Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 20 mars 2019

«Stabilo Due»: quand les médias français se moquait des scénarios de l'armée Suisse


Depuis 2012, l'armée suisse se prépare à une guerre civile en Europe
Quatre bataillons spécialisés ont été formés en Suisse ces derniers mois et sont désormais opérationnels, destinés à être déployés le long des frontières helvétiques en cas de soulèvement populaire dans les pays voisins, et pour anticiper les désordres sociaux qu’un afflux massif de réfugiés provoquerait. Sept drones (commandés à Israël), sont également affectés à la surveillance des frontières.


«La Suisse a mené en septembre 2012 des manœuvres militaires inédites. Vous savez que l'armée suisse est extrêmement puissante, même si c'est un pays neutre. Des manœuvres militaires pour se préparer à quoi? Pas forcément à une invasion de l'Union soviétique, la menace a disparu depuis plus de 20 ans, c'est terminé. Mais à ce qu'ils considèrent peut-être comme la menace du futur, le chaos social européen et plus particulièrement en France», rapporte l'émission «les décodeurs de l'éco» sur BFMTV. Et un éditorialiste de présenter la Suisse comme un petit pays en avance. De son côté, la chaîne américaine CNBC News écrit sur son site Internet, «avec des protestations anti-austérité en Europe, découlant de l'instabilité civile dans les rues d’Athènes et de Madrid, le pays européen, connu pour sa neutralité, prend des mesures de précaution inhabituelles.»

"Pour sa crédibilité, l'armée suisse devrait travailler aux menaces du XXIe siècle", a réagi Antoine Vielliard, conseiller général de Haute-Savoie, dans les colonnes du journal Matin Dimanche.

L'UE au cœur du scénario

Autant de propos, relayés sur plusieurs sites Internet et blogs. Ainsi, notre chère armée suisse, si souvent raillée, fait parler d'elle hors de ses frontières. Et se retrouve même prise très au sérieux. Mais quelle est l'origine de cet écho? Les forces de défense nationale conspireraient-elles dans le dos de leurs concitoyens?

Non. Comme le relève le quotidien fribourgeois La Liberté, à la base de ce bruit autour de l'armée suisse, se trouve un exercice-cadre d'état-major du nom de «Stabilo Due». Un exercice entrepris du 6 au 21 septembre avec 2000 militaires. Et qui repose «sur un scénario supposant l'instabilité d'une partie de l'Europe spécialement délimitée géographiquement pour l'occasion. La Suisse connaît également des troubles, des attentats et des actes de violence», écrit sur son site le Département fédéral de la défense.

Combien de temps est-ce que cela va encore être possible d’apaiser la crise avec de l'argent? La situation peut s'intensifier de manière dramatique. «Je n'exclus pas que nous ayons besoin de l'armée dans les prochaines années», a déclaré en septembre le ministre de la défense Ueli Maurer, devant un parterre d'officiers, comme le relaie la revue Schweizer Soldat, cité par le Sonntag.

Le quotidien alémanique, a dévoilé dans un article paru le 7 octobre, les détails de l'opération militaire suite au conflit imaginé entre Elbonia (au nord) et Danubia (au nord-est). Cette-fois ci, pas de noms précis. Pour ne pas heurter les sensibilités, l'armée a retenu la leçon de la polémique autour de la carte des pays constituant une menace pour la Suisse, établie en mars 2010 par le chef de l'armée André Blattmann. Sur cette dernière, figuraient la Grèce, l'Espagne, l'Italie, la France et le Portugal.

Cette précaution n'a pourtant pas empêché le scénario de faire parler de lui. Comme le révèle La Liberté, le porte-parole de l'armée suisse, Christoph Brunner, «croule depuis plusieurs jours sous les questions de journalistes canadiens, américains, italiens et français.» Et doit se justifier en boucle. «Stabilo Due n'a rien à faire avec l'effondrement de la zone euro ou un afflux de requérants d'asiles grecs ou espagnols en Suisse!»

Reste que les propos tenus par Ueli Maurer et que la carte établie il y a deux ans par André Blattmann montrent que l'armée prend au sérieux la menace pour la Suisse de troubles sociaux en Europe.

A tort ou à raison? Le quotidien fribourgeois a interrogé différentes personnalités politiques. Selon le conseiller aux Etats Jean-René Fournier (PDC/VS), «sur le fond, il est certes du devoir des responsables de la sécurité de planifier l'engagement de l'armée dans toutes les situations prévisibles, et l'instabilité en Europe en est une. Mais nous n'en sommes pas là, et nos voisins pourraient se sentir blessés.» Le conseiller national UDC, Yvan Perrin, pense au contraire que «si on veut être préparé au pire, il faut bien s'exercer». Et pour le démocrate du centre, nos voisins n'ont aucune raison de s'en offusquer.

Au contraire, du côté de la gauche, on pense que cet exercice est «une grande maladresse vis-à-vis de nos voisins» et que la Suisse «doit se trouver des ennemis», comme le relève le conseiller national jurassien Pierre-Alain Fridez (PS). Interviewé par CNBC, le vice-président des Verts, Joseph Lang, pense que l'armée utilise «les contestations sociales et l'instabilité en Europe» pour se donner «plus de crédibilité». Et peut-être aussi pour justifier l'augmentation de son budget. Comme le rappelle Sonntag, André Blattman prévoit de soumettre en décembre à Ueli Maurer, la création de quatre bataillons de policiers militaires soit, un total de 1600 hommes.

La Saônia, correspondant au Jura français, décide d'attaquer la Suisse à partir de trois points de passage, proches de Neuchâtel, Lausanne et Genève, selon une carte reproduite par "Le Matin Dimanche".


Les Suisses sont des gens prudents et raisonnés, assez peu réputés pour leur fantaisie ou leur paranoïa. Leur neutralité légendaire repose sur le fait qu’ils disposent d’une armée de 155.000 hommes et qu’ils sont capables, en cas de conflit, de mobiliser quasi instantanément l’ensemble de leur population masculine, laquelle est entraînée au combat puisqu’obligée d’effectuer périodiquement des sessions de formation militaire. Isolés de part leur neutralité, ils sont donc très pointilleux sur la question de leur propre sécurité, c’est pourquoi ils observent de près ce qui se passe chez les voisins, et pas question pour eux de se laisser prendre au dépourvu.

L’analyse de l'armée suisse est aussi clinique qu’inquiétante: les pays européens ne consacrent plus de budget suffisant à leur défense nationale et à leur police, et leurs moyens militaires comme de maintien de l’ordre sont désormais très nettement insuffisants en cas de soulèvement massif des populations. Des émeutes et affrontements généralisés – à caractère ethniques et communautaristes essentiellement, selon les prévisions suisses ne pourraient donc être contrôlés et maîtrisés par les États. Le chaos, l’anarchie, la misère et la faim s’installeraient, et les populations chercheraient massivement à émigrer… vers la tranquille Suisse voisine notamment.

Prévoyante, la marmotte Suisse est donc parée à cette éventualité incroyable d’une guerre civile sanglante et dévastatrice imminente au sein de l’Europe, tandis que dans le même temps les dirigeants et médias officiels des pays concernés (France, Espagne, Italie, Grèce et Portugal en tête) continuent de ne rien vouloir voir venir, de ne surtout rien envisager d’aussi apocalyptique. Tout cela n’est que science-fiction, ils sont gentils les Suisses mais ils délirent, dormez tranquilles citoyens européens, tout va bien et rien ne se passe !

On sait aussi qu’en l’absence de moyens de défense nationale efficace (armée et police), ne reste plus aux citoyens européens qu’à serrer les fesses et prier pour que le cauchemar ne se produise pas trop vite.

Quand on voit se qui arrive en France depuis plusieurs semaines/mois, on est en droit de se dire que l'armée Suisse fait de bonnes analyses...

PS: Vous ne verrez pas cette info sur TF1 ou ailleurs !

Egger Ph