci est chargé depuis 2017 d'enquêter sur les recrutements ou les mutations de certains agents de la fonction publique, notamment pour s'assurer «que le comportement des personnes physiques ou morales intéressées n’est pas incompatible avec l’exercice des fonctions ou des missions envisagées».
«Les auteurs du rapport pointent l'absence d'enquête administrative concernant certains métiers de la maintenance [au sein de la RATP]», note de son côté France inter, avant d'expliquer que l'entreprise devait «faire face à l'obligation de reclassement des employés signalés». En outre, selon le même article, quelque 80 salariés du groupe Aéroports de Paris (ADP) basés à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle feraient l'objet d'un suivi régulier pour radicalisation, et 29 d'un suivi ponctuel.
Certains sportifs refusent de s’incliner devant leur adversaire au motif qu’on ne s’incline que devant Allah
Egalement épinglé par le rapport, le secteur des sports. «12,5% des personnes suivies pour radicalisation islamiste sont connues pour pratiquer une activité physique et sportive», explique un ancien sous-officier de gendarmerie auditionné dans le cadre du rapport. Selon le journal Le Monde, le rapport pointe «des "zones d’ombre" [...] dans le sport et l’enseignement supérieur, où ils observent des dérives "communautaristes" et des "tentatives d’infiltration"» qui seraient mal évaluées par les institutions.
Cités par Le Figaro, les rapporteurs de la mission d’information de l’Assemblée nationale mettent en effet en garde contre une radicalisation «mal contrôlée» dans le domaine sportif. «La radicalisation islamiste dans le cadre de la pratique sportive est susceptible de revêtir diverses formes [...] de la prière collective dans les vestiaires [...] à la nourriture exclusivement halal et à l’obligation du port du caleçon dans la douche. Certains individus refusent de s’incliner devant leur adversaire au motif qu’on ne s’incline que devant Allah», précise le texte avant d'ajouter : «Certains clubs ne sont pas ouverts aux femmes ou bien celles-ci ne peuvent s’y entraîner en même temps que les hommes.»
Le document d'une centaine de pages évoque par ailleurs le milieu carcéral où «la radicalisation de certains gardiens est plus taboue», selon France inter. Le phénomène serait «limité et contrôlé» dans d'autres secteurs. Selon Le Monde, le rapport évoque par exemple un taux de «0,05 % de cas de suspicion de radicalisation dans l’armée de terre» et seulement «une trentaine de personnes suivies au sein de la police et de la gendarmerie [...] sur 130 000 gendarmes et 150 000 policiers». Et le quotidien de poursuivre : «La radicalisation est aussi "très rare" au sein de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et "semble très peu toucher" le monde des sapeurs-pompiers comme celui des affaires étrangères et des surveillants pénitentiaires (moins de dix cas sur 41 000 personnes).»