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jeudi 6 juin 2019

Barkane a mis une dizaine de jihadistes hors de combat à Ndaki, dans le Gourma malien


Ministère des Armées


Entre le 23 mai et le 1er juin, les Forces armées maliennes [FAMa] ont conduit une « vaste » opération dans la région du Gourma, dont le sud est frontalier avec le Burkina Faso et où la présence de groupes armés terroristes [GAT] est avérée.

Ainsi, deux sous-groupements tactiques des FAMa ont été engagés, ce qui a représenté « 15 pick-up, une centaine de combattants et près d’une dizaine de véhicules logistiques », précise l’État-major des armées [EMA], à Paris. Et ce dernier de souligner que cette opération a été menée en « autonomie complète », c’est à dire sans l’appui de la force française Barkhane.

Les soldats maliens ont ainsi effectué plusieurs missions de « reconnaissances offensives » sur la Route Nationale 16, en direction de Douentza, avec l’objectif de sécuriser cet axe tout en montrant affichant leur présence auprès de la population. En outre, des « reconnaissances d’opportunité » ont été assurées dans les villes d’Agoffou, Ouami, Boubanki, Ngalamane et N’Daki, avec l’idée de désorganiser les réseaux logistiques des GAT « installés dans cs zones refuge ».

« Cette opération en autonomie complète, a permis aux FAMa de montrer l’ensemble de leur savoir-faire dans la conduite d’une opération majeure en zone d’insécurité. Elle a également permis la saisie de ressources entrant dans la composition d’engins explosifs improvisés », fait valoir l’EMA.

Cela étant, le 31 mai, la force Barkhane est intervenue dans la même région, où sont présents les groupes « État islamique dans le grand Sahara [EIGS] et Ansarul Islam.

« À la suite d’une manœuvre de recherche, une opération aéroterrestre a été conçue et exécutée en un temps record par la force Barkhane, mettant hors de combat un groupe armé terroriste dans la région du Gourma au Mali », a en effet indiqué l’EMA.

Tout a commencé en fin de matinée, quand un groupe d’une quinzaine d’hommes armés ont été repérés lors d’une « manoeuvre de renseignement » dans la région de Ndaki, c’est à dire entre la RN16 et la frontière avec le Burkina Faso.

Le caractère « terroriste » de ces hommes armés ayant été confirmé, une action a été décidée. À peine une heure après en avoir défini les modalités, une patrouille de Mirage 2000 a effectué une frappe aérienne sur la position de ce GAT, puis des hélicoptères de manoeuvre y ont déposé des groupes commandos pour en reconnaître la zone.

« Une quantité importante de ressources est saisie, dont plusieurs motos et de l’armement individuel. Une dizaine de terroristes a été mise hors de combat », assure l’État-major des armées, pour qui cette « opération d’opportunité menée au coeur du Gourma […] souligne la réactivité de l’opération Barkhane et sa capacité à agir sur très court préavis. »

Ce n’est pas la première fois que la force Barkhane intervient dans la région de Ndaki, considérée comme étant le fief de la katiba al-Mansour Ag al-Kassam, affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et comme étant aussi une zone de repli pour l’EIGS.

Le 16 octobre 2018, les militaires français étaient en effet intervenus en appui de deux sections maliennes, alors sévèrement accrochées par une cinquantaine de jihadistes. Des frappes furent effectuées par des Mirage 2000 et des hélicoptères d’attaque Tigre [par ailleurs visés par des tirs d’armes légères et de roquettes RPG] et deux groupes de commandos de montagne furent engagés.

Le Groupement tactique « Richelieu » a mené une « opération majeure » au Burkina Faso

Le Burkina Faso est considéré comme étant le maillon faible de la lutte contre les groupes armés terroristes [GAT] qui sévissent dans la bande sahélo-saharienne [BSS]. Le nord et l’est de ce pays sont en effet régulièrement visés par des attaques jihadistes, auxquelles viennent s’ajouter des tentions intercommunautaires. Et ses forces armées, désorganisées après le départ du président Blaise Compaoré, en octobre 2014, peinent à y faire face.

Le risque est donc de voir les groupes jihadistes, dont l’État islamique dans le Grand Sahara [EIGS], s’y implanter durablement, ce qui leur permettrait éventuellement d’étendre leurs opérations vers d’autres pays, comme la Côte d’Ivoire, le Ghana ou encore, comme l’a montré l’actualité récente, le Bénin, tout en contrôlant les couloirs de trafics [armes, drogue, ivoire, braconnage].

En octobre dernier, et à la demande des autorités burkinabè, la force française Barkhane a été contrainte d’intervenir à au moins deux reprises, avec une frappe aérienne réalisée par des Mirage 2000 contre une colonne jihadiste dans le secteur d’Inata, puis à l’occasion d’une opération menée dans la forêt de Pama.

En décembre, la France et le Burkina Faso, qui accueille la Task Force Sabre [forces spéciales françaises] sur son sol, ont signé un accord intergouvernemental visant à « améliorer le cadre juridique de la coopération » entre les forces françaises et burkinabè « dans le plein respect de la souveraineté de chacun. »

C’est dans le cadre de cet accord que le Groupement tactique désert [GT-D] « Richelieu » de la force Barkhane, armé principalement par le 2e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa], a été engagé dans une « opération majeure » conduite au Burkina Faso, afin d’y « mener des actions coordonnées » en partenariat avec les forces armées burkinabè [FANBF] contre les groupes terroristes.

Selon l’État-major des armées [EMA], cet engagement de Barkhane au Burkina Faso a été une « première depuis la signature de l’accord SOFA de décembre 2018. »

Ainsi, du 20 mai au 3 juin, 450 militaires français ont été engagés, depuis Gao [Mali] dans le nord du Burkina Faso, aux côtés du 11e Régiment d’Infanterie Commando [RIC] des FANBF. Cette opération, précise l’EMA, a mobilisé une centaine de véhicules ainsi que « différentes composantes de la force Barkhane », dont des aéronefs et des groupes commandos.

Pendant près de deux semaines, le GT-D « Richelieu » et le 11e RIC ont quadrillé leur zone de déploiement en procédant à des reconnaissances d’axes, à des fouilles d’habitation et au « ratissage minutieux de forêts », dans des conditions éprouvantes [45 à 50°c en pleine journée].

A priori, aucun « contact » avec les groupes terroristes n’a eu lieu. Du moins, l’EMA ne le précise pas dans son communiqué. En revanche, souligne-t-il, cette opération aurait permis d’amoindrir les « capacités logistiques de l’adversaire » ainsi que « ses moyens de communication et de déplacement. »

« Le GTD Richelieu a conduit une manœuvre dynamique qui a évolué au fil des jours par rapport aux réactions et à la manœuvre de l’adversaire, par rapport aux ressources saisies et par rapport aux renseignements fournis par les forces armées nationales burkinabées », a fait valoir le colonel commandant le GTD-1.

Mais, surtout, l’enjeu de cette opération était aussi de « valider le processus de partenariat militaire opérationnel engagé avec les FANBF dans le cadre de DIDASKO et de mesurer la qualité de l’accueil réservé par la population burkinabée aux forces de Barkhane. »