Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 20 mars 2019

Violences du 16 mars à Paris: Philippe Capon, donne sa version


On était en mesure d'intervenir, 
on ne nous a pas autorisés à le faire !

Dilettante et incapable; les 2 font la paire


L'exécutif fait payer à la Préfecture de police les violences du 16 mars à Paris. Pourtant, Philippe Capon, secrétaire général du syndicat Unsa-Police, déplore un dysfonctionnement : «C'est un choix, on a laissé casser un certain nombre de choses.»

Interrogé par France Info le 18 mars au sujet des violences commises deux jours plus tôt à Paris par des casseurs, en marge de l'acte 18 des Gilets jaunes, le secrétaire général du syndicat Unsa-Police Philippe Capon livre sa version des faits. L'origine du problème selon lui : «ceux qui n'ont pas donné les instructions» pour interpeller les casseurs. Il accuse en effet les donneurs d'ordre d'avoir «décidé que ça se passe comme ça».

Rappelant que les forces de l'ordre «n'agissent que sur ordre», Philippe Capon interpelle la population : «Quand on est en manifestation, quand devant nous à 50-100 mètres, des casseurs sont en train de tout casser, les policiers se disent "Pourquoi on n'intervient pas ?" Parce qu'ils n'ont pas les ordres d'intervenir, ça il faut que la population le sache.»

C'est un choix, on a laissé casser un certain nombre de choses

«C'est un choix, on a laissé casser un certain nombre de choses, je pense qu'il y a des responsabilités [...] On était en mesure d'intervenir, on ne nous a pas autorisés à le faire», analyse encore le syndicaliste, qui précise toutefois ne pas penser que le gouvernement ait «laissé faire les violences pour décrédibiliser le mouvement», selon les termes de la question posée par le média français.

Pour Philippe Capon, en effet, des services «concurrents [...] posent problème» et «il faut que tout ça puisse évoluer sur un commandement unique».

Le secrétaire général d'Unsa-Police conclut sur l'identité des auteurs de violence, les distinguant des manifestants lambda : «Le mouvement des Gilets jaunes s'est peut-être radicalisé, mais les casseurs profitent de l'opportunité de ce mouvement pour venir tout casser. Gilets jaunes ou autres, ils s'en foutent [...] On est quand même dans une escalade qu'on n'avait pas forcément connue de personnes qui veulent s'en prendre physiquement aux forces de l'ordre et qui n'ont pour moi rien à voir avec le mouvement des Gilets jaunes.»

«Entre les images du ski et de la boîte de nuit» : Macron furieux sur la gestion de l'acte 18



Christophe Castaner : 
la jeune femme qu'il a embrassée en boîte de nuit  le 9 mars 2019 est l'une de ses anciennes collaboratrices




«Soufflante générale» pour l'exécutif ? Selon Le Canard enchaîné, le président de la République aurait piqué une grosse colère et étrillé ses ministres après les dégradations commises par des casseurs à Paris en marge de l'acte 18 des Gilets jaunes.

«Incapables», «dilettantes»... A en croire les informations du Canard enchaîné publié ce 20 mars, Emmanuel Macron se serait emporté face à ses ministres le 16 mars après que d'importants dégâts matériels ont été infligés à l'avenue des Champs-Elysées à Paris en marge de la manifestation des Gilets jaunes.

«Selon ses proches, il était littéralement furibard», annonce le palmipède qui précise, sarcastique : «Pas seulement pour avoir été privé d'une journée de ski supplémentaire.» Le journal continue : «Le chef de l'Etat, déchaîné devant ses conseillers, s'en est pris à un peu tout le monde, aux "incapables", comme aux "dilettantes". A commencer par le Premier ministre et son copain de l'Intérieur.»

Le Canard enchaîné rapporte en effet les propos très durs qu'aurait supposément tenus Emmanuel Macron aussi bien à l'égard de ses équipes qu'à l'adresse du mouvement des Gilets jaunes, visiblement conscient du poids des mots et du choc des photos : «Entre les images du ski, celles de la boîte de nuit (dont Castaner a été le héros) et celles de Paris qui brûle, le choc des images est désastreux [...] Nous ne sommes plus face à un mouvement social, mais devant un mouvement de destruction sociale [...] Ce sont des bandes de voyous et de factieux.»

Gestion d'image désastreuse


Le Canard enchaîné


Selon les informations du Canard enchaîné, après avoir écouté les explications de son Premier ministre, de ses chefs de police et de ses ministres de l'Intérieur et de la Justice, Emmanuel Macron aurait lâché cette «soufflante générale» : «Vous n'avez rien d'autre à me proposer qu'un dispositif conçu en décembre que vous avez négligé d'appliquer aujourd'hui. Je vous conseille de vous mettre sérieusement au travail.»

Depuis cette «soufflante» consécutive aux débordements constaté le 16 mars à Paris, une nouvelle avait transpiré dans la presse dès le 17 mars faisant savoir que Christophe Castaner se serait sévèrement fait «remonter les bretelles» par le président de la République après l'acte 18, mais le ministre de l'Intérieur s'est visiblement senti obligé de démentir cette information au micro de France Inter le 19 mars : «J'ai échangé avec Emmanuel Macron samedi toute la journée, je l'ai vu samedi soir, j'ai échangé avec lui à plusieurs reprises dimanche, je l'ai encore vu hier. À aucun moment je ne me suis fait engueuler.»

Et d'assurer qu'à aucun moment, il n'avait envisagé sa démission. Même son de cloche pour Edouard Philippe qui a également affirmé sur France 2 le 18 mars que sa propre démission n'avait pas non plus été envisagée.

Les grands noms de la Préfecture de police de Paris, eux, ont été rayés et remplacés : le préfet Michel Delpuech a été limogé, ainsi que le Directeur de l'ordre public et de la circulation, Alain Gibelin et le Directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne, Frédéric Dupuch. Le directeur de cabinet du préfet Delpuech, le préfet Pierre Gaudin doit également quitter ses fonctions.

Devant les sénateurs le 19 mars, Christophe Castaner a expliqué que ces limogeages en cascade tenaient notamment à un «changement de doctrine d’usage des LBD [lanceurs de balles de défense]» qui aurait été décidé «au sein de la préfecture de Paris sans l'assentiment du gouvernement.»

Interrogé quelques heures plus tôt sur France Inter, le ministre de l'Intérieur avait assuré qu'il fallait «une nouvelle équipe managériale» à la tête de la police de la capitale pour appliquer des consignes de fermeté renforcées.

Des parlementaires du Sénat et de l'Assemblée nationale ont pour leur part estimé que les préfets et cadres supérieurs de la police parisienne remplacés avaient, à leur sens, servi de «fusibles». Le porte-parole de l'association policière UPNI, interrogé le 19 mars par RT France a livré une analyse similaire : «Le préfet Delpuech est la victime expiatoire de l'acte 18 des Gilets jaunes. Ce n'est qu'un fusible et son limogeage ne changera rien.» Et de préciser : «Quant au remplacement du DSPAP [Frédéric Dupuch], cela donne l'impression d'une chasse aux sorcières, doublée d'une mise au pas. [...] La destruction de la Préfecture de police de Paris est dans les tuyaux depuis de nombreuses années et plusieurs pouvoirs s'y sont essayés.»

En tout état de cause, l'acte 18 devrait quoi qu'il en soit avoir marqué un tournant dans la gestion du maintien de l'ordre et l'acte 19 des Gilets jaunes prévu le 23 mars pourrait être géré d'une façon différente par la hiérarchie policière. La doctrine en la matière pourrait ainsi évoluer vers une philosophie de contact avec des unités anticasseurs. Par ailleurs, des hypothèses telles qu'un système de marquage des manifestants, ou l'usage de drones, ont été évoquées. La sanctuarisation de certains secteurs de la capitale qui avait déjà été mise en place autour des lieux de pouvoir (Elysée, Matignon et Assemblée nationale, notamment) pourrait être étendue à d'autres zones de Paris, telles que l'avenue des Champs-Elysées.