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jeudi 2 mai 2019

Le peuple votera sur les avions de combat


La défense aérienne ne sera plus assurée à l'horizon 2030 si la Suisse n'acquiert par de nouveaux avions de combat, soutiennent de nouvelles expertises (archives). © KEYSTONE/MARCEL BIERI



Le peuple devrait pouvoir trancher rapidement sur l'acquisition de nouveaux avions de combat, mais pas sur les moyens de défense sol-air. L'expert Claude Nicollier recommande de séparer les deux volets du projet à huit milliards de francs pour la défense aérienne.

La ministre de la défense Viola Amherd a dévoilé jeudi les résultats de plusieurs études. Elle les avait demandées pour se faire un tableau complet du dossier hérité de Guy Parmelin avant que le Conseil fédéral se penche à nouveau sur le dossier. Le gouvernement devrait trancher sur la forme des acquisitions avant l'été.

Chargé de donner un deuxième avis sur le rapport "Avenir de la défense aérienne", l'ex-astronaute et pilote militaire Claude Nicollier, le juge très bon. La cheffe de la défense doit le sanctionner comme base reconnue pour les travaux pour mettre fin à bon nombre de polémiques nuisibles.

En revanche, la voie politique choisie doit être revue. L'année dernière, le Conseil fédéral avait opté pour un arrêté de planification pouvant être combattu par référendum pour l’achat combiné de nouveaux jets et de moyens de défense sol-air de longue portée.

Bataille émotionnelle

Selon M.Nicollier, ce processus nouveau est judicieux pour l'avion de combat. Mais il est inutile de mêler un autre système d'armes à cette prochaine bataille qui ne concerne que l'avion et qui s'annonce "comme de coutume, bien plus émotionnelle que professionnelle". La votation sur le principe d'acquisition des jets devrait avoir lieu au second semestre 2020.

Le dossier est déjà en retard de quinze ans sur la planification initiale. Si le projet Air2030 ne peut être réalisé à l'horizon prévu, ce sera la fin de la défense aérienne et la police du ciel dès 2030, avertit l'astronaute. Le pays ne pouvant prendre un tel risque, il est temps de se limiter à l'essentiel et à ce qui est réalisable.

Cette conclusion rejoint l'avis de plusieurs partis bourgeois. En consultation, le PLR et le PDC avaient critiqué l'idée de lier dans un seul vote l'achat de jets et le renouvellement de la défense sol-air.

Fin de vie

Tous les moyens de défense aérienne arrivant en fin de vie, M.Nicollier soutient un renouvellement d'ensemble. Selon lui, il faut tendre à l'acquisition d'une quarantaine d'avions avec un retrait progressif des F/A-18 et des F-5 Tiger lors de l'acquisition du prochain jet. Le système de défense sol-air de longue portée pourrait couvrir environ 15'000 km2 (surface du Plateau suisse).

L'équilibre entre avions de combat et défense sol-air serait ainsi assuré. Cette solution est toutefois devisée par les experts à 9 milliards, et le Conseil fédéral a fixé un plafond de 8 milliards. Il faudra s'en approcher le plus possible.

Interrogée par la presse sur ses intentions, Mme Amherd a botté en touche. La conseillère fédérale a annoncé qu'elle s'en tiendrait au cadre financier donné, mais ne pouvait anticiper la décision du Conseil fédéral qui devrait tomber "dans les prochaines semaines".

Affaires compensatoires

Les affaires compensatoires sont un autre point sensible du dossier. Selon les exigences du Conseil fédéral, les entreprises étrangères avec lesquelles des contrats seront signés devront compenser 100% de la valeur des contrats par des affaires en Suisse.

Dans son rapport sur le sujet, l'ancien directeur du Contrôle fédéral des finances Kurt Grüter est sceptique sur un mécanisme qui enfreint le principe de la liberté du commerce et de l’industrie. Pour lui, les compensations ne doivent être utilisées que pour renforcer la base technologique et industrielle suisse et il est impossible de compenser intégralement un volume de 6 à 7 milliards.

Il serait plus réaliste de fixer à 20% les affaires compensatoires directes et à 40% les affaires compensatoires indirectes destinées à la technologie et à l’industrie de sécurité.

Le rapport coûts-utilité des affaires compensatoires est contesté, mais pas le fait qu'elles augmentent le prix des acquisitions. Il faut donc mieux les cibler, les surveiller et les contrôler. La durée des compensations devrait en outre être limitée.

Un rapport interne conforte Mme Amherd dans sa volonté d'avancer vite. Selon Pälvi Pulli, responsable de la politique de sécurité au Département de la défense, il confirme que la menace n'a pas reculé, bien au contraire. L'évolution négative de la situation internationale en matière de sécurité au cours des deux dernières années et les contraintes de temps liées aux projets d'acquisition rendent l'action d'autant plus urgente.

ATS