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lundi 18 mars 2019

RUAG va redevenir l’armurier des soldats suisses


La Confédération va se séparer de tous les secteurs du groupe d'armement RUAG qui ne travaillent pas pour l'armée suisse. Le reste, dont l’aérospatial, sera privatisé et vendu.

La nouvelle tombée lundi matin était attendue. L’été dernier, le Conseil fédéral (gouvernement) a lancé un examen de la politique de gouvernance des entreprises proches de la Confédération. RUAG, privatisé en 1998, mais détenu à 100% par l’Etat, qui est à la fois son principal client, en fait évidemment partie.

Au fil des ans, l’ancienne fabrique d’armes et de munitions est devenue un véritable groupe technologique international, avec plus 8000 employés, dont plus de la moitié travaillent hors de Suisse, et qui réalise 55% de son chiffre d’affaires (de deux milliards de francs) dans les activités civiles.

«RUAG est devenu un groupe technologique international. Sa mission légale de couverture des besoins matériels de l’armée ne constitue aujourd’hui plus qu’une partie de ses activités», souligne le Conseil fédéral dans son communiqué. C’est pour anticiper l’évolution du groupe que le gouvernement a pris les décisions annoncées ce lundi.

RUAG compte cinq divisions, spécialisées dans l’aérospatial (celle qui a repris notamment Oerlikon Space et fabrique donc les coiffes des fusées Ariane et Vega), l’aviation civile et militaire, la fabrication de munitions de petit calibre, le développement de technologies métallurgiques et l’entretien des systèmes de défense.

Scindé en deux groupes

Dès janvier 2020, RUAG Holding deviendra une société de participation scindée en deux groupes dirigés séparément. MRO CH (environ 2500 collaborateurs, sites de production en Suisse) travaillera pour l’armée. RUAG International (environ 6500 collaborateurs, dont deux tiers à l’étranger) sera composé des autres secteurs d’activité.

La valeur de l'entreprise est estimée entre 500 et 700 millions de francs. La privatisation, qui pourrait intervenir dans les années qui suivent 2021, devrait se faire via une entrée en bourse. Rien n'a encore été décidé définitivement. Si cette stratégie ne fonctionne pas, une vente complète de tous les domaines de RUAG international pourrait être envisagée.

Création d’un groupe aérospatial

Une partie de l’argent issu des ventes sera réinvesti dans un nouveau groupe aérospatial, qui devrait être privatisé à terme. Faute de base légale, la Confédération ne peut pas détenir durablement de participation dans un groupe technologique de ce type. De plus, le Conseil fédéral n’y voit aucun intérêt public et les risques économiques pour la Confédération sont trop grands.

Le groupe Aerospace devrait se profiler dans un domaine en principe civil. L’idée de se concentrer uniquement sur le spatial (trop concentré aux Etats-Unis) ou l’aéronautique (trop dépendant d’Airbus) a été écartée pour le moment. Il s’agit de développer une entreprise attractive à caractère helvétique. Le savoir-faire technique restera en Suisse. RUAG soumettra cette année un plan de mise en œuvre.

Sécurité à améliorer

A la suite notamment de l'affaire CarPostal, de la cyberattaque chez Ruag et du vol de données chez Swisscom, le Conseil fédéral avait décidé le 8 juin 2018 de soumettre à un audit externe le pilotage des entreprises liées à la Confédération. Principal enjeu: séparer les flux financiers et les systèmes informatiques, afin d'accroître la sécurité.


La conférence de presse de Viola Ahmerdt, ministre de la Défense, sur l'avenir de RUAG (en allemand)




Marc-André Miserez